Après le naufrage du navire, au large des côtes de l’île italienne de Lampedusa, dans la nuit de mercredi à jeudi et qui a sans doute coûté la vie à 300 migrants, pour la plupart Erythréens et Somaliens. Le navire, parti de Libye, transportait 450 à 500 migrants. Seuls 151 ont été sauvés. C’est l’une des catastrophes les plus meurtrières qu’ait connue l’île, habituée à ce genre de tragédie. Un drame qui provoque une grande émotion en Afrique.
« On n’a plus de place ni pour les vivants ni pour les morts ». Ces mots désespérés sont ceux de la Maire de Lampedusa, Giusi Nicolini.
C’est l’une des catastrophes les plus meurtrières qu’ait connue l’île habituée à ce genre de tragédie. L’Italie observe ce vendredi un deuil national.
Au Mali, comme dans toute l’Afrique, ce nouveau drame choque, notamment tous ceux qui tentent de convaincre les candidats au départ de ne pas quitter le continent, de ne pas prendre des risques inconsidérés.
Joint par RFI, Mamadou Diakité est à Bamako et il travaille pour différentes ONG sur ces questions migratoires. Il dénonce l’indifférence autant de l’Europe que des dirigeants africains.
« Nous sommes choqués. Encore des centaines de morts. C’est vraiment terrible. C’est la tristesse et puis surtout, l’indifférence totale de part et d’autre. Je ne crois pas que l’Europe ouvrira ses frontières. Indifférence également de la part des dirigeants africains qui continuent de ne pas s’occuper de ce problème. Des jeunes Africains continuent de mourir. Parce qu’ils n’ont rien à faire ; pas de travail ; pas de perspectives, la seule solution qui se présente à eux, c’est de partir », a déclaré à RFI, Mamadou Diakité.
Le drame de ce naufrage de migrants clandestins au large de Lampedusa – bien que d’une grande ampleur – est loin d’être un cas isolé. De nombreux bateaux ne terminent pas leur traversée entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Ce phénomène touche aussi des embarcations tunisiennes. Depuis la révolution, les départs illégaux se sont multipliés. 30 000 Tunisiens ont pris clandestinement la direction de Lampedusa, située à 140 km.
Le jour du naufrage meurtrier, jeudi, deux autres embarcations de fortune sont parties de Zarzi, en Tunisie, et arrivées – elles – à bon port, assure le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Selon le directeur du FTDES, Alaa Talbi, joint par RFI, « Ni la mort ni le nombre de naufrages ne peuvent empêcher les jeunes d’essayer d’atteindre leur rêve, en Europe. Ils n’ont aucun espoir en un changement réel dans leur pays », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Il ne faut pas voir cette problématique uniquement d’un point de vue sécuritaire. Pour moi, les autres alternatives sont d’ordre économique et social », a-t-il conclu.
Selon le FTDES, les chômeurs ne représentent que 22% de ces migrants. La plupart sont soit étudiants soit diplômés.
Au Sénégal, la correspondante de RFI s’est rendue à Thiaroye-sur-Mer, un village de pêcheurs, aux portes de Dakar. A Thiaroye, près de la moitié de la population a tenté le voyage vers l’Europe. Si certains ont pu passer, d’autres sont morts. RFI a recueilli le témoignage d’Abdoulaye, un instituteur.