Outre les défis, tout porte à croire que la paix, l’unité, le vivre-ensemble et la cohésion nationale sont et demeureront l’épicentre des priorités des autorités actuelles de la transition. Cela se traduit par les mots tenus par l’actuel Premier ministre, le général de division Abdoulaye Maïga, lors de son passage, le 19 mai dernier, au Conseil national de Transition (CNT) pour la présentation de son Plan d’action du gouvernement. Le discours rassembleur émanant du chef de l’exécutif a surpris plus d’un.
Au pouvoir depuis le 20 août 2020, les militaires semblent comprendre que la réussite de l’ère transitoire dépend de l’implication de tous, y compris des voix discordantes. Dans le contexte actuel du pays, marqué par des tensions et dissensions à la suite de la dissolution « polémique » des partis et organisations à caractère politique, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a tenu à annoncer sa mission primordiale, celle consistant à rassembler tous les Maliens. Chose qui ne semblait pas être le cas pour son prédécesseur, qui a fait l’objet de critiques. De par ses actes et propos, Dr Choguel Kokalla Maïga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été considéré par certains politiques comme un Premier ministre « clivant ». Ce qui, visiblement, ne semble pas être le cas pour l’actuel homme fort de la Primature, militaire de son état.
Lors de son passage au CNT, une conseillère nationale de Transition avait plaidé pour le retrait de la nationalité concernant les Maliens établis à l’extérieur qui critiquent l’État. En réaction à ladite demande de déchoir lesdits Maliens de leur nationalité, le général de division Abdoulaye Maïga a été catégorique : « Je voudrais saisir cette occasion qui m’est offerte pour partager avec vous (membres du CNT), la vision du chef de l’État, le général d’armée Assimi Goïta. La transition n’a pas de cible en particulier. Notre objectif est de refonder notre pays dans un souci d’inclusivité, de cohésion, d’unité et de tolérance », a répliqué l’actuel Premier ministre suite à la demande d’une conseillère nationale de Transition.
Cette intervention met fin aux discours haineux qui étaient proférés par certains responsables de soutien à la transition. À ces propos du PM s’ajoute l’idée de la rédaction de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. En lieu et place du fameux Accord issu du processus d’Alger, les autorités de la transition ont initié ce projet afin d’enterrer la hache de guerre, de recoudre le tissu social, d’unir et de réconcilier les Maliens sans distinction aucune de race, d’ethnie, de culte ou de religion.
De nos jours, considéré comme un document de « référence » en matière de paix et de cohésion sociale au Mali, l’élaboration de la Charte nationale, en phase de finition, a nécessité plusieurs concertations, dont celles des hommes politiques, des regroupements de jeunes, des femmes, des chasseurs « doson », des légitimités traditionnelles, des autorités coutumières et religieuses, de même que des chercheurs universitaires.
Rappelons que l’idée a été appréciée à sa juste valeur par les citoyens lambda de ce pays, le Mali, plongé depuis 2013 dans une crise sécuritaire sans précédent, laquelle a occasionné un conflit intercommunautaire. D’ores et déjà, les membres de la commission dirigée par l’ex-PM Ousmane Issoufi Maïga rassurent que le document traite tous les maux du pays, y compris l’injustice sociale, le favoritisme et la corruption, en vue de la restauration de la cohésion nationale.
L’ouverture d’esprit du président de la Transition pour la cause nationale
Le général d’armée Assimi Goïta a toujours appelé les Maliens à la paix, au vivre-ensemble et à l’abandon de toute posture va-t-en-guerre ou belliqueuse. C’est fort de cette logique que le général Goïta a initié, en 2024, le Dialogue inter-Maliens. Lors de la clôture des travaux, tenue le 10 mai 2024 au CICB, Assimi Goïta a considéré ledit processus comme étant « le Dialogue de la fraternité et de l’unité nationale ». Lesquelles restent le socle de la souveraineté du Mali.
Comme il l’a toujours fait, le chef de l’État a profité de la circonstance pour s’appesantir sur le caractère sacré de l’unité nationale, en la décrivant comme un « bouclier impénétrable », instruisant la mise en œuvre du Dialogue inter-Maliens, qui s’est soldé par plusieurs recommandations.
Des faits et actes qui prouvent visiblement à suffisance la volonté des autorités à ramener tous les problèmes sur la table et à trouver des solutions idoines. Même si certains citoyens restent dubitatifs quant à l’avancée ou à la pérennité de l’idéologie paisible du gouvernement, ils sont nombreux à se dire que cette volonté des autorités amènera à n’en point douter la libération des prisonniers d’opinion qui ont diversement exprimé l’amour du pays.
Mamadou Diarra