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Le jeu d’intérêts

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En Afrique, 2013 a été caractérisée par une double intervention militaire de la France au Mali et en Centrafrique. Protéger les civils et arrêter les mas­sacres sont les arguments annoncés par les autorités françaises.

Le 11 janvier 2013, l’armée française est intervenue au Mali à la suite de mouvements, vers Bamako la capitale, de groupes armés islamistes qui dominaient tout le nord du pays. L’opération Serval menée par l’armée française a pu combattre les groupes liés à Al-Qaëda et les pousser à livrer le nord et la capitale. Le ministre français de la Défense a ensuite annoncé que les troupes françaises allaient se retirer après la tenue d’élections présidentielle et législatives.

En outre, et avant la fin de cette année, la France, soutenue par une résolution des Nations-Unies, a décidé le 3 décembre dernier d’intervenir militairement en République Centrafricaine (RCA). « Sanguiris » (papillon aux ailes rouge-sang) est le nom attribué à cette opération militaire qui est entrée dans sa phase opérationnelle le 8 décembre, date à laquelle 800 soldats sortis des casernes hexagonales 72 heures avant ont rejoint Bangui, la capitale.

Ce ralliement porte à 1 600 le nombre de militaires français dans ce pays peuplé de 5 millions de personnes souffrant des conflits depuis plus d’un demi-siècle. Officiellement, l’opération Sanguiris est la réponse à une situation catastrophique. « C’est une réaction humanitaire pour sauver un peuple qui souffre et nous appelle », a déclaré Hollande le 6 décembre, lors du Sommet Afrique-France qui se tenait à l’Elysée. Le secrétaire général de l’Onu s’était joint au président français pour saluer sa décision qui pourra « contrôler le conflit ethnique et religieux » qui « paralyse la Centrafrique ». Finalement, l’Onu a voté la résolution 2 127 autorisant une intervention militaire africaine avec l’appui des forces françaises.

Subite urgence démocratique

Protéger la vie des humains et arrêter les massacres commis par les groupes armés sont les buts annoncés par la France qui insiste sur la nécessité de restaurer la paix et la sécurité sur le continent africain. Mais pourquoi alors cette subite urgence démocratique tandis que cela fait des décennies que ces deux pays souffrent surtout des régimes corrompus. Selon des analystes, il ne s’agit pas de sécuriser la région, mais plutôt de sécuriser les intérêts de la France dans la région. Les intérêts sont la vraie motivation de toutes ses actions. Maher Chaabane, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut des études africaines de l’Université du Caire, explique que les intérêts économiques et politiques sont les vraies motivations de cette ancienne puissance coloniale. « La France recherche l’hégémonie économique et politique en Afrique, et donc elle doit protéger ses intérêts par tous les moyens », dit-il. Car la France possède d’importants investissements, surtout à l’ouest de l’Afrique, et aujourd’hui, elle contrôle une grande part de l’économie centrafricaine. Plusieurs sociétés françaises règnent dans le marché. Depuis l’arrivée de Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013, un ballet d’hommes d’affaires et de lobbyistes français s’illustrent par un activisme en Centrafrique, révèle régulièrement la presse.

Pour le Mali, si c’est l’un des pays les plus pauvres de la planète, son instabilité influencera toute la région, ce qui n’est pas en faveur de la France. « L’intervention au Mali vise à sécuriser l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium extrait dans les mines du nord du Niger, zone désertique seulement séparée du Mali par une ligne sur les cartes géographiques », explique Aymane Chabana, analyste et spécialiste dans l’affaire malienne. Il ajoute que 46 % de la production de l’uranium vient du Niger. Chabana estime aussi que la protection des ressortissants français est une autre raison logique pour une telle intervention avec, en Centrafrique seule, 1 600 Français. Mais la France pourra-t-elle rester longtemps et créer, comme pensent certains, un néocolonialisme ? Chabana pense que la France ne tombera pas dans le même scénario des Etats-Unis en Afghanistan. « Je pense que la France va se retirer dès que sera mis en place un gouvernement qui pourra maintenir ses intérêts », conclut-il .

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