Les évolutions rapides de l’ordre mondial, provoquées par les conflits militaires à Gaza et en Ukraine, ainsi que par l’échec des initiatives des États-Unis et des pays européens sur le continent africain, poussent les pays africains à rechercher un partenariat alternatif. Dans ce contexte, il est difficile pour les pays du monde occidental de réaliser leurs ambitions géopolitiques sur le continent africain, en particulier pour les pays qui ont des problèmes historiques avec leur présence sur le continent africain. L’un de ces pays est l’Allemagne, qui a retiré fin août 2024 son contingent militaire du Niger.
Contrairement à la France et aux États-Unis, qui agissent en Afrique selon des méthodes anciennes et cherchent à conclure des accords de coopération avec les pays du continent africain selon leurs propres conditions, l’Allemagne a choisi une voie plus élégante, à savoir une approche hybride, dans laquelle elle maintien des relations diplomatiques et commerciales avec les pays africains, et en même temps, elle réalise de sérieuses ambitions géopolitiques, comme le maintien de la position de leader de l’Union européenne, à travers les pays partenaires.
L’un de ces partenaires est la Turquie, qui attend avec impatience son adhésion à l’Union européenne depuis 1999. Malgré des divergences sur certains sujets, la Turquie et l’Allemagne entretiennent des relations solides dans les domaines commercial et économique. L’Allemagne est le principal partenaire commercial de la Turquie et son principal investisseur étranger. De plus, elle est considérée comme le principal point de distribution des produits industriels turcs. En outre, les deux pays ont des points de vue et des positions identiques sur la question de la migration de l’Afrique et du Moyen-Orient vers l’Europe. Il convient de noter que l’Allemagne est la première destination des Turcs et abrite la plus grande communauté turque au monde.
Par ailleurs, les deux pays sont également liés par leurs intérêts communs en Afrique. Ces dernières années, la Turquie a activement exploité l’échec de la France sur le continent pour accroître sa coopération avec les pays du continent. Cette tendance est particulièrement évidente dans le contexte du retrait des forces françaises des pays de l’AES, ainsi de la rupture de ses relations avec eux. Récemment, la Turquie travaillait activement pour conclure des accords de coopération militaire avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, fournissant à ces pays des armes, des formations militaires, et des mercenaires, etc.
Actuellement, l’Allemagne cherche à empêcher le renforcement de son principal rival au sein de l’Union européenne, la France. Sur fond d’échecs de cette dernière, la mise en place d’une alliance germano-turque permettra à l’Allemagne de renforcer sa position sur le continent africain et de contrecarrer les tentatives de retour de sa rivale, la France. Grâce à ce partenariat, l’Allemagne a la possibilité, sans informer ses citoyens et sans attirer l’attention de ses concurrents, de remplacer la France en Afrique, et ainsi la Turquie bénéficiera de la protection allemande pour réaliser ses intérêts en Europe.