Kidal (Mali), – Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga a effectué vendredi une visite de quelques heures à Kidal, une première depuis près de quatre ans dans ce bastion de l’ex-rébellion dans le nord du Mali, où une attaque jihadiste la veille a blessé cinq militaires
français.
Arrivé en hélicoptère sur la base de la Mission de l’ONU (Minusma), M. Maïga a été accueilli par le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif. Dans la ville, la sécurité autour de la délégation était assurée par les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), a constaté un correspondant de l’AFP.
“La République fera ce qu’elle doit faire pour tous ses enfants, le Mali est un et indivisible dans sa diversité”, a déclaré le Premier ministre lors d’une rencontre avec les populations de ce bastion de groupes qui ont souvent exprimé par le passé leurs aspirations à l’indépendance.
“Nous plaçons beaucoup d’espoirs en cette visite pour faire avancer l’application de l’accord d’Alger pour que les choses avancent véritablement” en faveur de la paix dans le nord du Mali, a affirmé un porte-parole de la CMA, Mohamed Ag Assaleh. Il faisait référence à l’accord de paix signé en mai-juin 2015 sous médiation algérienne, dont l’application accumule les
retards.
M. Maïga, accompagné par huit de ses ministres, devait ensuite quitter en milieu d’après-midi Kidal pour Gao, la plus grande ville du nord du Mali.
Il a entamé jeudi avec une tournée dans le nord et le centre du pays, par une étape à Tessalit (nord-est), près de la frontière algérienne, où il a dû passer la nuit après le report à vendredi de l’étape hautement symbolique de Kidal, officiellement pour des raisons météorologiques.
Jeudi matin, une attaque contre le camp de la Minusma et de la force française Barkhane y a fait cinq blessés légers parmi les militaires français, selon l’état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.
– Alliance jihadiste –
Le “Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans”, principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, formée en 2017 et dirigée par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, a revendiqué cette attaque.
Dans un communiqué, le groupe affirme que ses combattants sont parvenus à tirer une salve de roquettes sur le camp, “malgré les strictes mesures de sécurité prises par l’ennemi pour accueillir le Premier ministre du gouvernement collaborateur malien”.
Le chef de la Minusma a condamné l’attaque, y voyant une “tentative lâche perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d’entraver ces évolutions positives symbolisées par la visite du Premier ministre à Kidal, qui est un signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali”.
La ministre française des Armées Florence Parly a également estimé qu’il existait “très probablement un lien entre cette attaque et l’intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal”.
En octobre 2016, la présence lors de la rentrée des classes du gouverneur de Kidal lors d’une cérémonie avec levée du drapeau malien avait esquissé un début de retour de l’Etat dans cette zone. L’Etat malien n’avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai 2014 pendant une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, qui s’étaient soldés par une lourde défaite de l’armée face aux rebelles.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature de l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
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AFP