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Les Etats-Unis vont rétablir leurs relations diplomatiques avec Cuba

L’Américain Alan Gross, écroué depuis cinq ans à Cuba où il avait été condamné pour espionnage, a été libéré pour des raisons humanitaires, a indiqué mercredi à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat. Le président Barack Obama a annoncé dans la foulée un tournant historique dans les relations entre les Etats-Unis et le régime communiste de Cuba: une normalisation des relations des deux pays en conflit depuis 1961.
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Todos somos americanos” (Nous sommes tous américains), a lancé M. Obama lors d’une allocution qui devrait marquer son passage à la Maison Blanche.

Le 44e président des Etats-Unis a annoncé le rétablissement des relations diplomatiques avec la Havane et l’allègement des sanctions économiques.

Le président cubain Raul Castro a confirmé ce mercredi que, avec son homologue américain Barack Obama, ils s’étaient “mis d’accord sur le rétablissement des relations diplomatiques” entre les deux pays, interrompues depuis plus d’un demi-siècle.

Toutefois, “cela ne veut pas dire que le (problème) principal, l’embargo économique, ait été résolu“, a ajouté le leader cubain dans une allocution diffusée par les médias d’Etat. Raul Castro a par ailleurs annoncé que les trois Cubains libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers avec les Etats-Unis étaient déjà revenus à Cuba. Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et Antonio Guerrero, condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage, “sont arrivés aujourd’hui dans notre patrie“, a déclaré M. Castro lors de cette allocution.

M. Obama a appelé de ses voeux un débat – qui s’annonce déjà houleux – avec le Congrès américain sur la levée de cette mesure “inscrite dans la loi“.

Le pape François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret, a salué une “décision historique“, louant le rapprochement entre les deux pays, séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride.

L’isolement (de Cuba) n’a pas fonctionné“, a souligné sans détours M. Obama, jugeant indispensable d’ouvrir “un nouveau chapitre” avec ce petit pays des Caraïbes.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, va entamer “immédiatement” des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques, interrompues depuis 1961. Perspective longtemps impensable, les Etats-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane “dans les mois à venir“.

Parmi les mesures annoncées pour favoriser les échanges économiques entre les deux pays, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L’exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer internet sur l’île.

Les voyageurs américains pourront par ailleurs rapporter depuis Cuba jusqu’à 100 dollars de tabac, ce qui inclut, bien sûr, les célèbres cigares cubains.

Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants, les journalistes ou encore les visites familiales.

Selon un responsable américain, l’ancien président Fidel Castro, qui a cédé la place à son frère Raul en 2006, n’a pas été impliqué dans les discussions. Eternel contempteur du voisin honni, “Fidel” est resté célèbre pour ses longues diatribes anti-américaines.

Échange “d’espions”

Cette annonce historique intervient donc quelques heures après la libération d’Alan Gross, un Américain de 65 ans détenu depuis 5 ans à La Havane.

Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l’agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d’Etat. Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l’île communiste.

Il a été libéré dans le cadre d’un échange plus large d’un espion détenu à Cuba depuis 20 ans et de trois Cubains écroués aux Etats-Unis. Membres du ‘groupe des Cinq’, ces derniers ont été condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage et sont considérés à Cuba comme des “héros de la lutte antiterroriste“.

Signes de détente

Depuis l’arrivée de Raul Castro au pouvoir en 2006, quelques timides signes de détente entre les deux pays étaient apparus. M. Obama avait en particulier assoupli les règles qui s’appliquent aux voyages vers l’île communiste.

En décembre 2013, Barack Obama et Raul Castro avaient échangé une poignée de mains à Johannesburg à l’occasion d’une cérémonie d’hommage à l’ancien président sud-africain Nelson Mandela.

Si Washington avait maintenu jusqu’à ce jour une ligne ferme envers La Havane, plusieurs sondages montraient toutefois qu’une majorité d’Américains étaient favorables à un changement de politique à l’égard de Cuba, y compris en Floride, où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.

Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Aux émigrés “politiques” des premières années de la Révolution, ont succédé des milliers d’émigrés plus “économiques” qui ont conservé des attaches et de la famille dans l’île.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a salué “chaleureusement” l’annonce de ce rapprochement, se disant prêt à aider les deux pays à normaliser leurs relations. L’assemblée générale de l’ONU avait adopté lors de sa dernière session plénière en septembre, comme tous les ans, une résolution demandant la fin de l’embargo américain imposé à Cuba.

A l’occasion de la crise d’Ebola et de la coopération internationale sur cette question de santé publique, les Etats-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d’amabilités. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba s’est en effet projeté à l’avant-scène de la lutte contre le virus en Afrique de l’Ouest.

Fait rare, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a même salué la démarche du régim communiste. Le lendemain, l’ex-président cubain Fidel Castro, éternel contempteur du voisin honni, avait déclaré que son pays “collaborerait avec plaisir avec le personnel américain” pour lutter contre Ebola.

Quelques signes de détente sont apparus ces dernières années. Le président Raul Castro, qui a succédé à son frère depuis 2006, a mis un frein aux diatribes anti-américaines, alors que son homologue Barack Obama a assoupli les règles qui s’appliquent aux voyages vers l’île communiste.

La publication, il y a quelques mois, d’un éditorial du New York Times intitulé “Il est temps d’en finir avec l’embargo contre Cuba“, avait été jugé “d’une grande habileté” par Fidel Castro. Mais Washington a maintenu juqu’à ce jour une ligne ferme envers La Havane.

L’embargo américain maintenu depuis 1962, condamné chaque année aux Nations unies à une écrasante majorité, est vivement critiqué sur l’île communiste et les tensions diplomatiques sont fréquentes.

Plusieurs sondages montrent toutefois qu’une majorité d’Américains se disent favorables à un changement de politique à l’égard de Cuba, y compris en Floride où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.

RTBF avec agences

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