20 janvier 1961-20 janvier 2020, l’armée nationale du Mali a 59 ans. Premier précieux outil de souveraineté, Modibo Keita, le premier Président du Mali indépendant a fondé cette armée pour affirmer son désir de prendre en charge toutes les questions liées à la sécurisation des personnes et de leurs biens et à la surveillance du vaste territoire du nouvel Etat trois fois plus grand que la France et qui fait l’objet de beaucoup de convoitises. Depuis sa création, l’armée malienne a participé à des missions de maintien de paix en RDC, au Libéria, en Sierra Léone, en Centrafrique.
Elle a combattu les rebellions cycliques et a participé à la guerre de la Bande d’Agacher contre le Burkina Faso en 1985. Elle serait l’une des armées les plus performantes, les plus professionnelles, si elle ne s’était pas rendue coupable de deux coups d’Etat. Celui perpétré par la junte du Comité Militaire de Libération National, CMLN avec le Lieutenant Moussa Traoré et l’ignoble coup d’Etat perpétré par la Bande d’Amadou Haya Sanogo et compagnie. Ces deux coups d’Etat ont non seulement terni l’image de notre armée, mais aussi et surtout a fait d’elle une armée désormais politisée et toujours aux aguets prête à bondir à chaque fois que l’occasion se présente. Ce cinquante neuvième anniversaire va-t-il être le début de l’introspection et de la prise de conscience de la mission qui est la sienne ?
De sa création jusqu’au 19 Novembre 1968, l’armée malienne était à la fois crainte et respectée. Elle était crainte par les pays voisins du Mali à cause de sa puissance de feu et respectée parce que composée d’hommes de valeurs, de qualité morale et intellectuelle. D’hommes qui n’avaient d’autres ambitions que la défense de la patrie et la préservation de l’intégrité territoriale. C’est pourquoi elle était sollicitée sur tous les fronts dans le cadre des missions de maintien de la paix. Elle a été sollicitée en République Démocratique du Congo ONUC, en 1960- 1964 et MONUC depuis 1999. Même après le coup d’Etat de 1968, l’armée malienne a continué à être sur les théâtres des opérations en Afrique. Ce fut le cas au Liberia en 1990, en Sierra Léone en 1997 et en Centre Afrique en 2000. L’armée malienne n’a pas fait que de participer aux missions des Nations Unies en Afrique, elle s’est également défendue contre les agressions extérieures, comme celle du Burkina Faso en 1985, appelée également la guerre de la Bande d’Agacher ou guerre de Noël, qui n’était rien d’autre qu’un conflit de frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Une bande de terre semi-désertique de 160 km de long et de 30 km de large se trouvant entre le nord du Burkina Faso et l’est du Mali et réputée receler du gaz naturel et des ressources minières.
L’armée malienne n’a pas connu que cette guerre, elle a combattu également les différentes rébellions Touareg de 1962 à 1964, celle de 1990, la rébellion touareg de 2006 et le mouvement indépendantiste touareg en 2012. Ce tableau assez reluisant de l’Armée malienne a parfois été entaché d’erreur. La première de ces erreurs est sa sortie des casernes pour faire irruption sur la scène politique, comme ce fut le cas le 19 novembre 1968. C’est ce jour que quatorze officiers et sous-officiers ont mis fin au règne du premier Président du Mali indépendant, à savoir Modibo Keita. Après s’en est suivie une descente progressive du Mali dans l’abime. Il a fallu un soulèvement populaire en1991 pour venir à bout de cette soldatesque. Elle s’est invitée sur la scène politique encore en 2012, profitant de la faiblesse du régime d’alors, une autre junte militaire, dont le nombre n’est jusque-là pas connu, dirigée par un certain capitaine Amadou Haya Sanogo s’est emparée du pouvoir un 22 mars 2012. C’est ce coup d’Etat qui a fait sauter le verrou et laissé la porte ouverte aux rebelles et aux terroristes qui écument dans le sahel.
En définitive, ce cinquante neuvième anniversaire devrait être le début !
D’une certaine prise de conscience des hommes en uniformes par rapport à leurs missions régaliennes de défense de l’intégrité territoriale et de la sécurisation des personnes et de leurs biens.
Youssouf Sissoko
Inf@sept