Crispations, désenchantement, replis : de toutes parts, notre société semble vivre un présent sans horizon, avec un passé que nous refusons d’effacer et un avenir que nous n’arrivons plus à imaginer. Face à ce contexte, le « ça ira mieux demain », fait de rustines et de résilience ne semble guère opérer. Pas plus que les discours catastrophistes invitant aux réponses radicales et univoques.
Les maliens vont donc se parler à la faveur de la tenue du dialogue inter-Maliens. Se parler sans langue de bois pour se comprendre. Se comprendre pour se dire certaines vérités et se convaincre que l’heure est grave et que seule une union sacrée autour du Mali est la priorité de l’heure. Il faut le dire, dans l’entreprise du dialogue, il faut du courage, de la souplesse, de l’écoute et du respect. Courage pour soutenir, sans hargne ni passion, une idée. Souplesse pour ne pas rejeter, d’un revers de main, un point de vue juste. L’écoute pour que la discussion soit un véritable échange. Et le respect, en se disant qu’on tire toujours bénéfice de l’autre. Au besoin, y apporter des nuances. L’essentiel est l’ouverture qui indique que l’on soit prêt à accepter un éclairage, à recevoir une lumière.
Dans ce dialogue, il ne s’agit surtout pas d’un tribunal ou du combat d’un camp contre l’autre. Il ne s’agit pas non plus de savoir qui a raison ou qui a tort. Il ne s’agit surtout pas d’un débat académique entre majorité et opposition, entre partis politiques et société civile ou encore entre universitaires et paysans. Il s’agit juste d’un dialogue entre Maliens et sans aucune interférence extérieure, d’un échange fécond sans apriori sur le devenir de notre pays à la lumière des évènements passés et présents.
L’heure de la procrastination est révolue. En aucun cas, nous ne pouvons ni ne devons remettre ce dialogue à plus tard, car chaque instant qui passe est un temps précieux de perdu. Avant d’appartenir à tel ou tel regroupement ou corporation, nous sommes avant tout des Maliens. Et cette appartenance à la même Nation nous recommande d’oublier nos égos et d’être tous égaux devant cette responsabilité historique de redéfinir l’avenir du Mali.
En allant au dialogue, chacun devra faire sienne cette sagesse de feu Amadou Hampaté Bâ qui disait que « Si tu penses comme moi, tu es mon frère. Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m’ouvres un autre monde ».
Source: Salif Sanogo