Cette unité moderne qui exporte 70% de sa production a coûté 4 milliards de Fcfa. Elle emploie une cinquantaine de personnes
Mme Kané Rokia Maguiraga a débuté lundi sa mission de terrain par une visite guidée des installations du nouveau abattoir privé dénommé Laham industries, situé dans la nouvelle zone industrielle de Kayes. Le directeur financier, Amadoun Touré, a donné les explications sur toute la chaîne de production de cette installation qui a coûté 4 milliards de Fcfa. Cette unité moderne, financée à 80% sur fonds propre, emploie 50 personnes. Elle a une capacité de production de 300 bovins et 900 ovins par jour. Elle est tournée exclusivement vers l’exportation de la viande et des abats.
Cet abattoir répond ainsi à une volonté politique du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. C’est aussi est la promotion du sous-secteur élevage, a souligné Mme le ministre qui s’est félicitée de la visite. Elle s’est assurée que l’abattoir qui est tourné vers l’exportation de la viande de qualité, entre dans les objectifs du département de valoriser davantage la consommation de produits carnés.
Par ailleurs, l’abattoir moderne de Laham industries exporte 70% de sa production vers le Sénégal et le reste est distribué entre les sociétés minières et les hôtels de la capitale essentiellement. Toutefois, a relevé le directeur financier, une dizaine de boutiques vend la viande sortie de son abattoir sur le marché de Bamako.
Amadoun Touré a néanmoins indiqué que l’unité est confrontée essentiellement à des difficultés d’approvisionnement d’animaux de qualité. En effet, son entreprise doit impérativement respecter les normes d’abattage avec des poids vifs oscillant entre 200 et 300 kg.
Or sur le marché, les marchands sont habitués à la vente à l’œil et ne veulent pas se plier aux exigences de l’entreprise.
Corroborant cette difficulté, le ministre a reconnu que la localité de Kayes dispose d’une ceinture d’éleveurs qui font de l’embouche bovine dans le périmètre de la ville. Fort opportunément, Laham industries a sollicité le département pour la création d’un tel parc d’emboucheurs qui seront formés aux meilleures techniques pour la production industrielle. Le chef du département a indiqué que le ministère s’emploiera à encourager cette installation à travers des projets qui vont intervenir dans la Région de Kayes.
Elle a salué les efforts de Laham industries à moderniser la production industrielle de viande et autres produits carnés. «Nous travaillerons ensemble afin que les opérateurs perçoivent l’opportunité de s’installer de façon durable sur ce créneau», a assuré Mme Kané Rokia Maguiraga.
Après cette visite, la délégation ministérielle a rencontré dans la petite salle de conférence de la direction régionale des productions et des industries animales de Kayes, les éleveurs, marchands de bétail et les bouchers de la localité. Les directeurs régionaux des productions et des industries animales et des services vétérinaires, respectivement Kalifa Dembélé et Dr Boubacar Kanouté ont fait chacun une brève présentation de la situation pastorale et sanitaire dans la Région. Kalifa Dembélé a assuré que sa structure était déjà en pourparlers avancés avec les marchands pour tenir une vente promotionnelle des animaux à partir du 9 juin.
Le président des éleveurs de Kayes, Alkaou Touré, a pointé du doigt la cherté de l’aliment bétail. Il a révélé que son organisation a payé à la société Achcar qui refuse de lui livrer la marchandise sous prétexte que le gouvernement lui doit de l’argent. «Nos multiples démarches n’ont pas abouti. En attendant, les animaux souffrent du manque de fourrage et nos camarades qui voulaient faire de l’embouche sont découragés par les agissements de la société Achcar», a déploré Alkaou Touré. Avant de fustiger l’augmentation du prix de l’insémination artificielle qui est passé de 10.000 à 30.000 Fcfa l’acte. Ce qui n’est plus à la porte des éleveurs modestes.
De son côté, le président du syndicat des marchands de bétail et bouchers de la Région de Kayes, Baya Djigué, a aussi déploré les tracasseries routières relatives à l’importation de tourteaux. «Nous payons des taxes superflues qui ne sont reversées au Trésor public», a dénoncé le syndicaliste. Avant de poursuivre «pourquoi des pays comme la Mauritanie exonère de toutes taxes, les importations de tourteaux, le Sénégal applique un taux forfaitaire de 40.000 Fcfa par camion, et le Mali applique la TVA de 18%. Ceci contribue à renchérir le coût d’acquisition de l’aliment bétail pendant que la production interne est nettement insuffisante».
Il a indiqué qu’à cause de cette insuffisance, la tonne de tourteau est cédée à 200.000 Fcfa à Sikasso, entre 215.000 et 225.000 Fcfa à Kayes, alors qu’il y a 4 mois, elle se vendait entre 130 et 135.000 Fcfa. Au Burkina Faso, la tonne coûte 100.000 Fcfa. «J’ai pris des renseignements sur l’Égypte qui peut nous fournir de l’aliment bétail à bon prix, mais, la TVA qui y sera appliquée me décourage», s’est alarmé le patriarche Djigué. Mme le ministre a pris bonne note des doléances évoquées par les acteurs qu’elle est venue solliciter. Une réponse convaincante a été trouvée au renchérissement de l’insémination artificielle. D’après le spécialiste, c’est la pénurie d’azote liquide dans lequel sont conservées les semences animales qui a provoqué la montée des prix. Car, l’acte est subventionné, mais, l’éleveur qui veut recourir à la méthode doit acheter en pharmacie l’azote qui est cher. Il a assuré qu’une commande d’azote liquide est en passe d’être satisfaite par le centre national d’insémination artificielle (CNIA), elle pourra permettre de ramener le prix à 10.000 Fcfa. Cette information a beaucoup réjoui les éleveurs.
Pour assurer une bonne alimentation du bétail, le chef du département a conseillé les cultures fourragères ce qui permettra de baisser la tension sur l’aliment bétail qui du reste ne doit être qu’un complément, et non une panacée. Mme Kané Rokia Maguiraga a réitéré son message de solidarité tout en promettant qu’elle transmettra les doléances relatives à l’exonération de l’importation de l’aliment bétail et toutes les autres préoccupations.
Sur les ventes promotionnelles envisagées, le département doit s’assurer d’autres aspects qui lui échappent et qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, pourraient faire capoter l’initiative à savoir les tracasseries routières.
Des marchands de bétail s’étaient plaints de la pratique pour justifier les prix finaux appliqués. Légitime, mais évitable.
Moriba COULIBALY
LE MINISTRE APPELLE LES ÉLEVEURS DE DIÉMA À LA SOLIDARITÉ
Le chef du département de l’Élevage et de la Pêche, Mme Kané Rokia Maguiraga, a rencontré dimanche au marché à bétail de Diéma les éleveurs et marchands de bétail. Le choix du lieu de la rencontre est l’expression de la convivialité, de l’estime et de la considération que le département en charge de l’élevage porte à l’endroit des acteurs de ce sous-secteur vital pour l’économie nationale. C’est pourquoi, Mme Kané Rokia Maguiraga a tenu à les rencontrer sur leur terrain de transactions commerciales, à savoir le marché à bétail de la localité.
Elle a planté le décor en disant qu’elle est venue solliciter au nom du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita et du gouvernement, la solidarité des marchands de bétail pour approvisionner les marchés de la capitale à des coûts raisonnables. En fait, le département, à la veille des fêtes religieuses, organise des ventes promotionnelles de moutons et de bœufs afin de permettre aux familles modestes d’accéder à la viande de qualité et à un coût raisonnable. Mme le ministre était donc venue solliciter les éleveurs à participer à cette activité du département. Elle a ainsi véhiculé ce message afin que cette couche de la société, actrice incontournable du développement, puisse manifester sa solidarité envers les ménages à l’occasion des ventes promotionnelles d’animaux.
Mme Kané Rokia Maguiraga a aussi écouté et échangé sur les difficultés rencontrées et vécues par ces acteurs. Ainsi, Sadio Tounkara, porte-parole de l’association des marchands de bétail de Diéma, a tiré la sonnette d’alarme en indiquant que la campagne pastorale est des plus difficiles vécue par les animaux. en raison de la mauvaise pluviométrie enregistrée, les animaux n’ont plus d’herbe à brouter et les points d’eau que sont les 2 mares dans lesquelles les bêtes s’abreuvaient sont asséchés depuis longtemps. «Nous enregistrons des cas de mortalité presque chaque semaine. Les cadavres d’animaux sont visibles dans la brousse où, les animaux errent sans cesse à la recherche d’eau», a signalé Sadio Tounkara.
«Le chargement d’une charretée d’herbe sèche coûte 5000Fcfa et le sac de 50 kg de tourteau coûte ici 11500 à 12500Fcfa. A ce rythme, où voulez-vous que l’on puisse aller avec nos animaux. Et pour ne rien arranger, la campagne céréalière a aussi été très mauvaise. De ce fait, en plus d’assister impuissants à la mortalité continue des animaux, nous avons aussi faim», a-t-il ajouté. Ses camarades Sadio N’Diaye et Oumar Barry se disent très tristes de vivre une telle situation sans assistance. «Dans ces conditions, comment voulez-vous que nous puissions empêcher les jeunes d’émigrer même au péril de leurs vies», a dénoncé Sadio N’Diaye.
Mme Kané Rokia Maguiraga a promis que son département va rapidement mettre en route des stratégies pour atténuer la tragédie que vivent les ménages face à la mortalité des animaux par manque d’eau et de fourrage. D’autres collègues du gouvernement seront informés de la situation alimentaire précaire du cercle. Ils prendront des mesures nécessaires pour amoindrir la souffrance des ménages, a promis le ministre de l’Elevage et de la Pêche.
M. C
Source: Essor