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Les grands scandales financiers des 10 dernières années: Le ministre de la Justice Mamoudou Kassogué pourrait-il faire rendre gorge aux voleurs de la République ?

S’il y a une nomination qui a comblé de joie « Le Sphinx », c’est bien celle du procureur général du tribunal de grande instance de la Commune III, chargé du Pôle économique et financier de Bamako, Mamoudou Kassogué, comme ministre de la Justice, des droits de l’Homme, garde des Sceaux. L’homme et son équipe avaient commencé à faire un travail merveilleux en mettant en prison plusieurs délinquants et autres kleptomanes financiers.

Mais dans la plupart des cas, ils se sont heurtés à certains magistrats de la Cour d’Appel et de la Cour Suprême tapis dans l’ombre qui remettaient en cause la quasi-totalité de leurs décisions – comme nous l’évoquions il n’y a pas si longtemps- en laissant en liberté provisoire pour des clopinettes plusieurs kleptocrates avérés. À quand la fin de l’impunité au Mali ? La question mérite d’être posée à plus d’un titre. Depuis l’avènement de la démocratie en 1991, plusieurs déclarations tonitruantes ont été faites sur la lutte contre la corruption au Mali, déclarations qui se sont révélées plutôt comme des effets d’annonces qu’autre chose. D’Alpha Oumar Konaré – qui prônait « Le kokadjé » à Bah N’Daw : « impunité zéro » en passant par Amadou Toumani Touré : « lutte inlassable contre la corruption » et Ibrahim Boubacar Keïta, chacun joua sa partition avec les résultats que l’on sait. C’est ce dernier visiblement agacé qui, en recevait les rapports de la Casca (cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration) en novembre 2013, disait qu’il est inimaginable que des fonctionnaires d’un pays en guerre puissent se livrer à des actes de corruption et de délinquance financière. Mais hélas, « Le Kankélétigui » alors fraichement élu à la tête de l’État qui s’insurgeait ainsi : « Je ne puis donc tolérer le détournement ou la mauvaise gestion des ressources publiques. […] Je prends l’engagement que personne n’entravera le cours de la justice. […] L’argent du peuple sera restitué, s’il doit l’être et ce, sans préjudice des réparations et poursuites requises. » mettra en place le régime le plus corrompu du Mali des 60 dernières années. Avec à la clé une véritable mafia qui s’est érigée pour piller systémiquement les deniers publics. Rien que dans la mise en œuvre de la loi de programmation militaire, 2 548 milliards furent engloutis avec les piètres résultats que l’on sait. Les plans de remise à niveau et dotation en équipements modernes sont devenus les nouvelles vaches à lait d’un régime qui s’est maintenu au pouvoir au terme d’une corruption et d’un hold-up électoral sans précédent. Même l’opposition d’enfer au « Roi Fainéant » qui avait décidé de saisir l’Assemblée nationale, les juridictions compétentes du Mali et de l’extérieur et de porter plainte afin toute la lumière soit faite sur tous les scandales financiers survenus dans les dossiers d’achat d’équipements et matériels militaires de 2013 à nos jours lâcha le manche avant la cognée. Mamoudou Kassogué, un procureur qui a joué sa partition Depuis sa nomination à la tête au Pôle économique et financier de Bamako, Mamoudou Kassogué et ses hommes ont mis plusieurs kleptocrates en prison tels Bakary Togola et l’ex-ministre et ex-directeur de l’Office de radiodiffusion et télécommunication du Mali, Sidiki N’Fa Konaté, lesquels seront rapidement remis en liberté provisoire (définitive ?) par des magistrats des instances supérieures (Cour d’Appel et Cour Suprême, Ndlr ) tapis dans l’ombre au grand dam de ceux du Pôle économique et financier de Bamako et leurs redoutables enquêteurs. Maintenant qu’on lui a confié le ministère de la justice, Mamoudou Kassogué doit rapidement reprendre tous les dossiers sulfureux qui dorment dans les tiroirs et ceux qui avaient été sabotés, c’est un euphémisme, par certains magistrats. À commencer par celui de l’avion présidentiel acheté à un couple de producteurs de cinéma australiens, sous « l’expertise » de Michel Tomi, le Parrain des parrains corses, à 7, 48 milliards et surfacturé à 21 milliards grâce à des sociétés-écran sises dans les Antilles britanniques et des hommes d’affaires étrangers véreux ; celui du marché d’équipements militaires attribué à Sidi Mohamed Kagnassy ou Baïba Kouma de Guo Star -c’est selon- par Soumeylou Boubéye Maïga à hauteur de 69 milliards puis 108 milliards grâce à un avenant et couvert par une garantie de 100 milliards de FCFA de l’État malien selon une enquête de votre journal préféré corroborée par le rapport du Bureau du Vérificateur général et par celui de la Section des comptes de la Cour suprême; le sulfureux marché des 6 avions Tucano dont 4 seulement seront livrés et 2 hélicos Super Puma inopérationnels dont un a été payé, non pas par transfert bancaire, mais en cash ! la formation de 15 pilotes de l’Armée de l’air à 3,78 milliards soit 252 millions de FCFA par pilote, un record mondial ; le dossier des 42 véhicules achetés dans le cadre du MOC (Mécanisme opérationnel de coordination ) et surfacturés à l’État à 2,3 milliards de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité ; le marché des engrais frelatés ; celui des 1000 tracteurs ; le sulfureux dossier des bulletins de salaires ; la rénovation au frais du contribuable malien de la résidence privée d’IBK et celle du palais présidentiel facturée à plus de 6 milliards de FCFA etc. D’ores et déjà, il faut rapidement revoir les textes de notre arsenal juridique qui empêchent quasiment de poursuivre le président de la République, les ministres et autres hauts fonctionnaires de l’État coupables de détournement de deniers publics, de crimes commis dans l’exercice de leur fonction. Ces textes taillés sur mesure par nos kleptocrates que notre excellent confrère, feu Sada Diarra, appelait : « Les fondements juridiques de la corruption » et qui les mettent carrément à l’abri de toute poursuite judiciaire doivent être jetés au rebut. Il serait souhaitable que des plaintes soient déposées dans les pays de résidence des directeurs de sociétés étrangères qui ont, elles aussi, facilité les surfacturations et/ou ont versé des rétro-commissions aux différents protagonistes qui ont trempé dans les malversations malodorantes depuis l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keïta à la magistrature suprême en 2013 jusqu’à nos jours. D’autres plaintes doivent être introduites auprès des juridictions maliennes compétentes afin de permettre à celles-ci d’ouvrir une information et d’écouter les différents opérateurs économiques et autres officiers de l’Armée malienne et cadres de l’administration qui ont participé et/ou facilité des distributions de bakchichs dans lesdites malversations qui s’élèvent aujourd’hui à des milliers de milliards de nos francs blanchis à travers des résidences de luxe et autres riads à Marrakech, Dakar, Abidjan, Conakry, Paris, Abu Dabi, Dubaï etc. Comme l’a si bien dit notre excellent confrère l’Aube, « Jamais dans l’histoire de la République, un régime ne s’est autant signalé par sa propension à s’accaparer, détourner et gaspiller les ressources de l’État. Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keita offre une désolante image, celle d’un pays livré à des magouilleurs (nationaux et étrangers) passés maîtres dans l’art de piller les ressources financières d’un pays gangrené par la corruption. » Du IBK sans IBK : une logorrhée de milliards continue à sortir des caisses de l’État Il est grand temps de mettre fin à l’impunité dans notre pays qui est en déliquescence morale, intellectuelle et sociale. Plusieurs milliards ont été détournés sur les 2097 milliards ont été décaissés de 2013 à nos jours sous le règne du « Châtelain de Sébénikoro. Les 431 milliards votés sous la transition au titre du budget 2021 pour la Défense et la Sécurité feraient, eux aussi, objet de malversations et de cabrioles financières. Selon nos radars, sur une quarantaine de milliards décaissés, 30 auraient servi à acheter des équipements militaires russes dont la plupart ne seraient pas conformes à la commande. Le reste, environ 10 milliards, serait objet de convoitise de certains dirigeants de la transition, lesquels souhaiteraient en carotter tout ou une partie importante. Toujours selon nos radars, c’est ce marché qui serait à la base de la pomme de discorde entre Bah N’Daw et Moctar Ouane d’une part et Assimi Goïta, Sadio Camara, ministre de la Défense et des anciens combattants et Modibo Koné ex-ministre de la Sécurité, d’autre part. Toujours selon nos radars l’ex-président de la transition et de l’ex-Premier ministre seraient assignés en résidence justement afin de les empêcher de donner leur version des faits. En tout état de cause, maintenant que Mamoudou Kassogué a les mains libres, nous osons l’espérer, il faut procéder au nettoyage à grande eau des écuries d’Augias. C’est une simple question de salubrité publique. Sinon ceux qui ont bénéficié des marchés de la loi d’orientation et de programmation militaire continuent à encaisser des milliards de surfacturation comme cette belle dame F.H de Global Africa Service Sarl qui a bénéficié du marché de fourniture de véhicules au moment où le général Salif Traoré faisait la pluie et le beau temps au ministère de la Sécurité et de la Protection civile (voir document) . Elle n’est pas la seule malheureusement. Une logorrhée de milliards de FCFA continue à sortir des caisses de l’État au profit des voleurs du régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Bref, on continue de faire du IBK sans IBK. Mamoudou Kassogué pourrait-il faire rendre gorge aux kleptocrates de la République qui veulent briguer la magistrature suprême en 2020 ? Rien n’est moins sûr. Pour cela, il faut de l’audace. Beaucoup d’audace.

A.D

Source : Le Sphinx

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