Au dos de son maillot, son prénom, Salam : «Paix» en Arabe.
A 17 ans, Abdou Salam Ag Jiddou porte le numéro 10, celui des Pelé, Zidane ou Messi. Un numéro mythique pour un joueur dont la carrière internationale se profile. Il tape le ballon depuis l’âge de 7 ans, d’abord pieds nus, comme tous les gamins du pays. Puis il fait ses lacets à l’académie Jean-Marc Guillou de Bamako, connue pour construire l’élite du football africain. Les spécialistes parlent rapidement de ses qualités hors du commun : sa lecture de jeu, sa technicité, sa générosité. Le joueur fait marquer et marque des buts… autant que les esprits. En 2015, au Sénégal, il est sacré champion de toutes les académies de l’Afrique de l’Ouest. En octobre, en Inde, le prodige brille au Mondial des moins de 17 ans avec un superbe but en pleine lucarne néo-zélandaise : un modèle du genre qui passe encore en boucle sur le Net. L’équipe malienne finit quatrième derrière le Brésil, l’Espagne et l’Angleterre. Quelques mois plus tôt, en mai, au Gabon, elle était sacrée championne d’Afrique pour la deuxième fois consécutive. Aujourd’hui, le joueur est lorgné par l’Europe. Il participait ces jours-ci à une séance de tests à l’AS Monaco. D’autres clubs sont aussi sur les rangs. A force de travail et de discipline, Abdou Salam est devenu un exemple pour les jeunes et les moins jeunes.
Il ne fait pas que marquer, il rassemble
Dans un pays en proie à la violence, ses paroles sonnent comme un espoir de réconciliation : « Pour être un bon footballeur, il faut avoir l’esprit d’équipe. Pour avoir des opportunités, il faut être soi-même une opportunité. Faire une passe décisive si son coéquipier est mieux placé et a plus de chance de marquer est plus important que d’essayer de marquer le but soi-même. » Les messages du sportif appellent à l’entente entre tous les Maliens. « Je suis le premier et le seul Targui à porter jusque-là les couleurs de l’équipe nationale du Mali. C’est une fierté pour moi de défendre le drapeau de mon pays et de le hisser très haut. Ce que je demande à mes frères touareg, c’est de croire en leur potentiel. Il ne faut pas juste rêver, il faut croire en soi-même et travailler dur pour y parvenir. Et j’espère qu’il y aura certainement d’autres jeunes talents touareg qui vont intégrer les différentes sélections du Mali, pas seulement dans le football. » Abdou Salam Ag Jiddou fait mieux que l’Onu, paraît-il.
Bien plus efficace qu’un traité de paix, il montre ce qu’être malien signifie. Car un Targui, fi er de son identité, est aussi un Malien. « Ce garçon suscite notre admiration à tous. Il est non seulement un modèle pour notre communauté, mais également la preuve que, au Mali, différentes cultures peuvent cohabiter en harmonie. Nous, Maliens, sommes tous derrière lui et fiers de l’être », explique Khadija Walet, étudiante targuie. Sur son maillot, le jeune milieu de terrain a inscrit son prénom, Salam comme la « paix »… qu’il souffle via le ballon rond. Et il ne fait pas que marquer, il rassemble. Sory I. Konaté, journaliste sportif, ne s’y trompe pas : « Peut-être que, grâce à ce jeune, les politiques sauront mettre de l’eau dans leur vin et ouvriront enfi n les yeux sur le fait que nous avons un destin commun. » Dans ce match pour la nation, guère de perdants en effet, mais une victoire partagée.
Source: parismatch