Le dimanche fera date dans les annales politiques au Mali. A l’exception du président des FARE, Modibo Sidibé, les leaders de l’opposition au grand complet s’étaient donnés rendez –vous au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah pour poser le diagnostic sans complaisance du bilan de l’an I des tisserands au pouvoir. Un bilan, jugé catastrophique par les opposants.
Fixée comme épicentre de la sympathie pour IBK alors, candidat des tisserands à la dernière élection présidentielle, la gestion de la crise au nord de notre pays a été la plus désastreuse par les tenants du pouvoir, estiment les leaders de l’opposition.
Pour Djiguiba Keita dit PPR, secrétaire général du PARENA, c’est la mise dans les placards de l’accord préliminaire de Ouagadougou qui a conduit le Mali à la catastrophe. Selon lui, cet accord n’a pas été appliqué tout simplement parce qu’il est l’œuvre de Tiebilé Dramé, le leader du parti du bélier blanc. Les raisons du sabotage sont faciles à comprendre d’après lui : l’artisan du préaccord est non seulement de l’opposition, mais de surcroit le beau-fils de l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Or, les relations entre IBK et celui-là sont toujours froides. Et, Djiguiba de poursuivre que le président dans sa maladresse s’est tourné vers le Maroc et l’Algérie, deux ennemis jurés depuis l’éclatement de la crise au Sahara Occidental. Ce qui va aboutir à la perte de l’autorité du Mali sur la ville de Kidal, la déroute de l’armée le 21 mai dernier. Ce qui, selon lui, a entraîné la réoccupation d’une grande partie du nord par les groupes armés, car le drapeau du MNLA flotte à nouveau à 60 km de Gao et à 50 km de Tombouctou.
Pour les leaders de l’opposition, un autre point où la gouvernance d’IBK a échoué est la lutte contre la corruption. Car la démission fracassante d’Oumar Tatam Ly de la primature en est une preuve irréfutable.
Selon l’honorable Mody N’diaye, cette démission est due aux égarements du pouvoir par rapport à ses engagements pendant la campagne.
Pire, selon lui, IBK ne laissait aucune marge de manœuvre au Premier ministre, quand il s’agissait de l’action gouvernementale.
Pour Djiguiba Keita, ce qui a surtout motivé le départ de Tatam Ly, c’est l’affaire des 130 milliards FCFA qui auraient miraculeusement disparu des caisses de l’Etat, sans que le Premier ministre, n’en soit informé.
A l’en croire, lorsque Tatam Ly a voulu sanctionner les auteurs présumés de ce hold-up financier, le président IBK s’est interposé. Et le fils d’Ibrahim Ly jeta l’éponge le 4 avril.
S’y ajoutent l’affaire de l’avion présidentiel, la gestion opaque des sous de la loi de programmation militaire qui ont poussé les bailleurs à récuser le déblocage de 2100 milliards de FCFA pour la reconstruction du Mali. Pour l’honorable Mody N’Diaye, cette rupture avec les partenaires techniques et financiers est due à la mal gouvernance budgétaire et les bruits de casseroles autour de l’achat de l’avion présidentiel.
Les leaders de l’opposition ont aussi dénoncé la mauvaise gouvernance du régime d’IBK.
Car cette mauvaise gouvernance qui est à l’origine de la chute du président ATT a été modernisée par le pouvoir actuel.
Pour Amadou Abdoulaye Diallo, leader du PDES, cela s’explique aisément car ce sont des enfants qui sont au pouvoir. Or, un enfant quand, on le critique, il répond au lieu de travailler. Pour PPR, il est venu avec le slogan, Mali d’abord, un slogan qui s’est transformé pour devenir « ma famille d’abord ». Et PPR de demander à IBK de cesser de faire croire aux Maliens qu’il est le seul blanc comme neige, de cesser de jurer car chacun sait qui est qui dans ce pays.
Avec moins de critiques, Djibril Tangara, leader de la FCD a souhaité que le président change de méthode pour soulager la souffrance des Maliens. Qu’il sache qu’opposition et majorité ont un objectif commun qui est la lutte contre le sous-développement.
Et l’honorable Soumaila Cissé de faire une pique à IBK. Selon lui « un bon chef, c’est celui qui se lève avant tout le monde et se couche après tout le monde. Et c’est d’un tel chef que le Mali a besoin aujourd’hui… ».
La crise scolaire et universitaire n’a pas été épargnée par l’opposition. Selon les leaders des partis d’opposition, l’école constitue un autre point noir du régime. Les fuites au DEF et la mauvaise organisation du baccalauréat ont traumatisé les élèves.
Pour l’opposition, le malaise de l’école est profond et nécessite une réflexion approfondie. Aussi, il faudrait mettre les enseignants dans une condition optimale de travail.
S’agissant de l’insécurité, l’opposition exige du pouvoir des moyens conséquents pour les forces armées qui manquent de tout, l’équipement des forces de sécurité, leur mise à niveau. Car, les forces internationales sont là seulement en appui puisqu’il revient à l’armée le rôle régalien d’assurer la sécurité des personnes et des biens.
Badou S. Koba