Dans sa correspondance en date du 27 juillet 2020 adressée au ministre de la Sécurité et de la Protection civile, l’Association malienne de lutte contre corruption et la délinquance financière (Amlcdf) dénonce l’existence d’un véritable réseau mafieux à l’Ecole nationale de la police (ENP) pour arnaquer les élèves sous-officiers. Pour cela, les différents acteurs de cette mafia agissent en parfaite symbiose, à savoir l’administration de l’ENP, les responsables d’une banque de la place notamment la Bsic et ceux de l’Auto-école “Le Guide” dont le promoteur n’est autre que l’officier de discipline de l’école, en l’occurrence le Commandant de police Sory Sogodogo.
L’Association déclare qu’elle est attristée de porter à la connaissance du ministre de tutelle les dysfonctionnements administratifs dont sont victimes les élèves sous-officiers au sein de l’ENP. “Nous avons obtenu des informations alarmantes dans lesquelles le nom du directeur de formation, le Contrôleur général de police, Monsieur Mamby Sylla, est cité comme un refrain. Tout un système aurait été mis en place, en 2018, pour obliger les élèves sous-officiers à domicilier leurs comptes bancaires à la Bsic et à s’inscrire à l’auto-école “Le Guide” du Commandant de police Sory Sogodogo, officier de discipline au sein de l’école de police”.
Pour l’organisation, avec une combinaison bien rodée, après avoir obligé les élèves sous-officiers à s’inscrire à l’Auto-école “Le Guide” pour la somme de 90 000 Fcfa, l’officier comptable entre en action à travers le prélèvement de 10 000 francs CFA par mois sur la pitance mensuelle accordée aux élèves sous-officiers pour leur subsistance au profit de l’auto-école de l’officier de discipline pour une durée de neuf mois.
Dans sa correspondance, l’Association a laissé entendre que lorsqu’elle procède à une analyse comparative, elle arrive à la conclusion qu’au sein de l’Armée le permis de conduire est gratuit. En effet, poursuit-elle, les élèves de l’Ecole militaire interarmes (Emia) et de l’Ecole des sous-officiers (ESO) de Banankoro sont envoyés à Kati pour y subir les épreuves de ce permis gratuit. “Pour le cas des élèves sous-officiers de police, le montant prélevé pour les 2 200 pensionnaires de l’ENP est estimé à près de 200 millions Fcfa. Ce montant est partagé entre quelques responsables de l’ENP dont le propriétaire de l’auto-école (le commandant de police, Monsieur Sory Sogodogo), le directeur de la formation (Contrôleur général, Monsieur Mamby Sylla) et autres”, a-t-elle mentionné. De fait, précise l’Association, il s’agirait d’une chaîne dont les ramifications vont jusqu’au Ministère de la Sécurité et de la Protection civile.
Autres faits dénoncés, il s’agit de la vente des sous-vêtements à 30.000 aux élèves dont l’unité est vendue à 2.500 sur le marché. Ainsi, la tenue de sport, un complet (en short) qui est vendu au marché entre 1.500 à 2.000 francs CFA l’unité est cédé aux élèves à 15.000 francs CFA.
A en croire l’Association, ces jeunes sont formatés à accepter l’injustice à leur passage à l’Ecole nationale de police.
“A la fin de la formation, une fois dans les rues de nos villes, ces anciennes victimes deviennent les bourreaux de nos populations. C’est choquant que l’école de police devienne l’école de la fabrique de l’injustice. Monsieur le Ministre, il vous appartient de gérer ces affreuses pratiques avec toute la rigueur de la loi. Notre société est à l’agonie à cause de l’injustice institutionnalisée au sein de nos forces de sécurité et au sein de notre justice, les deux principaux régulateurs de la paix sociale”, a-t-elle conclu.
Boubacar PAÏTAO