Le désormais opposant à la transition, en l’occurrence l’imam Mahmoud Dicko coupe le sommeil aux autorités depuis l’annonce de son retour au bercail. C’est dans une courte vidéo de quelques minutes que l’Imam Dicko a coupé court à toutes les rumeurs et supputations en parlant du motif et de ses conditions de séjour avant d’annoncer son retour au pays bientôt. Cette annonce a donné lieu à toutes sortes d’interprétations et mêmes des rumeurs qui circulent et faisant état de sa probable arrestation dès son retour.
Pourquoi l’Imam fait-il toujours tant peur à ses anciens alliés que sont les autorités de la transition
? Le Président Assimi Goita n’a-t-il pas intérêt à coopérer avec Mahmoud Dicko plutôt que de vouloir
le réduire en silence ? Le Dialogue inter maliens ne serait-il pas une occasion idoine pour le Président
de la Transition afin de confier des tâches à l’Imam, quitte à les réfuser ?
Il est, sans conteste, clair que l’ombre de l’Imam Mahmoud Dicko plane sur les faits et gestes des autorités de la transition. En d’autres termes il est l’absent le plus présent au Mali. En séjour en Algérie depuis quelques mois, l’Imam Dicko continue d’occuper le devant de la scène politique et de l’actualité brûlante. Ses partisans regroupés au sein de la CMAS se servent de son nom pour mener certaines actions et jubilent à l’annonce de son retour. Ses détracteurs, dont les plus nombreux sont les tenants du pouvoir et leurs partisans, ne manquent aucune occasion pour lui faire porter le chapeau de tous les maux qui gangrènent le Mali en général et la transition, en particulier et le soupçonnent même d’être l’instigateur des actions pour ne pas dire troubles que ses partisans s’apprêtent à mener dans le pays.
Le Mouvement qui porte son nom, en collaboration avec d’autres formations politiques et des associations de la société civile demande la mise en place d’une transition civile afin de travailler pour le
retour à l’ordre constitutionnel.
Donc le retour annoncé de l’imam ajouté à la crise politico-énergétique, le tout couronné par une
crise sociale sans précédent, les autorités ont des bonnes raisons de s’inquiéter car la coupe des
problèmes commence à être trop pleine, d’où la panique.
Pourquoi l’Imam fait-il toujours tant peur à ses anciens alliés que sont les autorités de la transition ?
L’Imam est considéré comme le bourreau du régime IBK. Tous les membres du Mouvement du 5 juin
Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP sont unanimes à dire que sans son apport dans
le combat contre le régime IBK, son régime n’allait jamais tomber, d’où le sobriquet d’autorité morale du M5. Aujourd’hui en mauvaise odeur de sainteté avec les autorités, l’imam devient une cible
à réduire en silence pour ne pas lui donner le temps à récidiver le même exploit que sous IBK. Il fait
l’objet d’attaques en boucles sur les réseaux sociaux et même de la part des autorités qui le citent sans
le nommer dans beaucoup de situation controversée, comme celle qui oppose le Mali à l’Algérie.
Malgré toute cette campagne de dénigrement à l’encontre de Dicko, l’Imam de Badalabougou reste
toujours populaire et son mythe est loin de tomber. Maintenant la question que l’on est en droit de
se poser est celle de savoir s’il est bon de continuer à le diaboliser ou s’il faut l’amadouer afin qu’il joue le rôle qui est le sien, au cours du futur dialogue que les autorités veulent organiser, surtout qu’il a
un carnet d’adresses très fournis.
Il est très risqué de le marginaliser, car l’Imam à plus d’un tour dans son sac. Le Président Assimi Goita n’a-t-il pas intérêt à coopérer avec Mahmoud Dicko plutôt que de vouloir le réduire en silence ?
Les zélateurs du régime et autres laudateurs du Président Assimi Goita sont à la manouvre pour
non seulement discréditer l’Imam, mais aussi le mettre dos à dos avec le Président de la transition . Assimi ne doit pas tomber dans un tel piège, qui au lieu de lui être bénéfique risque de le nuire gravement.
La situation sociopolitique voir sécuritaire ne plaide plus en faveur des autorités. Toutes les conditions d’une révolte populaire sont réunies, donc Assimi doit parer au plus pressé pour minimiser l’ampleur du mouvement en gestation.
L’Imam Dicko serait la bonne personne pour circonscrire la crise latente. Il ne serait nullement exagéré de dire que la crise sociale, de plus en plus gravissime, est aujourd’hui intenable, alors même
que nous savons que c’est elle qui est la mère de toutes les crises. Une diplomatie à l’interne ou tout simplement une opération de séduction à l’encontre de l’Imam Dicko pourrait être une aubaine pour le
pouvoir.
Le Dialogue inter maliens ne serait-il pas une occasion idoine pour le Président de la Transition afin de confier des tâches à l’Imam, quitte à les réfuser ?
Le Dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation nationale pourrait être le prétexte tout
trouvé pour mener une diplomatie de séduction auprès de l’Imam Mahmoud Dicko afin qu’il intègre
le rang des participants. Mieux encore ne faudrait-il pas confier la délicate, mais pas impossible
mission, de convaincre l’autre partie du conflit à accepter de venir autour de la table du dialogue.
Les leaders de la CMA considérés comme les hors la loi par les autorités de la transition, doivent
bel et bien participer à ce dialogue inter maliens, pour éviter que le dialogue ne soit un monologue
entre les seuls partisans de la transition. L’Imam Mahmoud Dicko a incontestablement un rôle majeur à jouer dans ce dialogue que les autorités ont voulu 100 pour 100 maliens. Tout autre discours
tendant à creuser un fossé entre
Assimi Goita et l’Imam Dicko serait contre-productif et dangereux pour la paix sociale et la stabilité
dans le pays.
En somme, les autorités de la transition ont une nouvelle occasion de rassembler toutes les filles et
tous les fils du Mali. Le Dialogue inter maliens bien que critiqué par beaucoup d’acteurs politiques
et même des observateurs de la scène politique, qui le qualifient de dialogue de trop, il serait indéniablement l’une des voies par lesquelles les autorités pourraient passer pour réunir les maliens,
sans exclusif, autour du Mali.
Youssouf Sissoko
L’Alternance