Dans plusieurs communes de Bamako comme à l’intérieur du pays, la question de l’occupation du domaine public par des constructions religieuses, notamment des mosquées, sans attribution préalable dans les documents d’urbanisme, suscite de vifs débats.
Ce phénomène soulève des enjeux à la fois juridiques, sociaux et urbanistiques.
En république du Mali, la construction de lieux de culte, comme tout bâtiment, est encadrée par des normes strictes. Les textes liés à l’urbanisme imposent que tout projet de construction soit conforme aux dispositions du plan. Or, dans certains cas, à Bamako, dans plusieurs quartiers des mosquées sont érigées sur des terrains publics sans que ceux-ci aient été prévus à cet effet. Cela pose un double problème : l’occupation illégale du domaine public, et l’absence de cohérence avec le plan d’aménagement urbain.
Quelles sont les causes de cette situation ? Ce type d’initiative est souvent le résultat d’un déficit de dialogue entre les autorités locales (les mairies, les sous préfectures) et les communautés religieuses. Faute d’espaces dédiés ou de procédures claires pour obtenir des terrains, certaines associations religieuses ou regroupements des chefs de familles optent pour une occupation de fait. D’autres invoquent l’urgence de répondre à des besoins spirituels grandissants face à l’insuffisance des infrastructures existantes.
Les conséquences
Sur le plan juridique, ces constructions peuvent faire l’objet d’arrêtés de démolition ou d’expulsions. Cela peut créer des tensions communautaires, et compliquer le vivre-ensemble. Sur le plan urbanistique, ces initiatives perturbent l’organisation des espaces publics.
Pour éviter ces situations, plusieurs pistes sont envisageables : intégrer systématiquement des zones réservées aux lieux de culte dans les plans d’urbanisme, instaurer des mécanismes de concertation entre autorités et représentants cultuels, et favoriser la transparence dans l’attribution des terrains publics.
La construction de mosquées sur des espaces publics non attribués ne doit pas être vue uniquement sous l’angle de la légalité, mais aussi comme un symptôme d’un manque de régulation et de dialogue.
Djibril Diallo
Source: Arc en Ciel