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Lancement du livre » L’appel du Tabalé : Demain le Mali » samedi à la maison de la presse : Moussa Balla Coulibaly préconise une 4 ème République fondée sur nos propres valeurs

Après ” La Nation trahie “, Moussa Balla Coulibaly vient de publier un nouvel ouvrage, un essai de qualité sur la mauvaise gouvernance et le fonctionnement désastreux des institutions au Mali.

Avec le franc-parler qu’on lui connaît, l’ancien président de l’UDD, ex-président du Conseil économique, social et culturel (CESC), non moins ancien président du Conseil national du patronat malien (CNPM) soumet sa  » réflexion sans aucune prétention  » faite de propositions concrètes pour  » faire face à la tentative de destruction de la nation « . Cet ingénieur en statistique, grand admirateur de Modibo Kéita et pourfendeur du  » consensus politique  » porteur du fléau de l’impunité, propose des pistes pour aller à la 4ème République.

Le lancement de ce livre s’est déroulé à la Maison de la Presse, le samedi 9 mai, en présence de plusieurs personnalités du monde de la politique.  « L’appel du Tabalé. Demain le Mali » est un essai de 112 pages qui sonne le tocsin pour un sursaut national pour un nouveau départ de la nation malienne durement éprouvée ces dernières années.

Pour Moussa Mary Balla Coulibaly, l’heure que vit actuellement le Mali est grave. La nation est en danger.  » Le Mali est en guerre. La guerre imposée au Mali a deux composantes qui s’entremêlent selon les circonstances mais qui sont de nature spécifiée : les séparatistes et les jihadistes « , explique-t-il. Avant de préciser que ce que l’on appelle souvent «  irrédentisme «  comme fondement de ce séparatisme n’est qu’un racisme manifesté par une très infime minorité d’Ifoghas, Kel Ansar et Arabes de Tombouctou et de Taoudenit.

Pour l’auteur, la rébellion armée de 1963 est l’œuvre de ces éléments. Le Mali de Modibo Kéita a donné alors la réponse adéquate qu’il faut, la guerre, le combat. «Mais quand les mêmes groupuscules ont repris les armes, les 2è et 3è  Républiques ont préféré les palabres et les arrangements». Et de fulminer contre cette erreur qui a eu pour résultat  » la mise en danger de mort du Mali « . Pour lui, «  il faut une fois pour toutes obliger les MNLA, MAA, etc à être des citoyens maliens ordinaires. Il est impossible, inacceptable de faire l’économie de la guerre contre la rébellion armée « .

Mater toutes les rébellions armées !

Et M. Coulibaly d’être ferme sur «la nécessité de mater toutes rebellions armées» avant de suggérer une politique de peuplement de la zone concernée à travers un brassage des ethnies avec une gouvernance militarisée. Car, dira-t-il,  » les rebelles doivent être battus et soumis par l’Armée nationale pour l’honneur du peuple malien… « 

Concernant les jihadistes, l’essayiste dira que la motivation de ces bandits ne peut être la propagation de la foi. Puisque Tombouctou (la Cité des 333 saints) et Gao (la Cité des Askia) sont des cités musulmanes depuis des siècles. A le croire, «cet obscurantisme est un vent du Nord provenant de pays riches qui n’ont pas su ou voulu partager cette richesse qui est un don de Dieu».

Ces facteurs de troubles, a expliqué Moussa Balla Coulibaly, se sont ajoutés à une gouvernance de plus en plus complaisante, qui a toujours donné l’impression de ne pas mesurer la gravité des menaces. C’est pourquoi il faut sonner le Tabalé, appeler à la mobilisation générale.  » Nous sommes en guerre ; toutes les actions du Gouvernement doivent intégrer cette réalité. Mobiliser le peuple en conséquence. Le politique, l’économique, le social ne peuvent être pensés que dans ce contexte « . Et de souligner que le peuple doit être appelé au travail, renoncer au système  » d’aide «  qui fait de nous des mendiants, la main tendue en toute occasion.

Un Gouvernement, un bon père de famille

Il exalte le courage, la bravoure, le respect du bien public et de soi. Toutes choses qui poussent le gouvernement à la gestion des affaires publiques en bon père de famille. Et de marteler que la devise  »Un Peuple, Un But, Une Foi «  est héritière de l’assertion selon laquelle « Plutôt la mort que la honte ! « .

A propos de cette refondation de l’Etat qu’impose l’Accord d’Alger avec lequel il dit être en harmonie, l’auteur assure que les Maliens doivent mettre à profit cette occasion pour mettre en place des institutions fondées sur leurs «propres valeurs». Il fustige «la démocratie prête-à-porter» importée des pays occidentaux, notamment l’actuel système politique basé sur la Constitution française de 1958, taillée à la mesure du Général Charles De Gaulle.  « Nous, Maliens, devons tout simplement déposer ce froc d’autrui. Nous avons l’occasion d’être nous-mêmes et d’interpeller nos voisins et partenaires ouest-africains « , plaide-t-il. Appelant à aller à la 4ème République.

Le président de la République élu par l’Assemblée nationale

Pour le Doyen Moussa Mary Balla Coulibaly, la 3ème République dans laquelle nous vivons actuellement est une reproduction des institutions  françaises de de 1958. Il a dénoncé la non-responsabilité du président de la République devant la représentation nationale alors que la Constitution lui confère presque tous les pouvoirs. Son Premier ministre, à qui la Loi fondamentale donne le pouvoir de définir et conduire la politique de la nation, n’est, en réalité, que son chargé de mission doublé d’un«thuriféraire»

Pour la mise en place de la 4e République, préconise-t-il, les Maliens, a-t-il indiqué doivent réfléchir sur l’organisation du pouvoir d’Etat aux différents niveaux que sont les quartiers des villes, les villages, les arrondissements, les cercles, les régions, le pays. «  A chaque niveau, il faut un organe représentatif et délibératif constitué par le choix de la population concernée. Il s’agit de : conseil de quartier, de village, d’arrondissement, de cercle, de région, de la nation…. La même démarche peut être employée pour la représentation nationale « , analyse-t-il.

En clair, pour l’auteur, les conseillers régionaux choisiront en leur sein des conseillers nationaux qui peuvent être appelés députés.  » Ce Conseil ou Assemblée nationale sera le collège qui élira le président de la République, chef de l’Etat. Ce système électoral affiné par des constitutionnalistes et des administratifs confirmés, présente des avantages certains. La base de l’électorat des quartiers et villages est constituée des délégués des familles, donc socialement solide, donc pas vénale « .

Héritiers d’Etats guerriers

Par ailleurs, au plan sécuritaire, l’auteur n’hésite pas à se référer à des réalités historiques, celles des empires du Ghana, du Mali, du Songhoï, des Royaumes de Ségou, du Kaarta, du Macina, etc pour faire une certaine apologie de l’autodéfense. «  Un fait essentiel des Etats dont nous sommes les héritiers est qu’ils étaient guerriers !… Tout homme valide est un combattant, à commencer par le souverain qui n’est jamais absent des champs de bataille… Cette conception du métier des armes qui fait de chaque homme valide un combattant tout au long de sa vie, conduit à l’autodéfense, au peuple en arme ! « . A le croire, à la guérilla des usurpateurs, il faut opposer le peuple en arme.

A propos de la compétition politique, Moussa Balla Coulibaly s’insurge contre les menaces qui pèsent sur le sacro-saint  principe de la laïcité. « Dans la gestion de l’Etat, la laïcité est une notion d’importance capitale : indépendance par rapport aux conceptions religieuses, exclusion des représentants des cultes de l’exercice du pouvoir politique et administratif « , assure-t-il. Avant de souligner que l’Etat gère une société multiconfessionnelle et chaque confession, par nature détenant la vérité, a vocation de répandre cette vérité par tous les moyens.

Un Etat fédéral bâti sur l’UEMOA

Pour Moussa Balla Coulibaly, « l’irruption des leaders religieux dans l’arène politique est la preuve certaine de l’affaiblissement de l’Etat républicain… Qui ne se souvient pas des exhibitions des leaders religieux devenus des intercesseurs auprès des envahisseurs, des promoteurs de candidatures aux élections présidentielle et législative ? « , a-t-il dénoncé.

Par ailleurs, l’auteur encourage l’intégration des pays de la sous-région ouest-africaine. Ainsi, l’UEMOA peut être un projet de fédération pouvant doter cet espace sous-régional d’une plus grande puissance. « Il faut continuer la construction de l’UEMOA pour aboutir à une puissance africaine qui inspire respect et considération… Les motivations de la démarche donnent des indications qui sont : la défense, la monnaie et le financement du développement, l’enseignement supérieur et la recherche fondamentale, les relations extérieures, la police des frontières, les grands travaux inter-Etats, la justice, la santé… « 

Un homme engagé pour le Mali et l’Afrique

Des intervenants comme Me Mamadou Gakou et Mme Sy Kadiatou Sow ont reconnu la pertinence des réflexions du doyen Moussa Balla Coulibaly  » connu pour sa combattvité physique et intellectuelle « . Et Mme Sy de préciser que même si elle ne partage pas toutes les propositions de l’auteur, il faut reconnaître que Moussa Balla Coulibaly est le témoignage d’un engagement certain pour la cause du pays. Avant de souligner que sur l’accord d’Alger, il faut faire attention pour ne pas s’engager à des choses qu’on ne peut pas faire.

Pour Me Gakou, l’auteur est en harmonie avec le document signé à Alger même s’il n’est pas favorable à « des négociations avec des individus qui ont pris des armes contre leur pays. Ces arrangements appellent à une refondation de l’Etat, alors qu’il n’y a rien qui, humainement, économiquement, historiquement et géographiquement, puisse expliquer la question de l’Azawad « .

Bruno D  SEGBEDJI

 Source: L’Indépendant
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