Les deux stations resteront muettes pendant six mois. Les habitants de la commune de Kanyosha dans la province de Bujumbura sont inquiets : Sans accès à l’internet, ils se voient privés d’informations indépendantes
La suspension des deux radios et la mise en garde de Radio France Internationale font suite au fait que la DW n’est plus présente depuis le saccage de ses repreneurs en 2015.
Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus d’accès aux radios internationales au Burundi.
Isaac Uwimana est un auditeur de Kanyosha. A en croire son témoignage, les habitants de cette commune écoutent plus les radios internationales que locales. ” On écoute souvent la VOA et la BBC parce qu’ils ont des programmes en Kirundi, que la plupart de burundais suivent souvent. La RFI est aussi écoutée mais pas comme la VOA et la BBC “ dit-il.
À Kanyosha, l’accès à l’internet est limité. La radio est souvent le seul moyen de s’informer
La suspension de la BBC et la Voix de l’Amérique, la semaine dernière, inquiète Isaac Uwimana. Car selon lui ” les rumeurs vont se multiplier “. Il y en a déjà beaucoup en ce moment précise-t-il parce que le Burundi est en plaine période pré-électorale. Or la population ne pourra plus compter sur des informations recoupées en provenance des ces radios indépendantes.
Nombre d’auditeurs déplorent donc la suspension des médias dans une période-clé de la vie politique du pays. Beaucoup pensent que le pluralisme de l’information de différents horizons est indispensable pour la population.
” Nous nous inquiétons de la suspension des radios sans préavis “ regrette Dorothée Kwizera. ” On se sert des téléphones portables pour capter les radios. A 18h et à 18h30, on écoutait une grande partie de l’actualité de ces radios suspendues. Donc on ne va plus pouvoir écouter que la radio nationale ! “
Willy Niyonkuru renchérit : ” Il y a les réseaux sociaux qui, souvent, nous apportent des rumeurs. Moins de radios vont travailler dans cette période cruciale pour la vie du pays “. Il craint que cela donne l’occasion à ceux qui utilisent les réseaux sociaux d’exploiter ces rumeurs.
Ramadan Karenga, président du Conseil national de la communication
Ces préoccupations ne sont pas partagées par Ramadan Karenga, le président du Conseil national de la communication. Celui-ci affirme que la régulation ne tient compte que des manquements professionnels, indépendamment de la période électorale.
“Nous régulons les contenus diffusés et publiés. Si vous politisez la question alors moi, en tant que régulateur, je suis déplacé. Nous avons pris nos engagements pour assurer que la liberté de la presse libre et responsable sera protégée par le CNC.”
Certains auditeurs utilisent internet pour s’informer mais la connexion est souvent difficile dans les zones rurales. Par ailleurs, l’analphabétisme et à la pauvreté font que cette source d’information reste secondaire.
Deutsche Welle