Annoncée par le président IBK à la surprise de la quasi-totalité de nos concitoyens, sa rencontre avec son cadet et tout aussi principal adversaire politique, Soumaïla Cissé, a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dernier au palais de Koulouba. Et elle s’est déroulée dans une atmosphère plutôt acceptable au regard du contexte qui prévaut.
» Ça n’était pas une discussion d’amitié et de fraternité » a pris soin de relever le candidat malheureux à la présidentielle de juillet-août 2018, qui ne s’en était pas moins autoproclamé « président de la République élu « . Arguant que « la gravité de la situation » ne se prêtait pas aux effusions.
Cette même » gravité » commandait en outre aux deux hommes- Soumaïla Cissé davantage que son aîné IBK- de ne pas se fourvoyer dans le sujet qui fâche le plus : la question de la légitimité du président déclaré élu par l’instance appropriée qu’est la Cour constitutionnelle. En ne s’embourbant pas dans ce marécage, ils ont confirmé ce qu’on savait d’eux et qui les a placés dans la position privilégiée qu’ils occupent sur la scène politique nationale : ils se dédient corps et biens au Mali et ont à cœur de le sortir de la tourmente où il se trouve actuellement.
Certes, il est trop tôt pour pavoiser. La partie la plus difficile est à venir avec le débat de fond qui va s’ouvrir la semaine prochaine si le calendrier prévu est respecté. La rencontre du 26 février, qui vient de rallumer l’espoir chez les Maliens, a été l’occasion de dresser l’inventaire des défis de toutes natures (sécuritaires, politiques, économiques, financiers, sociaux) auxquels le pays est confronté. Celle attendue dans les jours à venir sera mise à profit pour formuler des propositions de solutions aux défis recensés.
Il importe que les hommes et les femmes qui vont participer aux discussions devant s’ouvrir aient une claire conscience de leur responsabilité dans la page d’histoire qu’ils vont écrire. Avec les terroristes qui frappent le camp militaire de Koulikoro (60 km de Bamako) les bandits qui tuent les casques bleus guinéens à Siby (40 km de Bamako) le conflit Dogons-Peuls qui peut dégénérer en guerre civile, le mécontentement des salariés du public qui gronde tel le Marabounta en période d’éruption, le Mali est plus fragile que jamais.
S’y ajoute qu’avec la prorogation « inconstitutionnelle » du mandat des députés, il est à la lisière d’une rupture démocratique – avec les conséquences désastreuses qui pourraient en découler- si l’Assemblée nationale n’est pas renouvelée au plus tard le 30 juin 2019.
Le temps est donc particulièrement mal choisi pour se livrer à la surenchère, au maximalisme, aux règlements des comptes. Il requiert, au contraire, un dialogue constructeur.
Saouti Haïdara
Source: l’Indépendant