Lors du procès du «dépeceur de Montréal» ce lundi, le jury devait se retirer pour délibérer avec en tête une question centrale: l’accusé est-il «fou»? Coupable ou «non criminellement responsable». Les 12 jurés détiennent la clé du verdict en répondant à cette question. «Tout verdict que vous rendrez devra être unanime», a dit le juge Guy Cournoyer dans ses dernières directives aux jurés.
Son avocat plaide la folie
Diagnostiqué schizophrène dès 2001, Magnotta ne distinguait pas le bien du mal, a plaidé son avocat, Me Luc Leclair. «La folie de M. Magnotta ne date pas d’hier. Vous allez devoir vous mettre dans la tête de M. Magnotta pour comprendre ce qui s’est passé», a-t-il lancé aux jurés en les invitant à déclarer son client non coupable. Des psychiatres venus témoigner en sa faveur avaient expliqué qu’au moment du meurtre, l’accusé, un ancien acteur porno, était en pleine psychose, sans aucune idée de la gravité de son geste.Le jury devait se retirer dans l’après-midi à l’issue de ces directives. L’avocat de Magnotta a admis dès le début du procès que son client avait tué et dépecé son partenaire sexuel d’un soir, l’étudiant Lin Jun, le 25 mai 2012. L’accusé a cependant plaidé non coupable à cinq chefs d’accusation pour cause de troubles mentaux. L’accusation s’est employée à réfuter cette thèse tout au long des 11 semaines du procès.
Accusé de meurtre prémédité
L’avocat du ministère public, Me Louis Bouthillier, a soutenu que l’accusé avait «planifié» ce meurtre au moins six mois à l’avance. La preuve, selon Me Bouthillier, un courriel envoyé par Magnotta à un journaliste britannique qui voulait, après une dénonciation de défenseurs des animaux, l’interviewer fin 2011 à propos de vidéos sur internet montrant un inconnu tuant des chatons. «Vous entendrez prochainement encore parler de moi, et cette fois les victimes ne seront pas de petits animaux», avait écrit l’accusé en empruntant un pseudonyme. «Je vous enverrai une copie de la nouvelle vidéo que j’en ferai».
Luka Rocco Magnotta, 32 ans, est accusé de meurtre prémédité, d’outrage à cadavre pour l’avoir découpé, de diffusion de matériel obscène avec une vidéo postée sur internet, d’envoi par courrier de morceaux du cadavre, et de harcèlement vis-à-vis du Premier ministre canadien. Après les faits, il s’était envolé vers Paris puis Berlin, où il devait être arrêté le 4 juin 2012, donnant à cette affaire sordide un retentissement international.
(afp)