Wagner a-t-il maintenant avoir le champ libre pour la sécurité au Mali ? La Russie officielle va-t-elle réchauffer des rapports vieux de plusieurs décennies ? On n’a pas fini de parler de la France et du Mali car entre la Transition [malienne] et l’Élysée et le Quai d’Orsay c’est vraiment une fâcherie homérique !
La junte au pouvoir au Mali a dénoncé le 2 mai les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, mettant fin au cadre juridique de l’opération Barkhane. Une rupture unilatérale, prélude à une officialisation des relations avec d’autres partenaires, dont la sulfureuse société russe Wagner, analyse “Aujourd’hui au Faso”.
À travers cette déclaration [télévisée, faite le lundi 2 mai 2022 par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien], le pouvoir de Bamako, dénonce les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, fustigeant les “atteintes flagrantes” de la part des forces françaises présentes dans le pays à la souveraineté nationale et de “multiples violations” de l’espace aérien malien.
Cette dénonciation, mettant à exécution une menace agitée depuis des semaines, constitue une nouvelle manifestation de la dégradation des relations entre les autorités dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 et les anciens alliés du Mali dans le combat contre les djihadistes.
“Les autorités maliennes rompent les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France”, a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, sur la télévision nationale.
“Depuis un certain temps, le gouvernement de la République du Mali constate avec regret une détérioration profonde de la coopération militaire avec la France”, a-t-il expliqué.
Il a notamment cité “l’attitude unilatérale” de la France lors de la suspension en juin 2021 des opérations conjointes entre les forces française et malienne, l’annonce en février 2022, “encore sans aucune consultation de la partie malienne”, du retrait des forces Barkhane et Takuba, et les “multiples violations” de l’espace aérien malien par les appareils français malgré l’instauration par les autorités d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire.
Les raisons d’un divorce
La glace qui sépare le Mali et la France vient encore de s’épaissir avec ce gros pavé militaro – diplomatique que vient de jeter le Mali dans la Seine : il “dénonce” les Accords de défense qui le lient à l’ex-Métropole. Après le renvoi de l’ambassadeur français, celui de Barkhane pour insuffisance de résultats dans la lutte contre le terrorisme, voici le pinacle de cette escalade avec la rupture des Accords de défense.Tenus secrets pour tous les pays qui les ont scellés avec la France, ces Accords n’ont jamais été rendus publics. Néanmoins, on sentait la chose venir via les charniers de Moura [le massacre de Moura a lieu du 27 au 31 mars 2022, et est attribué aux forces armées maliennes et aux mercenaires russes du groupe Wagner] et de Gossi [un charnier aurait été découvert près de l’ancienne base française de Gossi le 19 avril 2022], on savait qu’entre la France et le Mali, un dégel était inenvisageable. C’est l’issue inéluctable de deux pays qui ont des liens historiques (de colonisateur à colonisé) mais, comme un couple. Ces derniers temps, les raisons d’un divorce se sont accumulées. Et après la séparation de corps ce divorce était quasi certain. Serait-ce avec la Russie que va signer le Mali de nouveaux accords ?