Notre pays a adopté cette année comme thème de la Journée de l’enfant africain : « Ensemble pour des mesures urgentes pour mettre fin au mariage précoce ». L’Afrique de l’ouest a choisi le thème : « 25 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant : accélérons les efforts collectifs pour mettre fin aux mariages des enfants en Afrique ».
Le Parlement des enfants estime que les deux thèmes cadrent parfaitement avec le contexte malien et les préoccupations de l’heure. Il a, ainsi, élaboré des messages de plaidoyer en faveur de la promotion de la lecture dans nos écoles. Le document en question a été remis la semaine dernière au ministre de l’Education nationale, Kénékouo dit Barthelemy Togo.

Il est reconnu qu’aider les filles à aller à l’école et les encourager à y rester pour qu’elles acquièrent compétences et qualifications, constitue le moyen le plus efficace pour combattre leur mariage précoce. La clé pour mettre fin à cette pratique est de s’assurer que les filles scolarisées soient respectées et protégées. En la matière, une éducation de qualité est aussi exigée.
Dans cette optique, il faut davantage adapter l’éducation aux besoins spécifiques des filles en évoluant vers un environnement éducatif plus propice en terme d’accès, de sécurité. Pour les enfants parlementaires, la lecture constitue un facteur de la culture de l’excellence chez l’enfant et joue, en particulier, un rôle significatif dans la rétention de la jeune fille à l’école. C’est donc une arme contre le mariage précoce.
Le mariage précoce est l’un des problèmes majeurs auxquels les acteurs des droits de l’enfant sont confrontés partout dans le monde. Elle trouve sa source  dans nos réalités socioculturelles et traditionnelles. Dans notre pays, la pratique est associée à la pauvreté, aux normes inégales entre les sexes, à la méconnaissance des droits de l’enfant, à l’analphabétisme, aux pratiques traditionnelles néfastes, au faible niveau de scolarisation des filles.
Au Mali, selon l’Enquête démographique et de santé (EDSM-V), 50% des femmes qui avaient entre 15 et 49 ans au moment de l’enquête étaient déjà mariées avant l’âge de 18 ans. 20% de ces enfants étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans. Les conséquences de cette pratique sont énormes et en font l’une des premières causes de la déscolarisation des jeunes filles.
S’y ajoutent la grossesse précoce et ses corolaires comme les infanticides, la fistule vésico-vaginale. Bref des milliers de jeunes filles voient leur avenir hypothéqué et leur état de santé détérioré. Face à cette situation dramatique, le Parlement des enfants invite le ministre de l’Education nationale à accroître la sensibilisation auprès des  communautés sur l’utilité du maintien de la fille à l’école. Il préconise de développer une stratégie pour le maintien des filles à l’école. Les écoles doivent ainsi être dotées d’espaces de lecture et développer des approches attractives pour les enfants. Cela en  facilitant également l’extension et l’application des approches centrées sur l’enfant, comme « Literacy Boost » (coup de pouce à la lecture).
Cette approche a pour but de promouvoir les compétences de la lecture, pour aider les enfants à apprendre facilement la lecture, cultiver chez eux le désir et la curiosité de lire dans les écoles mais aussi dans la communauté et à la maison. « Literacy Boost » forme un ensemble d’activités d’éducation de base dans un paquet de 3 composantes. Il s’agit de l’évaluation des compétences de la lecture, la formation, le soutien des enseignants et l’action communautaire.
Ce paquet, explique la présidente du Parlement des enfants, Lala Wangara, est une réponse suscitée par Save the Children. Dans notre pays, l’approche est utilisée depuis 2010 dans les cercles de Sikasso et Yorosso. Elle touche 18.018 enfants, dont 8822 filles, de 80 écoles. Cette mise en œuvre a nécessité la formation de 364 enseignants et de 263 volontaires communautaires qui animent 80 camps de lecture fonctionnels dans la communauté.
Kénékouo Barthélémy Togo a assuré les enfants parlementaires de son adhésion et de son soutien à ce « coup de pouce » prometteur.
M. A. TRAORÉ