Depuis le 5 juin, le mercure sociopolitique monte en flèche. Mais, la jacquerie est n’est pas arrivée telle une génération spontanée. Il y a eu des éléments déclencheurs qu’il serait fastidieux d’égrener, mais surtout vain, tant ils font partie intégrante du vécu quotidien des Maliens.
Parmi les causes les plus apparentes, il y a incontestablement la sécurité à laquelle le pays paie un très lourd tribut, l’école dans un état de mort cérébrale, le Covid-19 qui ont révélé la monumentale défaillance de l’appareil politico-administratif dans la protection des Maliens. Le dénominateur commun étant une gouvernance erratique. Le mouvement éclectique dont a accouché cette gouvernance n’est rien d’autre que la convergence des frustrations. Cela est indéniable, puisque le Président qui ne s’est pas fait morigéner le 16 juin dernier pour quitter sa posture jupitérienne pour aller à la rencontre des Forces vives a dit : ‘’je tire les leçons de toutes les péripéties que nous vivons’’. À l’instar d’autres pays, le nôtre en particulier a des réels défis à relever. Et dans le charivari ambiant, il est évident que tous ne voient le Mali qu’en fonction de leurs intérêts, ou à travers le prisme de leur malaise existentiel. De même, il y a peu de doute que les arrière-pensées politiques, la culture jacobine, polluent le chantier politico-administratif jamais achevé. Les propositions du M5-RFP, mais également les récriminations du ‘’peuple’’ incitent à la croire fortement. En lieu et place d’un changement de gouvernance, c’est un changement de gouvernant que la rue revendique. Virer Castaner ? Cela ferait plaisir à certains et, en premier lieu, à son successeur, mais est-ce bien utile ou, en tout cas, suffisant pour résorber la crise actuelle ? Sa gestion des crises scolaire et sécuritaire est très critiquée par ses compatriotes et son destin nourrit les spéculations. La phalange la plus dogmatique des contestataires reste arc-boutée au ménage à la Primature tout comme à Koulouba d’ailleurs et les incroyables talents d’acrobate dont il fait preuve prouvent qu’il vit des jours intranquilles.
Mais, il n’est pas le seul. Les meneurs de la contestation qui semblent avoir promis plus que de raison sont également tenus à l’œil par le ‘’peuple’’ plus que jamais soupçonneux.
Les contestataires eux-mêmes subissent violemment les contrecoups du blocage des institutions. La COVID-19, l’absence de gouvernement ont exacerbé le marasme économique et en rajouté à la précarité.
En somme, c’est tout le Mali qui vit des jours intranquilles. D’où, l’urgence de dépassionner le débat, de tourner le dos à la procrastination. Un accord entre les acteurs de la crise sociopolitique n’est plus facultatif. Il y va de l’intérêt général.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin