C’est un véritable » j’accuse » que le député de Yélimané, l’honorable Mahamadou Diaby Hawa Gassama vient de formuler en se confiant à nous le mardi dernier. Pour lui, le Premier ministre doit simplement présenter des excuses publiques au peuple malien auquel il a dit » une série de mensonges depuis sa nomination « . Se disant fortement préoccupé par le sort de son pays, ce député URD suggère au président de la République de nommer un nouveau Premier ministre issu du RPM, « comme Dr Bokary Treta » pour redresser sa gouvernance.
L’honorable Mahamadou Hawa Gassama déclare que depuis l’indépendance du Mali, il n’a jamais vu un haut responsable de l’Etat, qui plus est, un Premier ministre se complaire en autant de mensonges. Il a alors répertorié ce qu’il appelle la » série de mensonges » du Premier ministre Moussa Mara, qui doit le pousser à demander pardon au peuple malien.
- Gassama a rappelé que lors de la déclaration de politique générale (DPG) du chef du gouvernement, celui-ci, parlant de l’avion présidentiel, a dit qu’il a coûté 20 milliards F CFA. Alors que le président de la République avait annoncé aux Maliens vivant au Maroc que l’aéronef a coûté 17 milliards. Interpellé sur la différence entre ces deux montants, a rappelé le député de Yélimané, Moussa Mara avait affirmé que les 3 milliards correspondaient aux commissions perçues par les intermédiaires.
Toujours lors de la DPG, Moussa Mara a dit devant la nation que l’avion d’ATT n’avait pas de pièces justifiant qu’il est une propriété du Mali. La preuve a été apportée, selon Gassama que cet appareil est bien immatriculé et a tous les documents attestant qu’il appartient à l’Etat malien. « Au contraire, c’est l’avion d’IBK que Mara dit être la propriété du peuple malien qui été immatriculé dans une île lointaine avec des commissions surfacturées ! « , a-t-il martelé.
Dans la brouille avec le FMI, Moussa Mara dira devant l’Assemblée nationale qu’il est en contact avec sa ministre des Finances, alors en visite à Washington, et qu’une bonne nouvelle était attendue. La suite, on la connaît : c’est plutôt la mauvaise nouvelle de la suspension des décaissements du FMI pour le Mali. Ce qui sera suivi par le gel de la coopération avec la Banque mondiale et l’Union européenne.
En outre, sur sa visite malheureuse à Kidal, explique l’honorable Mahamadou Diaby Hawa Gassama, Moussa Mara avait dit devant l’Hémicycle qu’il avait informé les forces Serval et la MINUSMA trois semaines plus tôt de sa volonté de se rendre dans l’Adrar des Ifoghas. Et que personne ne lui avait déconseillé de s’y rendre. En dehors des responsables de la sécurité qui lui avaient dit qu’il allait essuyer des jets de pierre. Ce à quoi il avait répondu qu’il n’a pas peur de cela ; car on lui avait déjà jeté des cailloux quand il était maire. Et récemment, lors d’une rencontre avec des leaders musulmans, assure l’honorable Gassama, le Premier ministre a avoué que et la communauté nationale et étrangère représentée à Bamako l’ont dissuadé d’aller à Kidal.
Toujours à propos de cette visite à Kidal, à huis clos devant les députés, explique M. Gassama, M. Mara avait dit que c’est lui qui avait conseillé le ministre de la Défense d’alors de ne pas effectuer le trajet de Gao à Kidal (car il était souffrant, sa tension était montée). La suite, on la connaît : le ministre Soumeylou Boubèye Maïga a été limogé pour avoir fauté dans ce dossier… Et l’honorable Gassama d’ajouter que grâce à ces mensonges et de nombreuses fautes, le Premier ministre a mis le Mali en position de faiblesse sur le terrain au Nord et dans le contexte actuel des négociations d’Alger.
Les autres » mensonges » que le député de Yélimané impute au Premier ministre concernent le fait que Moussa Mara a nié les nombreuses fuites au DEF et au Bac, alors que tout le peuple malien a assisté impuissant au spectacle désolant de la vente des sujets d’examen dans les rues de Bamako. Sans oublier que les candidats ont composé en maints endroits avec des décalages horaires impressionnants. S’y ajoute les propos de Mara depuis Kidal disant que le Mali considérait l’attaque rebelle du 17 mai comme une déclaration de guerre et allait réagir en conséquence. C’est le même Moussa Mara qui dira plus tard que l’ordre d’attaquer les positions rebelles n’était pas venu de l’autorité politique, jetant en pâture les forces armées maliennes…
Pour toutes ces raisons, le député Gassama déclare que le Premier ministre doit présenter ses excuses à la nation malienne dont il a compromis l’avenir en mettant l’Etat malien en position de faiblesse dans le nord. Il assure que tant que le président de la République ne limoge pas dans les meilleurs délais l’actuel chef du gouvernement pour le remplacer par un autre issu des rangs de son parti, le RPM, il ne pourra pas réussir sa gouvernance. Et Gassama d’annoncer même que Bokary Treta est celui-là même qui peut bien remplir les charges de Premier ministre. » Il est politique, fondateur du RPM, connaît bien le Mali et ne peut pas trahir le chef de l’Etat. Contrairement à un Moussa Mara qui a son propre agenda politique « , a-t-il souligné. Avant de rappeler l’exemple du président Alpha Oumar Konaré, qui avait nommé sans grand succès Younoussi Touré, Abdoulaye Sékou Sow comme Premier ministre avant de jeter son dévolu sur un certain Ibrahim Boubacar Kéita, membre de son propre parti (l’ADEMA) pouvoir maîtriser la barre du bateau Mali.
Bruno D SEGBJI