Rien ne va plus entre le régime d’IBK et Housseini Amion Guindo dit Poulo, ministre des Sports.
Les causes immédiates de ce divorce ont trait à l’installation du nouveau bureau de la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT). Bien que les délégués à l’assemblée générale aient été convoqués hors des délais statutaires et que leur mandat n’ait pas été bien authentifié, le nommé Mamoutou Touré alias Bavieux s’est fait proclamer, le 8 octobre 2017, nouveau président de la FEMAFOOT, à la tête d’un bureau de 21 membres. Son titre sera immédiatement contesté par un autre président autoproclamé du nom de Salaha Baby. Problème: le bureau de Bavieux obtient le soutien des plus hautes autorités du pays, qui demandent au ministre des Sports de le reconnaître. Refus catégorique du ministre Poulo.
Le ministre juge, en effet, la désignation de Bavieux parfaitement illégale. En outre, il est ulcéré de voir figurer dans le bureau de Bavieux tous les responsables sportifs qui l’avaient combattu aux côtés de l’ancien président de la FEMAFOOT, Boubacar Baba Diarra. Poulo conclut donc à un complot de la part du Premier ministre qui l’avait dessaisi du dossier de la FEMAFOOT pour le confier au ministre du Commerce, Abdelkarim Konaté dit Empé.
Un proche de Poulo nous confie sous le sceau de l’anonymat: « Si Poulo a dissous le bureau de Boubacar Baba Diarra, c’était pour faire prévaloir la parole du chef de l’Etat qui avait demandé, en vain, à Boubacar Baba Diarra de se réconcilier avec ses nombreux adversaires suspendus ou radiés de la FEMAFOOT. C’était aussi pour pacifier l’espace sportif, organiser des élections crédibles et éviter que la crise se perpétue au sein du football national. Mais dès que Poulo a dissous le bureau de la FEMAFOOT, il a été combattu par Diarra, mais aussi au sein même du gouvernement. Un ministre s’est même permis d’écrire à la FIFA que la dissolution du bureau de Diarra n’engageait que le ministre des Sports, et non le gouvernement! Pour finir, le dossier lui a été retiré par décision du Premier ministre et il n’a plus été associé à aucun règlement. C’est au moment où une nouvelle crise se profilait à l’horizon que le chef du gouvernement lui a demandé de reprendre le dossier. Il a refusé car il ne tient pas à passer pour celui par qui toutes les crises arrivent. Il a exigé que le Premier ministre lui fasse le bilan des actions du Comité de médiation dirigé par Empé. Il a aussi exclu de travailler avec le bureau dirigé par Bavieux. Poulo demande enfin des explications sur la reconnaissance par les plus hautes autorités du bureau de Bavieux qui a pour socle les fidèles de l’ancien président de la FEMAFOOT Boubacar Baba Diarra ».
En attendant que le chef de l’Etat se prononce sur les exigences de Poulo, celui-ci a présenté sa démission. Mais une démission verbale qui pourrait être rétractée si le ministre obtenait satisfaction. Depuis deux semaines donc, le ministre ne travaille plus. Il a même interdit à ses services de recevoir le moindre courrier en provenance de la FEMAFOOT ou relatif à cette fédération. Hier dimanche, il se trouvait dans son fief politique de Sikasso.
IBK a du pain sur la planche
En vérité, cette affaire tombe au pire moment pour BK. Alors qu’il a lancé une vaste entreprise de conquête de l’opinion publique en vue de sa réélection en 2018, le président va devoir régler au plus tôt un contentieux dont il se serait bien passé. Et il ne dispose pas, en la matière, de mille options:
– soit il désavoue le Premier ministre et le bureau de Bavieux, ce qui risque de semer davantage la zizaine au sein du RPM déjà miné par les bouderies de son leader formel, Bocary Tréta;
– soit il abandonne Poulo en acceptant sa démission: dans ce cas, il devra tirer une croix sur la CODEM, troisième plus grand parti de la mouvance présidentielle et dont Poulo tient les rênes. Une défection de la CODEM affaiblirait au plus haut point cette mouvance car elle précipiterait le départ, déjà annoncé, de l’ADEMA qui veut investir son propre candidat à la présidentielle.
Tiékorobani
Source: .proces-verbal