La polémique enfle à cause des propos du ministre espagnol des affaires étrangères. José Manuel Albares a évoqué l’éventualité d’une intervention de l’Otan au Mali
Les différents experts de la sécurité internationale interrogés, s’accordent sur le fait qu’il est normal que l’Otan dans son ensemble puisse se concerter dans le but d’évaluer les dangers qui la guêtent sur plusieurs fronts.
La situation dans le Sahel est revenue plusieurs fois dans les discussions, pendant le sommet de l’Otan qui s’est achevé ce jeudi (30 juin) à Madrid.
“Pas d’intervention militaire étrangère”
Mais, si le ministre espagnol des Affaires étrangères a évoqué dans les médias de son pays qu’une éventuelle intervention de l’Otan pourrait avoir lieu à l’avenir, la réponse des autorités maliennes de transition est claire.
Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission de défense et de sécurité au sein du Comité national de la transition martèle : “Nous retenons seulement ce qu’a dit déjà notre ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, que le Mali n’a pas besoin de la présence d’une armée étrangère pour assurer sa sécurité.”
La migration irrégulière était également l’une des préoccupations des pays membres de l’Otan en sommet. Selon les chiffres de la Commission européenne, jusqu’en avril dernier, plus de 340.000 migrants en situation irrégulière sont arrivés en Espagne et plus de 240.000 en Italie.
Mais, une autre raison explique aussi l’inquiétude de l’Otan, nous dit Sidylamine Bagayoko, professeur d’anthropologie à l’université de Bamako :
“Faisons attention, il ne faut pas que le Sahel, le Sahara tombent aux mains des djihadistes. Sinon, l’Europe sera attaquée. Même si nous sommes concentrés sur le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, nous avons un oeil sur ce qui se passe au Sahel.”
Le Mali et la Libye, deux contextes différents
Pour les pays de la région du Sahel, l’insécurité qui les affecte est la conséquence de l’intervention de l’Otan en Libye en 2011. Le djihadisme se répand vite aux pays situés au sud de la Libye, notamment le Burkina Faso, le Niger, le Mali voire au-delà.
Mais, selon Federico Santopinto, chercheur au sein du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) basé à Bruxelles, le contexte dans lequel l’Otan est intervenue en Libye est loin d’être comparable à la situation au Mali :
“Cela me paraît très difficile. La Libye était une exception; il y avait une guerre civile, il y avait une situation bien particulière. Et il faut dire que l’intervention en Libye n’a pas été un succès, vu la suite que cela a donné. Bien que le Mali soit profondément instable, c’est un pays qui a un gouvernement.”
Jusque-là, l’Otan ne s’est pas officiellement prononcée sur les propos de José Manuel Albares, le chef de la diplomatie espagnole.
Source: DW