Rien n’y fait. L’encre du dernier rapport de l’ONU sur le changement climatique qui a renforcé l’alerte sur l’augmentation des gaz à effet de serre est à peine sèche; les énergies renouvelables ont beau se développer sur les cinq continents, la deuxième décennie du XXIe siècle sera marquée par la suprématie du charbon. Le plus polluant des combustibles fossiles devrait supplanter le pétrole d’ici 2020, selon une étude du cabinet Wood Mackenzie, présentée à l’occasion du Congrès mondial de l’énergie qui s’est ouvert ce lundi à Daegu en Corée du Sud.
L’information a de quoi étonner le public français, conditionné par la prédominance du nucléaire dans le bouquet électrique, mais plusieurs rapports, dont un de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en décembre dernier, ont annoncé l’inexorable progression de la houille.
La Chine, premier consommateur mondial de charbon, explique largement l’avenir radieux de l’énergie phare du XIXe siècle. À lui seul, le marché chinois représentera deux tiers de la croissance globale de la demande de charbon dans les dix prochaines années. La moitié des nouvelles capacités de production d’électricité construites en Chine entre 2012 et 2020 auront recours au charbon, précise Wood Mackenzie. L’Inde n’est pas en reste.
Le principal atout de la houille reste son prix
Les réserves sont toujours abondantes: elles représentent 130 ans de consommation mondiale selon l’AIE. La production de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud et de l’Australie, contribuera à augmenter de 20% les volumes produits d’ici 2020. Le principal atout de la houille reste son prix. Il est actuellement trois fois moins cher que le gaz naturel liquéfié (GNL, transporté par navires) et deux fois moins que le gaz en Europe. Aux États-Unis, l’essor du gaz de schiste depuis cinq ans a provoqué une baisse des prix du gaz naturel, lequel s’est substitué au charbon dans les centrales thermiques américaines. Résultat, des surplus de charbon américain, plus compétitif que le gaz russe, norvégien ou qatarien, se sont déversés sur le Vieux Continent.
Même si les industriels revendiquent construire des centrales au «charbon propre», l’AIE notait au printemps dernier que la moitié des installations achevées en 2011 employaient toujours des technologies inefficaces en terme de pollution.