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Comment sont choisis les noms des opérations militaires

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«Sangaris» en Centrafrique, «Serval» au Mali, «Harmattan» en Libye… Pour la France, un principe prévaut : la neutralité.

 «Sangaris», ce papillon rouge qui peuple les forêts centrafricaines, a donné son nom à l’intervention militaire française en Centrafrique. D’autres avant se sont appelés «Serval» ou «Epervier»… Mais qui choisit ces noms? En France, c’est le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), dépendant de l’Etat-major des armées. «Centre nerveux de la chaîne de commandement opérationnelle française», le CPCO «regroupe donc les capacités de planification et de conduite des opérations au niveau stratégique», peut-on lire sur le site du ministère de la Défense.

Comme l’explique Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (Iris), le nom d’une opération extérieure doit respecter un principe de base: celui de la neutralité. «Le nom ne doit pas choquer ni provoquer de réactions. Mais d’habitude, il a tout de même un rapport avec le pays: la France prend généralement le nom d’animaux (Serval, un petit félin du désert, pour le Mali), de vents (Harmattan, un vent chaud d’Afrique de l’ouest, pour la Libye), ou de lieu (Pamir, une chaîne de hautes montagnes, pour l’Afghanistan) en rapport avec le pays où est conduite l’opération». Selon l’expert, «ces noms sont trouvés en cherchant sur internet, voire même en lisant des ‘Que sais-je‘». En faisant quelques recherches par exemple, on apprend que pour les entomologistes du monde entier, la Centrafrique est le paradis des papillons où, en saison, il suffit d’emprunter une piste forestière à la sortie de Bangui pour croiser des nuages de millions de ces insectes. D’où le nom de l’opération: «Sangaris».

A chaque pays sa façon de faire

Donner un nom à une opération militaire n’est pas nouveau: la pratique aurait été initiée par les Allemands durant la Première guerre mondiale. Aujourd’hui, «toutes les opérations, mêmes les plus petites, ont un nom», rappelle Jean-Vincent Brisset, car cela permet de les identifier et de les classer plus rapidement. Chaque pays a toutefois sa façon de procéder: pour l’intervention en Libye en 2011, les Américains opéraient sous le nom d’«Operation Odyssey Dawn», les Britannique sous celui d’«Ellamy», les Canadiens d’«Operation Mobile» et les Français sous celui d’«Harmattan».

En Grande-Bretagne par exemple, toutes les opérations militaires ont un nom généré au hasard par ordinateur afin que celui-ci n’ait aucun rapport avec l’action sur le terrain. «Ainsi, vous ne pouvez pas deviner ce qui se passe ou ce qui est prévu», indique Tim Ripley, expert des questions de défense, sur le site de la BBC. La façon de faire des États-Unis a quant à elle évolué au fil des années, après le tollé provoqué par des noms comme «Operation Killer» pendant la guerre de Corée. Certains ont été et sont toujours choisis au hasard par ordinateur, ou selon un code de procédures assez strictes, mais pour les grandes opérations, les États-Unis s’inscrivent depuis des années dans une logique de communication. Les noms choisis au plus haut niveau semblent alors justifier l’opération pour le public américain, comme «Enduring Freedom» (Liberté Immuable) en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001. Le nom initial de cette opération, «Infinite Justice» (Justice sans limites), perçu comme une vengeance, avait dû être abandonné.

 

Source: Le figaro

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