C’est une autoroute maritime empruntée chaque jour par des dizaines de tankers, le plus souvent affrétés par des sociétés discrètes. Elle démarre aux quais des trois ports d’Amsterdam, Rotterdam et Anvers (« ARA », dans le jargon), dotés de dix raffineries et d’importantes infrastructures de stockage.
De ce hub, partent près de 50 % des produits pétroliers exportés en Afrique de l’Ouest, selon les statistiques des Nations unies. Gibraltar est la principale destination finale indiquée par les affréteurs, puis les marins mettent le cap sur le golfe de Guinée, ses ports encombrés et ses mégapoles souvent embrumées par la pollution.
Ces navires en fin de vie transportent dans leurs cuves du diesel et de l’essence mélangés à d’autres produits chimiques bon marché qui seraient invendables ailleurs, tant la teneur en soufre est élevée : entre 200 et 1 000 fois supérieure aux normes européennes. Parfois les mélanges toxiques s’effectuent en mer, à quelques milles des côtes de Gibraltar ou de Lomé, au Togo.
« Faire un paquet de dollars »Dans le petit milieu du courtage pétrolier, certains parlent de « qualité africaine », extrêmement polluante et émettant de grandes quantités de particules fines. Dévastatrice pour la santé et pour l’environnement, mais très rentable pour les négociants. C’est ce que révèle la vaste enquête menée par l’ONG suisse, Public Eye (ex-Déclaration de Berne), rendue publique jeudi 15 septembre. Un travail rigoureux de trois ans qui jette une lumière crue sur les pratiques des géants suisses de négoce de matières premières comme Vitol.
Source: Le Monde