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Alousseni Sanou, ministre de l’Economie et des finances: les chiffres et la réalité

Après son homologue de la défense et celle des transports et infrastructures, le ministre de l’Economie et des finances, Alousséni Sanou, était ce samedi 31 mai 2025 l’invité de l’ORTM dans le cadre de l’émission Mali Kura taasira 3. C’est un technicien sûr de ses notes qui assène les performances enregistrées au plan économique, financier et celui de la gouvernance dans un pays où l’on a déjà arraché la queue du Diable. Chiffre à l’appui, Alousséni Sanou égraine ses certitudes, les efforts consentis, et les progrès enregistrés face aux Maliens hébétés devant leur téléviseur.

Dans un Mali kura où de nombreux secteurs sont à l’arrêt en raison de la conjoncture consécutive à la crise énergétique, à l’insécurité, et à la mauvaise gouvernance, le Patron de l’Hôtel des finances soutient que le taux de chômage a baissé et considérablement baissé. Comme au bons vieux temps, le ministre de l’économie et des finances dit que la trésorerie se porte bien, que les chiffres macroéconomiques sont au vert. Donc aucune inquiétude.

Scandaleux taux de chômage
Selon le ministre de l’hôtel des Finances, le taux de chômage est passé de 6.1% à 3.5% de 2020 à 2024, donc soit +3% de progrès et un ratio supérieur à 0,5%. Le progrès est dans son affirmation étonnante énorme… si on sait l’impact de la crise énergétique, du départ de la Minusma, de la fermeture des ONGs. Il semblerait que Sanou a la recette imparable pour la réduction du taux de chômage : l’amélioration de l’efficacité du marché du travail, de la formation et de l’éducation des travailleurs, l’accroissement de la flexibilité du marché du travail. Mais, où est-ce qu’on en est aujourd’hui au Mali en matière d’offre de travail ?
Le ministre de l’Economie et des finance Sanou sait-il qu’entre 2020 et 2025 de nombreux jeunes travailleurs de notre pays ont perdu leurs emplois ? Du jour au lendemain, l’arrêt des ONGs, le départ de la Minusma,la crise énergétique, l’insécurité, et maintenant l’arrêt des financements de l’USAID qui a mis des milliers d’autres à la rue. Les Maliens sont des patriotes, des nationalistes. Ils veulent croire, mais comprendre d’abord, comment le taux de chômage a baissé de 6 à 3% pendant la transition. Parce que l’affirmation qui ressemble à une insulte à leur intelligence dépasse l’entendement. Contrairement à l‘affirmation du ministre Sanou, selon les dnnées de l’INSTAT, le taux de chomage est estimé à 5% en 2024. Cet indicateur est basé sur le rapport EMOP du second passage de 2024.

Selon Alousséni Sanou, par la multiplication par 4 de la subvention des 28 milliards accordés au Fond de garantie pour le secteur privé nous avons non seulement eu 150 milliards de crédits injectés dans l’économie mais aussi un bonus de 17.000 emplois. Grâce à la générosité de la Banque mondiale, à travers le PAFM (Projet d’Accès au Financement au Mali), notre l’Etat a pu créer ‘‘à peu près 17.286 emplois’’. Ne serait que dans ces deux seuls domaines, c’est environ 35.000 emplois créés sur combien de chômeurs créés au même mont. Par Allah Azzawajal, ayons pitié de l’intelligence du Malien. Allah kama.

Taux d’inflation imaginaire
Selon le Ministre de l’Economie et des Finances,
notre cher Mali kura enregistre le deuxième meilleur taux d’inflation sous régional avec 3,2 %.
Pour la BAD, l’inflation de notre pays est passée de 9,7 % en 2022 à 2,2 % en 2023, sous l’effet conjugué de la politique monétaire restrictive de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, de l’approvisionnement ininterrompu des marchés locaux en produits et de l’exonération de 25 % des droits de douane accordée par le gouvernement en contrepartie de la fixation de prix plafonds pour le sucre.
La reprise de l’activité économique devrait se poursuivre, avec une croissance de 4,7 % en 2024 et de 5,3 % en 2025. Cette croissance sera tirée par les activités extractives, avec le démarrage de la production de lithium en 2024, la relance du secteur textile et le développement du potentiel de production et de transformation du blé. Grâce au maintien d’une politique monétaire restrictive, l’inflation devrait continuer à baisser pour atteindre 2 % en 2024 et 1,8 % en 2025
Bémol. Selon le bulletin mensuel des statistiques de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), en février 2025, notre pays a affiché le taux d’inflation le plus élevé au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), s’établissant à 8,3%. Ce taux est en hausse par rapport à celui de 7,6 % enregistré en janvier 2025, bien au-dessus de la fourchette cible de la Banque centrale comprise entre 1% et 3%.
Selon le rapport de l’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) de l’UEMOA, cette hausse de l’inflation est due à l’augmentation des prix des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées (8,2 %), du logement, de l’eau, de l’électricité, du gaz et autres combustibles (11,4 %), des services de restaurants et services d’hébergement (5,8 %), des services de soins personnels, protection sociale et biens divers (12,5 %) ainsi que des services d’information et communication (9,8 %) ».

Subventions inutiles et inopérantes
Le ministre de l’Economie et des finances, fier de ses notes, annonce qu’au cours de cette transition, l’Etat a subvention EDM à hauteur 461 milliards, la Comatex d’environ 2 milliards, l’UMPP d’environ 1,253 milliard pour fabriquer 10 produits AMO), Fonds de garantie du secteur privé à hauteur de 28 milliards, la CMDT de 90 milliards pour soutenir l’économie).
En dépit de brillante énumération, faudrait-il rappeler à l’argentier de la transition qui sait plus que tout autre qu’en économie, une subvention est une aide financière accordée par une entité publique (État, collectivités territoriales) à une entité privée ou publique, sans contrepartie directe, dans le but de financer une activité d’intérêt général ou de corriger une défaillance du marché. Les subventions pouvant être aussi destinées aux entreprises pour les aider à financer leurs investissements, à développer leurs activités ou à faire face à des difficultés économiques. De ce qui précède, on voit bien qu’il ne s’agit de charité d’Etat, fi sabil allah qu’on fait aux Maliens.
Et ce n’est pas de la bonté de cœur que le gouvernement accorde des subventions au secteur de l’électricité, de l’éducation, de l’aide humanitaire, des denrées de première nécessité, de la farine, du gaz, de l’aliment bétail, des outils et intrants agricoles… comme les céréales et les engrais.
Les subventions, qu’elles soient directes ou indirectes, aident l’Etat à stabiliser les prix des produits essentiels, mais peuvent aussi entraîner des distorsions de marché et des coûts budgétaires importants. Les subventions peuvent être utilisées pour soutenir des secteurs stratégiques comme l’agriculture ou l’industrie, favorisant leur développement et leur compétitivité. Les subventions peuvent artificialiser la concurrence, en offrant un avantage injustifié aux entreprises bénéficiant de ces aides. Cela peut désorganiser les marchés, dissuader les investissements dans d’autres secteurs et engendrer des problèmes de corruption.
Les subventions sur les produits de base comme le carburant ou les céréales peuvent permettre de maintenir les prix stables en période d’inflation ou de fluctuations des marchés internationaux, protégeant ainsi les ménages et les entreprises. Globalement, les subventions peuvent être un outil utile pour soutenir l’économie malienne, mais elles doivent être utilisées avec précaution, en veillant à minimiser leurs impacts négatifs et à garantir leur efficacité et leur transparence. Une approche plus ciblée et une évaluation régulière des programmes de subvention sont nécessaires pour assurer leur pertinence et leur impact positif sur le développement économique du Mali.

Problématique financement du PAG 2025-2026
Face aux Maliens, le ministre Sanou réitère ses certitudes. Pour lui, le budget d’Etat 2025 adopté en pièces détachées par le CNT, le 12 et le 19 décembre 2024. Pour 2025, le budget de l’État est évalué à 2 648,900 milliards FCFA en recettes et 3 229,886 milliards FCFA en dépenses, entraînant un déficit de 580,986 milliards FCFA. Aussi, pour prendre en charge les priorités du PAG estimées à environ 1600 milliards, il faut forcément passer par la loi des finances rectificative de juin pour supprimer beaucoup de chapitres afin de prendre en compte les secteurs prioritaires du PAG. La cohérence stratégique voudrait qu’on prévoit d’abord puis on dépense. Mais dans le Mali kura de Sanou, c’est la gouvernance à l’envers : on dépense d’abord, on prévoit ensuite. Sinon avec une masse salariale de 964 milliards, un fonctionnement de près de 400 milliards, près de 400 milliards de services de dettes à payer sans le principal, il est impossible de financer le PAG du Général Abdoulaye Maïga par le budget d’état.

La réalité qui interpelle
A cette contrainte, il faudrait aussi attirer la haute attention du Patron de l’Hôtel des Finances sur le fait que malgré la subvention à la CMDT qu’il brandit comme un trophée, les cotonculteurs partout dans les zones CMDT ne savent plus à quel Saint se vouer et n’arrivent toujours pas à se faire payer. Toutes choses qui impacteront gravement la campagne agricole.
Il en est de même pour la crise énergétique. Malgré 461 milliards se subventions injectées et la ponction de la taxe de 100 francs (Mugan-Mugan) sur les Maliens pour les besoins de la cause, comme Soundjata, EDM n’arrive pas à décoller de ses propres ailes. Conséquence les Maliens sont toujours dans le noir ; avec la promesse d’être éclairés 19h/24.
La question est : à quoi a-t-il servi tous ces milliards de subvention si les Maliens n’ont ni eau ni électricité, si le panier de la ménagère reste troué, si l’Etat ne parvient pas à payer les paysans, si Soudjata traine toujours sur les rails, si la reprise de la COMATEX, de l’UMPP, de Huicoma… reste au stade de vœux pieux, voir à la phase expérimentale, si les nouveaux investisseurs sont toujours confrontés à la concurrence déloyale du marché parallèle.
Faut-il se réjouir des annonces du Ministre des finances à savoir que tous les indicateurs sont dans la bonne tendance et que notre Maliba demeure toujours la 4ème économie de la zone Franc derrière le Burkina, au moment où les Mali pensaient être troisième…
Allah Ka an progoto.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin
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