Au péril djihadiste s’ajoutent désormais des querelles ethniques. La tension s’étend aux voisins ivoiriens, burkinabés et nigériens.
Au mois d’août dernier, un chercheur en sciences sociales de l’université de Bamako, Naffet Keita, décédait dans un accident de voiture alors qu’il se rendait à une session consacrée à la sécurité du pays. Marianne l’avait rencontré à plusieurs reprises. Les derniers temps, ce spécialiste des questions de développement se montrait très pessimiste sur l’issue du conflit malien. Non sans beaucoup de raisons. L’époque où, de façon très illusoire, tout paraissait simple – le « bien » de la nation, soutenu par la France et son opération « Serval », contre le « mal » djihadiste – semble révolu. Du nord au sud du pays, comme désormais dans le centre, débordant vers le Burkina Faso, le Niger et peut-être demain la Côte-d’Ivoire, il n’y a plus un mais plusieurs conflits actifs et meurtriers, mêlant d’anciennes querelles ethniques autour de l’occupation des terres aux menées de groupes djihadistes bien décidés à en tirer profit.
Depuis 2012, les affrontements intercommunautaires auraient entraîné la mort de près de 1 800 personnes, nettement plus que les pertes dues aux stricts combats contre les fous d’Allah. Et dans les quinze derniers mois, le rythme des massacres n’a fait que s’amplifier. C’est particulièrement vrai dans le centre du Mali mais aussi dans le nord du Burkina, où les tensions multiples entre agriculteurs dogons et éleveurs peuls ne semblent plus devoir s’apaiser et ramènent aux temps anciens, précoloniaux, quand les seconds prirent leur essor dans la région. Longtemps restés à l’écart de l’attraction djihadiste, une partie des Peuls semblent s’être ralliés à la « cause » – moyen, entre autres, de se venger des discriminations et injustices qui les toucheraient tout particulièrement.
Certains d’entre eux ont été identifiés dans l’attentat perpétré sur la plage de Grand Bassam, près d’Abidjan, tandis que d’autres seraient mêlés aux attentats de Bamako et Ouagadougou. Le célèbre prédicateur peul Amadou Koufa, fondateur du Front de libération du Macina, s’est affiché ouvertement aux côtés d’Iyad Ag Ghali, le chef du…
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