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Les élites de Bamako continuent de «subir» après la prise d’otages meurtrière

A Bamako, capitale du Mali, les expatriés faisaient profil bas, dimanche. Ils sont sonnés, deux jours après l’attaque qui a fait 21 morts à l’hôtel Radisson, un palace qui est aussi le rendez-vous de l’élite malienne et des expatriés. Encore un coup dur, après l’attaque survenue en mars dans un bar, La Terrasse, qui avait fait 5 morts. «On subit, on subit, qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ?» soupirent-ils en chœur. Version bamakoise du «Tous en terrasse» parisien qui a suivi les attaques du 13 novembre, les expatriés français s’accrochaient consciencieusement ce week-end à… l’arrivée du beaujolais nouveau : «Depuis vendredi, on n’arrête pas !»s’amuse une gérante de restaurant, qui ne peut cacher cependant un regard triste.

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Un coup.Dans un pays où les groupes islamistes n’ont jamais totalement désarmé malgré l’intervention de la France début 2013, Bamako constituait, de longue date, une cible pour des islamistes contraints de jouer au chat et à la souris avec les militaires français et ceux de la force de l’ONU dans le nord du pays. Alors que la ville accueillait la semaine dernière les professionnels du secteur minier, avec un taux de remplissage des hôtels supérieur à l’accoutumée, l’attaque du Radisson porte un coup à l’économie du pays.

N’était-on pas à deux doigts de la mise en place des laborieux accords de paix négociés avec les groupes armés cette semaine à Bamako ? Leur discours s’était fait moins radical, et les entreprises voulaient y voir une embellie. «Ce qu’on va observer, constate un patron d’entreprise français, souhaitant garder l’anonymat, c’est l’annulation de toutes les missions des entreprises qui voulaient revenir. Qui voudrait travailler au Mali après les événements de vendredi ?» Nostalgique, ce patron expatrié rappelle comment la vie semblait douce à Bamako, dans un pays qui offre beaucoup d’opportunités. «Ces attaques sont les conséquences de toutes les guerres qui se multiplient dans le monde, rappelle de son côté Bakin Gassimi Guindo, un jeune Malien qui travaille avec les étrangers. Avec ces attaques, c’est nous, la jeunesse malienne, celle qui veut entreprendre, qui allons tout perdre. Ils vont faire fuir nos partenaires.»

Alors que les forces maliennes recherchent toujours activement trois suspects liés à l’attaque du Radisson, l’heure est déjà aux pronostics à Bamako : quelle sera la prochaine cible ? Déjà, les hôtels déplorent des annulations. «Après l’attaque de La Terrasse en mars, pendant deux semaines la vie était au ralenti. Mais tout est vite revenu à la normale»,constate un patron d’hôtel, Phil Paoletta, installé au Mali depuis 2010. La montée de l’insécurité à Bamako, il l’observe, impuissant :«La Terrasse, le Radisson ou autre chose, c’était peut-être inévitable.» A situation exceptionnelle, Phil Paoletta répond avec les moyens du bord : il a décidé de débaucher des gendarmes postés à l’entrée de son hôtel. Mais sans passer par leur hiérarchie. Peu formés, mal payés, les gardes maliens ne sont toujours pas autorisés à porter des armes.

Instructions.Ici, les attentats de Paris sont sur toutes les lèvres : «C’était le Liban, puis Paris… On dit que le Mali n’est pas sécurisé, pourtant la même chose s’est produite à Paris, et même devant le Stade de France !»rappelle Bakin Gassimi Guindo. Plus de 6 000 ressortissants français sont installés au Mali. Comme les autres, ils reçoivent des instructions : restrictions de leurs mouvements, éviter les lieux «sensibles». Depuis vendredi, de nouvelles mesures immédiates ont été prises : fermeture du lycée français jusqu’à mardi, sécurisation des abords de l’ambassade… Un Français a pourtant tenu à aller à la messe du dimanche, à la cathédrale : «Il n’y avait pas un toubab [étranger occidental, ndlr] !»s’exclame-t-il, avant de confesser, plus bas : «J’ai beaucoup hésité à y aller.»

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