« L’ambassade de France au Mali, est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement, de voir la France évacuer les bases de Bamako, Kati, Gao et Tessalit par les militaires français suite à l’accord signé le 22 juin 1960.
Cela, suite aux évènements du 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance de la France, du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali. La République du Mali a consacré avec la France sur la base de la non ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon gouvernement et de mon parti, ne met nullement en cause, cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction, qu’en moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un Etat jeune, ou d’accord particulier de la défense, les troupes de l’ex puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex colonie, aux côtés des troupes du jeune Etat », c’état en ces propos solennels que Modibo Kéita, premier Président de la république du Mali s’adressait à ses compatriotes pour l’affirmation pleine et entière de la souveraineté de leur jeune Etat.
Pourtant, depuis le 11 Janvier 2013, les soldats français et ceux des Nations Unies sont désormais en place, partout au Mali, pour soi-disant stabiliser notre chère patrie. Ce, au terme de neuf mois d’occupation en 2012 des trois principales régions du Nord par les rebelles et les terroristes narcoterroristes et djihadistes. Au regard de ce statuquo, peut-on encore se réjouir du départ des soldats français, le 21 Janvier 1961, lorsque c’est le Président de la république par intérim, Dioncounda Traoré, lui-même, dépassé par les risques de l’avancée des troupes terroristes qui les a malheureusement fait appel le 10 Janvier 2013, pour sauver son pays ? Certainement que non !
D’ailleurs le 16 Juillet 2014, le Mali et la France ont encore signé un accord de coopération militaire, lequel permettra à la France d’installer au Mali des bases militaires, pour une durée presqu’indéterminée. Dans ces conditions, est-ce que l’on peut afficher un cachet particulier à la célébration de l’anniversaire du départ du dernier soldat français, quand ce dernier est revenu, par notre propre faute, par la grande porte ?
Certes, nous ne vivons plus à la période de gloire de notre armée. La donne militaire a désormais évolué pendant que notre armée restait avec des vieilles méthodes et de vieux réflexes. Sans compter qu’elle a délaissé la formation classique de ses soldats qui ne reçoivent plus de matériels de guerre adéquats pour mener à bien leur noble tâche régalienne de défense du territoire national. Elle ne s’était pas préparée à faire face à une guerre asymétrique dans laquelle l’ennemi se confond avec la population pour attaquer par surprise. Alors que de nos jours, ce ne sont pas les Etats qui s’affrontent en général mais les Etats contre des rébellions et des bandits lourdement armés. Ainsi, l’armée malienne qui demeure en conflit récurrent contre une rébellion armée qui ne cesse de gagner du terrain, même malgré cette présence française et onusienne, n’est plus habileté à avoir le cœur à la fête. Mais plutôt les FAMAS doivent s’atteler à vaincre ses ennemis intimes, c’est-à-dire le MNLA et consorts.
C’est pourquoi actuellement, les autorités maliennes doivent revoir sérieusement la symbolique du 20 Janvier pour notre pays, en faisant tout pour essayer de respecter l’ensemble de ses idéaux. Ils doivent déterminer s’il est actuellement nécessaire de rendre ce jour férié ou pas, d’autant plus que la réalité nous offre autre chose. Sinon, inéluctablement notre patrie va vers la perte totale de son indépendance chèrement acquise le 22 septembre 1960. Vive donc l’armée malienne combative et républicaine qui puisse faire face à sa mission régalienne !
Alfousseini Togo
Source: Canard de la Venise