La France s’apprête à engager une nouvelle opération militaire sur le continent africain pour faire cesser les massacres et pour empêcher la déstabilisation de sa zone d’influence.
L’Opération «Sangaris» est imminente, moins d’un an après le début de «Serval» contre les groupes jihadistes au Sahel. Si la situation se détériorait encore davantage à Bangui, où des affrontements entre bandes armées ont fait jeudi plusieurs dizaines de morts, les soldats français pourraient même intervenir dans les heures qui viennent. Comme au Mali, la France part sans ses alliés européens, qui rechignent à l’accompagner sur le terrain dans ce que beaucoup considèrent toujours comme son pré carré.
Mais les 1 200 soldats français, qui doivent être déployés en RCA, auront à leurs côtés 3 000 hommes de la force africaine, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafique), qu’ils sont chargés d’appuyer. Une force encore mal équipée, dont le commandement reste à mettre en place, qui devra prendre dans quelques mois le relai des Français. «Sangaris» s’inscrit ainsi dans la nouvelle politique africaine de la France : Paris entend désormais aider les pays africains à assurer eux-mêmes leur propre sécurité. La France intervient dans l’urgence, en attendant que des solutions africaines se dégagent.
Capable d’intervenir dans l’urgence
«On ne peut pas laisser les gens se massacrer. Après, il y a “l’effet CNN” et quand les cadavres s’entassent par milliers, on dit : Mais que fait la France ?», constate fataliste un officier d’état-major. En Centrafrique, les militaires français aideront la Misca à monter en puissance. Mais en attendant que cette force, composée de contingents de pays de la région (Tchad, Cameroun, Congo, Gabon), soit pleinement opérationnelle, les Français devront encore faire l’essentiel du travail pour débusquer les bandes armées, ex-rebelles de la Seleka et milices d’autodéfense autoproclamées, et faire cesser les exactions.
Lors de l’intervention au Mali, où la France compte toujours 2 800 hommes, les forces françaises ont montré leur efficacité. Une connaissance unique de l’Afrique et la robustesse de troupes aguerries par dix ans d’engagement en Afghanistan en font la seule armée occidentale capable d’intervenir dans l’urgence dans cette partie de l’Afrique. Elles ont aussi montré une maîtrise de la force, qui leur a permis d’éviter les dégâts collatéraux parmi la population civile. La France dispose surtout d’un dispositif unique de forces prépositionnées sur le continent africain, ce qui qui multiplie sa capacité de réaction : 940 hommes au Gabon, 350 au Sénégal 2 000 à Djibouti, 450 en Côte d’Ivoire, 250 en temps normal en Centrafrique.