Depuis l’arrivée de Soumeylou Boubeye Maïga à la tête de l’exécutif, la situation dans laquelle le Mali se trouvait a pris une nouvelle tournure dramatique. Cela est contraire au résultat que le président de la République attendait de lui, du moins à en croire les propos officiels distillés de part et d’autre. Quand Boubeye arrivait, le pays était sur cale. IBK en était à son quatrième Premier ministre sans marquer le moindre point positif au compte de ses propres promesses de campagne. Il était à la recherche d’un messie pour résoudre l’équation difficile de l’insécurité, mettre définitivement fin à la grogne sociale et enfin soigner son image afin qu’il puisse bénéficier de la confiance des citoyens pour un second mandat. Le choix de Boubeye n’était alors pas fortuit. C’est suite à la lecture de ses expériences dans l’administration où il a occupé des postes stratégiques et la réussite dans ses missions à l’époque lui vaut le qualificatif « stratège ».
Dès son entrée en fonction, Boubeye, en voulant forcer l’admiration, s’en mêle les pédales à travers ses faits et propos qui le bloquent carrément dans ses avancées. Il décide de partir à Kidal. Dieu seul sait combien cela a coûté au Trésor public. En cette localité où l’armée et l’administration maliennes sont absentes depuis des années, il courbe l’échine devant les maitres du terroir, acceptant tout. Dans les images de sa présence dans cette partie mère de toutes les rebellions du Mali, on voyait deux drapeaux et l’un appartenait à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui a facilité, sur la base de conditions en sa faveur, l’entrée du PM à Kidal. L’image a choqué plus d’un, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Cette première étape ratée, voilà Boubeye dans la cinquième région où il tient deux langages. Lors de sa première sortie, après sa prise de fonction en tant que PM, à l’intérieur du Mali, Boubeye exprime à Mopti la volonté du gouvernement à collaborer avec toutes les forces présentes dans la zone et qui évoluent pour le caractère laïc et l’indivisibilité du Mali. Peu après, à Bandiagara, il menace de désarmer de gré ou de force les groupes d’autodéfense. Ainsi, le gouvernement s’est retrouvé entre deux feux. D’un côté l’ethnie peul qui l’accuse d’avoir armé des milices contre elle, de l’autre côté les chasseurs qui raisonnent leur action dans une dynamique patriotique à sauver leur terroir menacé par des terroristes sous le regard impuissant de l’Etat.
Du coup, l’Etat perd définitivement le contrôle du centre. Les tueries continuent, les communautés s’accusent mutuellement. Et d’autres n’hésitent pas à lancer un appel à leurs frères d’ailleurs à leur venir en appui pour, dit-on, sauver leur race en voie d’extermination au Mali.
L’Etat autrefois moins représenté, seulement au nord du Mali, perd définitivement le contrôle du centre.
Comme si cela ne suffisait pas, Boubeye, étant responsable de cette situation, décide de s’en prendre à l’opposition dans la capitale malienne. Il lui interdit de marcher pacifiquement et violente les manifestants y compris les acteurs politiques et leaders d’opinion de la société civile. Cette attitude détériore le climat politique. Elle est condamnée avec force par la communauté internationale qui exige le gouvernement à ouvrir un cadre de dialogue avec l’opposition et autoriser sa deuxième marche. Une autre défaite qui enfonce davantage IBK.
Après cela, nous constatons une véritable menace sur le processus électoral. La grève des administrateurs et la protestation du Collectif des régions non opérationnelles suite à la décision du gouvernement de nommer quatre gouverneurs sur les 9.
On est tenté de se poser la question pourquoi tout ça en ce moment ? Boubeye est-il en mission d’IBK pour créer le désordre afin de rendre impossible la tenue de l’élection présidentielle et basculer le Mali dans une dynamique de transition ? L’hypothèse est plausible car si l’on fait une lecture rationnelle de la situation, IBK ne peut pas gagner l’élection présidentielle. Alors il faut créer un climat défavorable avec des stratégies loufoques pour biaiser le jeu politique. Ce constat se fait à deux niveaux. Le régime fait semblant de faire mieux pour la stabilité du pays ; les partis politiques qui l’animent se montrent confiants à la réélection d’IBK dès le premier tour de l’élection présidentielle. Ils font des tapages un peu partout tout en magnifiant le bilan désastreux de leur mentor IBK. Cette politique de pompier pyromane a pour objectif de montrer au reste du monde qu’IBK est pour le Mali, alors qu’en dessous, le pouvoir pose les jalons pour que les élections ne se tiennent pas.
Quel intérêt auront-ils dans la non tenue des élections ? Une transition en faveur des actuels gouvernants ? Si tel est leur esprit, ils ont tout faux car au-delà des politiques, le peuple s’opposera car il n’est pas condamné au mal vivre. Il saura prendre son destin en main si cette thèse venait à être réelle.
IBK et ses hommes doivent aller à la retraite politique car ils sont, et le seront pour toujours, une menace pour le Mali.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays