Les personnes déplacées au Mali partagent presque la même histoire. Elles ont toutes fui l’insécurité dans leur localité d’origine. On les retrouve sur les sites qui leur sont dédiés, mais aussi dans les familles d’accueil. Si elles sont presque toutes en situation de précarité, celles qui sont hors site ont encore plus de mal à se prendre en charge, mais surtout à se soigner. Souvent leurs hôtes aussi croulent sous le poids des charges familiales.
Assa Guindo s’est réfugiée à Bankass après l’attaque de Dialassagou. Elle a été accueillie par des parents éloignés. Elle avoue que l’accès aux soins reste un défi majeur pour elle.
« Le rhume et les fortes fièvres sont presque chroniques ici. Quand je tombe malade, j’achète mes médicaments. Ceux qui sont sur les sites bénéficient du soutien des ONG, mais nous, qui sommes hébergés par la famille, prenons tout en charge. « Tous nos soins médicaux reposent sur nous-mêmes, » a-t-elle laissé entendre.
Idrissa Tamboura, un autre déplacé à Kadiolo, ne peut aujourd’hui compter que sur l’accompagnement de certains soignants de la ville. Ces derniers sont d’un soutien inestimable pour ces personnes déplacées hébergées par des proches.
« Quand nos femmes tombent enceinte, c’est assez difficile. Mais nous leur signalons que nous sommes des PDI également. Aucune prise en charge sanitaire ne nous a été proposée, la mairie ainsi que le développement social sont informés de notre présence. C’est le docteur Emilien qui nous aide beaucoup au CSCOM. Il y a aussi Dr Mariko qui nous soutient. » affirme-t-il.
L’assistance spontanée de bonnes volontés
Cette dame qu’on va appeler Salimata est l’hôte d’une dizaine de déplacés à Sikasso. Ayant aussi des moyens limités, elle fait appel aux personnes de bonne volonté et au service du développement social pour la prise en charge de ces déplacés.
« Quand les déplacés, que j’héberge tombent malades, je fais appel aux bonnes volontés, mais peu de personnes se manifestent. Le dernier cas survenu a été pris en charge par Adama Ballo un donateur ainsi que par le service du développement social. Ils sont tous intervenus pour son opération, qui était chère », confie Salimata qui se réjouit que le malade soit aujourd’hui sur « pied et a repris les cours », confie-.
Comme Fatoumata Cissé, plusieurs femmes victimes de violence sexuelle ont fui le nord du pays en 2012 pour se réfugier à Bamako. Si certaines ont pu s’installer dans les camps de déplacés, d’autres sont dans des familles d’accueil. Ces femmes qui portent encore les stigmates de cette violence ont toujours besoin d’assistance sanitaire.
« Nous avons fui le nord à cause de l’insécurité et nous souffrons beaucoup du manque de moyens. » Nos soins ainsi que toutes nos dépenses reposent sur nous-mêmes. Une aide de la part des autorités ne nous ferait pas de mal. » dit-elle.
Des ONG de soutien aux femmes ne sont pas en marge
L’ONG Wildaf a répondu à l’appel de ces femmes. Mais étant limitée dans ses actions, ses responsables orientent ces victimes vers des structures spécialisées.
« Pour l’assistance médicale, nous faisons référence à ONE STOP CENTER à travers un référencement nous leur transférons le cas pour qu’ils puissent gérer l’assistance sanitaire ou médicale de la dite déplacée. Pour l’assistance psychologique, nous avons le ONE STOP CENTER ou d’autres organisations comme APDF et AGM qui nous appuient dans la mise en œuvre de l’appui psychologique. » déclare-t-elle.
C’est le régime d’assistance médicale RAMED qui prend en charge ces cas, confie Moussa Alassane Samaké, directeur du service de développement social de Mopti. Même s’il précise que ce programme connaît des difficultés dans la région. Cependant, il rassure que tous les déplacés sont pris en charge.
« Il y a une prise en charge que l’État aussi a envisagé, le RAMAED, le régime d’assistance médicale, qui est destiné à prendre en charge les personnes indigentes, mais les déplacées aussi bénéficient de cette assistance », soutient le directeur qui ajoute qu’il y a quelques disfonctionnements malgré tout. « Le RAMED a enregistré ces personnes et leur a donné des récépissés avec lesquels ils vont dans les centres de santé. Mais seulement, il y a des problèmes dernièrement, car le RAMED ne fonctionne pas bien. Et les structures n’arrivent pas à donner les produits, car elles ont des reliquats avec le service du RAMED. Mais il y a d’autres partenaires aussi. » précise-t-il.
Ces personnes démunies sont les oubliées de la crise humanitaire. Elles estiment que l’attention de l’État et des ONG reste portée vers les déplacés installés sur les sites. Face aux contraintes socio-économiques, leur séjour dans les familles d’accueil est émaillé de tensions qui provoquent souvent des ruptures de lien.