Après l’avènement du régime transitoire au Mali, nombreux étaient les citoyens qui espéreraient sur une rupture avec les pratiques qui avaient pignon sur rue au Mali. Le constat, après quatre ans, est alarmant. Les vieilles pratiques qui n’ont jamais disparu se sont même exacerbées pour devenir un véritable goulot d’étranglement bloquant tout développement. Le trésor public ne fait pas exception à cette règle.
Cette structure qui se caractérise aujourd’hui par le favoritisme, le clientélisme, l’injustice, l’affairisme voire même la corruption, est devenue la chasse gardée des privilégiés du régime au détriment de la grande majorité qui pourtant ont les mêmes droits que ces derniers. Pour certains opérateurs économiques, le trésor tue plus que l’EDM. En effet, selon nos enquêtes les opérateurs économiques sont payés à la tête du client, laissant la grande majorité sur le carreau sans aucun espoir. Si tant est que le Mali est synonyme de justice, d’équité et d’égalité de tous les citoyens, alors il n y a pas de raison qu’il y ait des privilégiés et de citoyen de seconde zone. Le Président de la transition va-t-il prendre à bras le corps l’affaire du trésor afin que les opérateurs économiques sans appui et sans bras longs puissent être traités sur le même pied d’égalité que les privilégiés de la République ? Quid du ministre de l’économie et des finances sous l’autorité duquel relève le trésor ?
Ils sont très nombreux les opérateurs économiques qui font la ronde tous les jours dans l’espoir d’être mis dans leurs droits, en payant leurs mandats. Très nombreux sont ceux qui quittent les locaux du trésor en pleurs et en lamentation, parfois en maudissant les agents de la paierie. En effet, il n’est un secret pour personne au Mali qu’il y a une crise financière aiguë, mais cet état de fait ne doit pas être un prétexte pour ne pas bien repartir le peu de ressources qui passent au compte du trésor. Elles sont très mal réparties, pour ne pas dire qu’elles sont réservées aux plus hauts- placés de l’administration, ce qui est révoltant dans le Mali Koura. Ce qui est même aberrant c’est le traitement inique fait par les agents de la paierie qui paient les mandats à la tête du client. sinon comment comprendre que certains mandats qui datent de 2023 et dont le montant n’excède pas les 175000 F CFA sont relégués au second plan pour payer des dizaines des millions aux recommandés de certains barons du régime.
Cette injustice qui aurait dû être un lointain souvenir a encore pignon sur rue au Mali Koura. Mêmes les cas sociaux ne sont pas pris en compte. Autrement dit ceux qui ont des mandats et dont un membre de sa famille est en instance d’évacuation sanitaire urgente, avec toutes les preuves à l’appui, ne sont pas payés. Et pourtant bien que les opérateurs économiques ne soient pas payés par le trésor, ils subissent la pression des impôts qui leur exigent le paiement à date échue de leurs déclarations au risque d’être pénalisé. Comment un pays en crise multidimensionnelle gravissime on peut sevrer les résilients opérateurs économiques de leurs droits ? Ils ne demandent que leurs dus et surtout un traitement équitable, voire une répartition équitable du peu de ressources dont le trésor dispose.
Le Président de la transition va-t-il prendre à bras le corps l’affaire du trésor afin que les opérateurs économiques et autres fournisseurs puissent être traités sur le même pied d’égalité ou d’équité ?
Les pauvres opérateurs dont certains ne sont que des fournisseurs qui se battent au quotidien pour subvenir aux besoins de leurs familles, déçus, ont désormais les regards tournés vers le Président de la transition pour mettre fin à l’affairisme au sein du trésor. Le Colonel Assimi Goita est le dernier espoir des opérateurs économiques qui ne savent plus à quel saint se vouer. Il doit taper du poing sur la table pour demander au ministre de mettre fin à cette injustice. Il doit donner des consignes fermes à son ministre de l’économie afin de penser à ces pauvres maliens qui n’ont d’autres sources de revenus que leurs petites activités. Rendre ces opérateurs économiques dans leurs droits serait le plus beau cadeau que le Président offrira à des gens nécessiteux qui sont sur le point de mettre la clef sous le paillasson faute des moyens.
Quid du ministre de l’économie et des finances sous l’autorité duquel relève le trésor ?
Tout comme le Président de la transition est interpellé, le ministre de l’économie et des finances l’est également à cause de sa proximité avec le trésor. Pour rappel le trésor relève du ministère des finances. Que le ministre Alhousséni Sanou fasse preuve de clémence et de rigueur en imposant aux agents payeurs le traitement équitable et juste entre les opérateurs économiques. Que les recommandations VIP s’arrêtent et que tous les mandants soient traités sur le même pied d’égalité, il y va de la crédibilité du ministre et surtout de la promotion du Mali Koura tant scandé, mais qui est en passe d’être un vain slogan.
Youssouf Sissoko
L’Alternance