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Le détournement de fonds publics au Sénégal, un label des mairies d’hier aux collectivités locales d’aujourd’hui ! Au fond, elles ne savent faire que cela.

Osons le clamer haut et fort ! En vérité, au Sénégal, les mairies d’hier aux collectivités locales d’aujourd’hui n’ont été et le demeurent d’ailleurs encore que des sources occultes et illégales de financement politique à leur parti au pouvoir. Pour l’histoire, à titre de rappel, le maire de Saint-louis avant l’indépendance, Mare Diop et après l’indépendance le Dr Samba Gueye, maire de Dakar et leurs suivants furent, à leur époque, de généreux pourvoyeurs illégaux de fonds à leurs partis, à travers les fonds publics. Ce financement se faisait par voie de détournements constants des fonds publics qui leur n’étaient que confiés et qu’elles devaient gérer selon des règles précises. D’ailleurs, ces fonds avaient été bien affectés avec précision, à des objectifs bien déterminés et clairement définis. Mais, malgré tout cela, ces maires n’en avaient cure.

Il est peut être important, voire utile de rappeler que naguère, tous les élus municipaux plus leurs maires étaient tous du même bord politique. Ce qui leur permettait de pouvoir, tranquillement, faire de telles magouilles, en cuisine interne entre militants de même parti soit UPS, PS et puis PDS. Par conséquent, il était évident qu’en de pareilles situations, naturellement, c’était la conspiration totale et aucun élu n’osait prendre l’initiative de dénoncer une telle pratique, bien que totalement, illégale et frauduleuse.

En effet, il faut bien noter qu’il y a une grande différence entre le contexte actuel et celui d’alors. Oui, l’époque du parti unique ou dominant est bien révolue aujourd’hui. Comme nous le savons parfaitement tous, à l’époque, les auteurs de tels délits n’étaient nullement inquiétés, car ils étaient tous, sans aucune exception, des militants du même parti, qui plus est au pouvoir en place, par conséquent, toujours couverts par ce dernier. Ainsi, pour ce prétexte fallacieux de leur appartenance au même parti unique ou totalement dominant qui détenait tous les pouvoirs, les maires bénéficiaient d’une impunité totale. Ce qui n’est plus le cas depuis, à peu près 2009 avec la recomposition du paysage diversifié des municipalités du pays.

Ainsi, sur la base de ce qui précède, nous pouvons parfaitement déduire et affirmer, sans risque d’être démentis, que nos deniers publics n’ont jamais été sérieusement, gérés dans la transparence et les règles de l’art par les pouvoirs qui se sont succédé, jusque-là, à la tête du pays. En réalité, nos deniers publics ont été, plutôt, toujours gérés n’importe comment jusqu’ici, par des gouvernants cupides irresponsables, sans le moindre contrôle strict de ceux-là qui, cependant, en avaient la charge et étaient tenus, voire obligés, au regard de la loi. Et le paradoxe, c’est que la situation n’a guère changé, jusqu’à présent. Ce qui démontre parfaitement et de manière crue que l’Administration sénégalaise n’a pas la culture d’audit, de reddition de compte ou de rendre compte de la gestion des fonds publics et autres ressources de la nation sous sa garde. Ou plutôt, elle n’en fait pas une règle générale immuable et une exigence formelle, pour une raison bien simple, à savoir une volonté manifeste de couvrir d’impunité des délinquants, mais des proches, auteurs de telles pratiques frauduleuses de détournements de deniers publics. Des pratiques qui, jusque-là, demeurent encore au Sénégal et dont les auteurs sont toujours impunis quelle que soit, du reste, l’immensité des sommes détournées. Comme en atteste d’ailleurs, les différents rapports des corps de contrôle qui ont eu à épingler nommément au cours de leurs investigations certains gestionnaires délinquants, parfois même des récidivistes, mais sans aucune suite, parce que tous proches du pouvoir.

Il est parfaitement clair que la pratique que l’on reproche à Khalifa Sall n’est donc pas un cas isolé et ne commence pas, non plus, par lui, mais c’est bien une pratique courante, constante et généralisée au Sénégal, de tout temps, dans la gestion des pouvoirs passés comme de l’actuel. Ceci est un fait indéniable et établi de manière irréfutable. Mais aujourd’hui, la composition et la coloration des collectivités locales ayant beaucoup changé, en conséquence, c’est, une nouvelle donne qui intervient dans la gestion des collectivités locales et change fondamentalement, la situation. Ainsi, elle la transforme en lui donnant un autre caractère, c’est-à-dire celui d’une opposition antagonique exacerbée, entre un pouvoir et son opposition. Ce dont Khalifa Sall devait absolument tenir compte au risque de commettre une grave faute politique face à un adversaire qui ne pardonnerait aucune faute surtout fatale. Ainsi, si les faits reprochés à Khalifa Sall sont avérés et effectivement, se sont déroulés tels que rapportés par la presse et certains témoins, sans nul doute, il y a eu une légèreté incontestable de la part de Khalifa. Alors, qu’il l’accepte ou non, mais dans tous les cas, il aura prêté le flan et s’est mis facilement à portée de son adversaire du moment. De surcroît, dans une adversité politique où tous les coups, bas ou tordus, sont permis, parce que justement, c’est une lutte à mort pour le pouvoir qui est en jeu. Mais, entre autres, Khalifa Sall ne devrait pas, tout de même, perdre de vue ou ignorer cet aspect important de la nouvelle situation qui prévaut, en tant que politicien. C’est-à-dire cette différence qui existe entre une collectivité locale en période de parti unique ou mouvance présidentielle et celle d’un multipartisme avec des opposants hostiles au sein du conseil municipal, pour avoir connu et vécu dans la première, au sein de laquelle, tout se faisait dans un unanimisme bon enfant incroyable donc, sans aucune opposition.

Khalifa semble oublier ou perdre de vue qu’il n’a plus un parti fort et homogène ou une mouvance présidentielle qui le soutienne les yeux fermés dans tout ce qu’il ferait, comme Maire. Egalement, il semble perdre de vue que ses alliés dans cette mairie sont circonstanciels car, certains conseillers ont les mêmes ambitions politiques que lui, par conséquent, ils ne sont pas du prêts de l’accompagner en tout, jusqu’au bout. Et, l’éclatement récent, à la veille des législatives de la grande coalition initiale de l’opposition avec Me Wade devrait lui servir de repère, voire de leçon. Mais hélas ! Mais, comme disait l’autre, une erreur politique se paye cash et très chère, une leçon à retenir par tous les politiciens.

Il est bien vrai qu’il y a effectivement, de l’injustice, dans le cas de Khalifa Sall, à cause d’une application sélective de la loi ou de deux poids et deux mesures de celle-ci dans le cas d’espèce. Une discrimination, sans doute, pour des raisons politiques, que nous devons fustiger et dénoncer avec la dernière énergie, afin que tous les citoyens soient égaux devant la loi, en tout temps.

Mais, il n’en demeure pas moins que, sans exception aucune, tout citoyen qui détourne ou détournerait les fonds publics et les ressources de la nation doit être traduit en justice conformément à la loi et, quel que soit le citoyen. Voilà pourquoi, nous devons bien prendre garde chers concitoyens, d’éviter absolument de succomber sous le poids des sentiments affectifs ou par sentimentalisme à l’endroit de quelqu’un, d’absoudre une faute avérée et bien commise ou de vouloir nier des faits avérés de nos amis ou proches. Un tel comportement de citoyen est aussi une faute grave qui conforte et encourage les délinquants à poursuivre leurs forfaits ou une complicité consciente ou inconsciente d’actes frauduleux et nuisibles à l’intérêt général de notre pays. Cela étant dit, nous devons tous, en bons citoyens conscients de notre devoir et de nos responsabilités, nous accorder sur un principe sacro-saint, de la primauté de l’intérêt général sur celui personnel. Ensuite, nous devons tous militer, avec force et détermination, pour l’éradication du détournement des fonds et ressources publics ainsi que de la corruption qui est de même nature dans notre pays.

A cet effet, je rappelle ceci à l’intention de tout le monde : « Alalu mboloo saam la sant bu nu la ko denkeé fek nag ngay gor go maat gor  jub te maandu.  Alal ji ken waruko akimo ak ko manaa doon nak.  Wax ji nak amul xaaj ak sen nepa ci book yem. »

Alors, pendant que nous y sommes, mais pourquoi ne devrions-nous pas faire un audit généralisé depuis les périodes antérieures de tous ceux qui ont eu à gérer hier et gèrent encore aujourd’hui nos fonds publics ou en ont été responsables, afin que notre peuple y voit plus clair ? Une telle opération de grande envergure, c’est sûr et certain, dévoilerait une hécatombe ou un gouffre abyssal que la majorité des Sénégalais est loin de soupçonner. Comme du reste, beaucoup de Sénégalais ignorent totalement, combien les ressources publiques du pays ont été toujours si mal gérées par une bande de dirigeants cupides qui, jusque-là, bénéficie encore d’une impunité inacceptable. En vérité, notre pays a, bien, besoin d’un sérieux et authentique audit généralisé pour montrer à son peuple, combien notre pays a été pillé et détruit par ses dirigeants au passé comme présent. Et, qu’il est bien celui où les détournements de deniers publics ont toujours été le jeu favori des politiciens au pouvoir depuis son indépendance, voire même avant.

Le détournement de fonds publics, sans aucun doute, on peut bien le dire, sans risque d’être démenti, est parfaitement un label des mairies d’hier aux collectivités locales d’aujourd’hui au Sénégal. En effet, on note rarement au Sénégal, dans le bilan des collectivités locales, des réalisations concrètes remarquables à caractère social en faveur ou au service de leurs populations. Le détournement des fonds et ressources publics est devenu un acte banal pour tout gestionnaire proche des régimes en place. Et, par son biais, beaucoup de Sénégalais, sans scrupule, se sont enrichis illicitement pour devenir, comme Me Wade président de la République l’avait déclaré : « J’ai fabriqué beaucoup de milliardaires en cher et en os  au Sénégal » Une telle déclaration, aussi grave et si triste de mémoire, lui aurait coûté, si nous étions dans un pays de droit où la justice fonctionne équitablement, sans œillères, ni à deux vitesses, une mise en examen, au moins après son mandat. Et sa déclaration sur les maires et présidents des collectivités locales leur disant : « Si j’avais appliqué contre vous la loi, vous iriez tous en prison, » Cette déclaration de Me Wade confirme parfaitement, la substance de cette contribution. Elle signifie clairement qu’au Sénégal, le président de la République est à la fois la justice et la loi, autrement dit, sa parole fait force de loi. Telle une monarchie !

Voilà, c’est justement, à un tel état de fait que nous devons rompre définitivement, si nous voulons devenir un réel Etat de droit, dans lequel la justice est pour tous les citoyens et où tous les citoyens sont égaux devant elle, sans distinction aucune ni de religion, ni de race, ni politique, ni d’origine sociale, etc.

La rédaction

 

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