Rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’une éclipse de la lune ! “Soleil en pleine nuit”, c’est l’appellation que les agents de l’Administration publique malienne, les parents de militaires hauts gradés qui ont pris la fâcheuse habitude de confondre “biens de l’Etat” et “biens personnels”, ont donnée à l’opération coup de poing du samedi dernier menée contre l’usage abusif des véhicules de l’Etat et des Forces Armées du Mali.
En effet, grande fut la surprise des agents de l’État tombés dans les filets des policiers de la Compagnie de la Circulation Routière (Ccr). Des policiers déployés en masse sur toutes les grandes artères de la Capitale et appuyés pour l’occasion par des éléments de la gendarmerie nationale.
Les véhicules de l’Administration publique n’étaient pas les seuls concernés par la traque des policiers, il y avait aussi ceux de l’Armée dont un grand nombre pris aux mains des conducteurs, non porteurs d’uniforme, a été conduit au Camp I de la gendarmerie.
Il faut dire que tous les véhicules saisis n’appartiennent pas réellement à l’Etat. Certains esprits malins ont posé sur leurs véhicules personnels des plaques d’immatriculation destinées à ceux de l’État. On peut dire qu’il était vraiment temps que cette opération “coup de poing” intervienne pour découvrir tous ces véhicules en situation irrégulière qui circulent au détriment des finances de l’État. Une opération salutaire à double titre.
D’une part, elle permet de mettre réellement au service de l’État tous ces véhicules qui étaient exploités pour le compte personnel de leurs détenteurs, bien que leur entretien soit à la charge de l’Etat ; d’autre part, elle permet de donner un sens aux discours de ceux-là qui incarnent aujourd’hui le pouvoir d’État.
Qu’on est loin du temps où le Président IBK disait : “Point de thé dans les services !” ; “fini le temps des véhicules de l’Etat, transportant femmes et enfants au marché !” ; “point d’absentéisme dans les services ! …”
Des opérations de salut public comme celle du samedi dernier doivent se perpétuer dans le temps, et le temps qu’il faudrait pour que les Maliens, à quel que niveau que ce soit, comprennent qu’on ne devrait user et abuser des maigres ressources de ce pays.
La traque ne doit pas s’arrêter aux véhicules de l’Etat. La lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’assainissement de la justice, le contrôle physique des agents de l’Administration et des projets étatiques, l’instauration de l’autorité de l’État… sont entre autres chantiers qui doivent connaître une matérialisation rapide. Le changement ne se décrète pas, il se cultive à travers un juste équilibre entre la carotte et le bâton !
Assane Sy DOLO
SOURCE: Soir de Bamako
