Très tôt le matin, à 6 heures passées de quelques minutes, le 20 août 2014, débarque dans la concession de la famille Traoré située juste derrière l’ancienne mosquée de Vendredi à Niaréla, maître Chiaka Boiré, huissier de justice assisté de plus d’un contingent de porteurs d’uniformes. Sous une pluie battante, à la plus grande stupéfaction de la famille Traoré, propriétaire de cette concession depuis plus de 80 ans, il procède par la force à l’expulsion de leurs personnes, leurs biens dans la rue, sans produire ni leur laisser le moindre acte formel. Non sans que les forces de l’ordre perpètrent des voies de faits sur des membres de la famille visée en portant atteinte notamment à l’intégrité physique de Baba, Madou, Assou, tous Traoré. C’était-là le premier chapitre d’un rocambolesque litige foncier opposant les héritiers de feu Abdoulaye Traoré à ceux de feu El Hadj Chérif Baba Haïdara, avec comme tête de file le juge Djibrila Maïga. Ce dernier vient en outre de faire démolir la concession il y a une dizaine de jours sans aucune décision di
C’est par une requête en date du 18 juin 2013 que, sur l’instigation du juge Djibrila Maïga, les héritiers de feu Baba Traoré ont reçu une assignation aux fins d’expulsion à la demande de MESSAOUD Fofana et autres se disant propriétaires légitimes de leur concession familiale, pour l’audience du lendemain 19 juin. Après cette audience, des investigations de la famille Traoré au service des domaines du district de Bamako permirent de constater que le permis d’occuper No 236 identifiant leur concession, transféré au nom de feu Baba Traoré, avait été miraculeusement transféré au nom de El hadji Chérif Baba Haïdara sous le No 00481.
Manifestement, ce transfert avait été fait en violation de la loi, mais également en fraude des droits de la famille Traoré. Car, une analyse des différents documents produits par la famille injustement expulsée par le tribunal démontre que la parcelle sise à Niaréla, objet du PO No 236 devenu PO No 10-04-05 délivré par l’Administrateur du cercle de Bamako courant janvier 1935 appartenant initialement à Nana Kimbiri , première occupante , fut transférée légalement le 17 août 1957 au nom de Baba Traoré, unique héritier de feue Nana Kimbiri .
Tout le monde sait qu’un transfert en matière immobilière ne peut intervenir que soit par donation, soit par vente ou succession. Pourtant, à la lecture du PO transféré de manière suspecte au nom de El Hadji Baba Haïdara mention n’est faite d’une donation, d’une vente ou d’une succession. La fraude par le faux et usage de faux crève donc les yeux à mille lieux. Sur quoi donc s’est basé le tribunal pour ordonner l’expulsion injuste de la famille Traoré de sa concession à Niaréla ?
Avant toute décision hâtive, un juge consciencieux aurait facilement constaté les lacunes des moyens juridiques des héritiers de feu El Hadji Baba Haïdara et statué sur la nullité du transfert de la concession de la concession de feu BABA Traoré au nom de feu E Hadji Baba Haïdara, en l’absence de toute base légale. Le juge aurait fait œuvre utile en sanctionnant par le censure l’acte de transfert No 00481 du 25 mai 1959 du PO No 236 de Baba Traoré au nom de El HADJI Baba Haïdara. Parce qu’il aurait ajouté à la crédibilité du système judiciaire malien et à la réputation des juges du siège et des magistrats en général, fortement décriée par les temps qui courent, alors que les familles et le peuple malien accablés par la précarité ont faim de justice.
Dans ce déni de justice, le juge Djibrila Maïga, No Matricule 1714, peut-il jurer qu’il est innocent, en tant que magistrat, représentant, non pas officieux mais officiel des ayant droit de feu Fatoumata Zahara Haïdara dont il est le petit fils ?
Encore une fois, cette affaire démontre combien la croisade menée par Me Bathily ministre de la justice, Garde des Sceaux conter la corruption de la justice et les juges indélicats est importante, justifiée, recueillant les faveurs de la majorité des Maliens. Il a d’ailleurs été saisi de cette affaire et a ordonné en conséquence une enquête diligente sur ses tenants et aboutissants.
Nous y contribuerons dans notre prochaine édition, en vous dévoilant les connexions juridico-policières et les micmacs mercantilistes autour de cette affaire qui, parmi tant d’autres à Niaréla, Bagadadji, Bozola et à travers les vieux quartiers du district, défraye la chronique à Bamako où une explosion sociale n’est pas à écarter. Car selon les sondages, elle est en maturation et peut être imminente. En effet, les citoyens n’en peuvent plus de subir l’injuste justice, telle que délivrée par des magistrats véreux.
Oumar Coulibaly