Réunis à la Maison de la Presse, plusieurs partis politiques maliens ont exprimé, samedi 26 avril 2025, leur profonde inquiétude face à la tournure que prennent les consultations sur la relecture de la Charte des partis politiques. Ils dénoncent notamment la marginalisation délibérée dont ils s’estiment victimes et interpellent directement le ministre délégué en charge des réformes politiques.
Mamani Nassiré : Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral
En lieu et place du meeting initialement prévu le même jour, c’est dans une atmosphère empreinte de colère que des leaders politiques tels que Me Mountaga Tall, Oumar Inbrahim Touré et Oumar Sidibé ont uni leurs voix. Leur principale exigence est le respect strict de la Constitution, du pluralisme démocratique et des libertés fondamentales dans le processus de réforme en cours. Avant d’entrer dans le vif du sujet, ils ont d’abord témoigné leur soutien inconditionnel à Mamadou Traoré, surnommé « Le Roi », président du parti Alternative pour le Mali, actuellement incarcéré pour ses prises de position politiques. « Il garde un moral d’acier et nous exhorte à poursuivre la bataille pour le Mali », ont-ils affirmé en exigeant sa libération immédiate.
Dans un mémorandum lu à la presse nationale et internationale, les partis politiques dénoncent la méthode cavalière du ministre délégué, accusé d’avoir initié des concertations « pseudo-participatives » sans consultation réelle des acteurs politiques majeurs.
Malgré leur réponse officielle aux propositions de relecture de la Charte, ils affirment n’avoir reçu aucune invitation à des discussions sérieuses. « Nous avons été ignorés, méprisés, pendant que des simulacres de concertations privées se déroulaient« , regrettent-ils.
Pire, selon eux, certaines propositions diffusées sur les réseaux sociaux, comme l’instauration d’une caution de 200 millions de FCFA pour la création de partis politiques, sont totalement hors sujet et contraires aux recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation (ANR) et à la Constitution de 2023. Les partis politiques avertissent : la dérive actuelle risque de provoquer une rupture démocratique grave. Pour eux, vouloir restreindre l’espace politique par des mesures financières et administratives inaccessibles revient à « transformer la politique en entreprise commerciale de corruption ». « Depuis quand la politique au Mali devrait-elle être une question d’argent et non d’idées ?», s’interrogent-ils.
Loin de rejeter toute réforme, ils rappellent avoir accepté de durcir les conditions de création de partis, d’améliorer le financement et le contrôle de leurs activités, en stricte conformité avec les recommandations des ANR et la Constitution. Toutefois, ils s’opposent fermement à toute tentative de dissolution ou de musellement des partis politiques, qu’ils considèrent comme « le socle du multipartisme chèrement acquis au prix de lourds sacrifices humains ».
Face à ce qu’ils qualifient d’ »amateurisme dangereux », les partis politiques appellent solennellement le Premier ministre et le Président de la Transition à tirer toutes les conséquences des agissements du ministre délégué. Ils craignent que l’actuelle dynamique n’ouvre une brèche dans l’édifice institutionnel malien au moment où le pays a besoin d’unité et de stabilité. Engagés à poursuivre la bataille pour la défense des libertés publiques, ils annoncent une série de rencontres avec les autorités morales, religieuses, associatives et syndicales du pays afin de sensibiliser et de mobiliser les forces vives de la nation. « Nous demeurons vigilants et déterminés », concluent-ils, tout en appelant leurs militants à se tenir prêts à toute action nécessaire pour défendre la démocratie, la liberté et l’avenir du Mali.
Adama Coulibaly