L’explication est simple : Seydouba Coulibaly était quelqu’un qui avait le sens du partage et l’envie de partager avec les autres ce que Dieu lui avait donné. De Séféto, à Maréna, en passant par Niagané, Kégnéninfé, Karéga, Diougoun, Seydou Coulibaly était connu de tout le monde. Pas parce qu’il était riche, mais plutôt parce qu’il était généreux et irréprochable vis-à-vis des autres.
Seydouba était discret dans tout ce qu’il faisait, surtout lorsqu’il s’agissait de rendre service à une personne, un groupe d’individus ou une communauté. La Grande mosquée de vendredi qu’il a fait construire en 2007 à Séféto, son village natal, en est une parfaite illustration. Dès le lancement des travaux, il a fait croire à la population locale par la voix de son ami Diaba Issa Fofana que c’est un pays arabe qui a financé le lieu de culte. C’est seulement le jour de l’inauguration de la mosquée que les Séfétois et les nombreux invités vont découvrir que le joyau était l’œuvre de Seydouba qui a financé le projet à hauteur de 50 millions de F CFA. “Il (Seydou Coulibaly, ndlr) m’a envoyé l’intégralité de l’argent, c’est lui seul qui a tout financé”, témoigne Diaba Issa Fofana qui a piloté le projet. Et d’ajouter que l’illustre disparu était un homme de foi qui, à chaque mois de ramadan, offrait des produits alimentaires (sucre et riz) à de nombreuses familles et aux imams de Séféto. De même, révèle Diaba Issa Fofana, il a envoyé plusieurs personnes à La Mecque pour faire le Hadj. “On peut faire un livre sur les bienfaits de Seydouba. Sa mort est une grosse perte pour nous car dans l’histoire de Séféto, personne n’a réalisé un projet de telle envergure pour la population”, a terminé Diaba Issa Fofana, la gorge nouée. Enseignant à l’école fondamentale de Séféto et natif du cercle de Séféto, Bandiougou Fofana se souvient également d’un homme de foi qui cherchait toujours à cacher sa générosité. “Chaque ramadan, il faisait une distribution gratuite de riz et de sucre aux huit mosquées du village. Chacune des huit mosquées recevait également une enveloppe”, témoigne Bandiougou Fofana. Selon une habitante de Séféto dont le domicile conjugal se trouve à côté de la famille du défunt, dès l’annonce de la triste nouvelle, les populations du cercle de Séféto ont afflué vers la famille Coulibaly pour faire des bénédictions et présenter leurs condoléances attristées à Nakounté Coulibaly, l’actuel chef de famille de Coulibalyla.
Fils de feu Famoussa Coulibaly et feue Goulou Fofana, Seydou Coulibaly a quitté ses parents, alors qu’il n’était âgé que de 17 ans. Sa première destination sera le Congo où il passera quelques années, avant de prendre la direction de l’Angola. Seydouba est parti du Congo contre l’avis de ses parents établis dans ce pays qui craignaient de le voir pris au piège de la guerre entre la rébellion de l’Unita dirigée par Jonas Savimbi et le gouvernement angolais. Mais le jeune homme avait déjà pris sa décision. Il prend en main son destin et quitte le Congo pour l’Angola. A son arrivée dans le pays alors dirigé par José Eduardo Dos Santos, l’arrière arrière-petit-fils de Sanaha Mory Coulibaly, le fondateur de la grande famille des Coulibaly de Séféto, se lance dans le commerce du diamant. Ses affaires prospèrent vite et en quelques mois, le nom du jeune diamantaire dépasse les frontières angolaises. Selon des Maliens établis en Angola, le natif de Séféto avait plusieurs champs diamantifères qui lui rapportaient des dizaines de millions de F CFA par mois, voire par semaine. Les mêmes sources indiquent que le bureau de Seydouba se trouvait à Nzage, une ville de l’intérieur de l’Angola riche en diamant.
Celui que l’on appelait également par le sobriquet Pedro est mort dans les bras de sa première épouse, Halima Diarra, qui l’avait rejoint en Angola après son admission à l’hôpital Dr. David Bernard Ino Kamanga.
Les Séfétois auraient aimé rendre un dernier hommage à Seydouba dans la mosquée qu’il a fait construire, mais son corps n’a pu être rapatrié et le natif de Kaourou Danane (surnom de Séféto) a été enterré le 31 décembre 2023 au cimetière de Nzage à la demande de ses collaborateurs et de la communauté malienne d’Angola.
Seydou Coulibaly laisse derrière lui deux veuves, cinq orphelins et une population séfétoise meurtrie et inconsolable.
Dors en paix, Seydouba ! “A Barika Allah Yé” (louange à Dieu en français)
Souleymane Bobo Tounkara