Le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires politiques du Département d’Etat, l’ambassadeur Thomas Shannon, vient d’effectuer une visite dans notre pays. Mercredi, il était face à la presse. La conférence de presse qui a eu lieu à la résidence de l’ambassadeur des États-Unis est intervenue après que le responsable américain ait rencontré des membres de la société civile malienne pour s’imprégner de leurs préoccupations. Il s’est ainsi entretenu avec nos anciennes participantes du programme Yali, connu sous le nom de Programme Mandela Washington Fellowship. Les échanges ont porté sur les droits des femmes au Mali, leur participation au processus politique, l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que les opportunités pour consolider le partenariat entre notre pays et les États-Unis.
A l’issue de l’entretien, l’ambassadeur Shannon s’est dit satisfait des observations pertinentes et utiles faites par ses interlocutrices sur les différents sujets. Il a aussi exprimé sa totale solidarité avec les Maliens dans la crise que traverse le pays.
A la conférence de presse, la première question a porté sur la situation sécuritaire au nord du Mali. Les États-Unis sont-ils favorables à un mandat plus robuste pour la Minusma dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ? Le diplomate a répondu que la décision de renforcer ou pas le mandat de la Minusma se prend au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. En ce qui concerne les États-Unis, à l’occasion du prochain renouvellement du mandat de la Mission, ils feront en sorte que les Casques bleus aient davantage de moyens pour se protéger. « Nous devons attendre que le débat ait lieu au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous sommes également en train de travailler avec les pays partenaires pour que le Mali ait les moyens et le matériel de se défendre », a confié le sous-secrétaire d’Etat.
En quoi les États-Unis contribuent-ils à la lutte contre le terrorisme au nord du Mali ? Thomas Shannon a fait remarquer que la lutte contre le terrorisme n’est pas que militaire. Ce combat revêt plusieurs aspects comme les programmes de développement, l’aide humanitaire, la formation des militaires, le renforcement des capacités de la justice. « Nous sommes là, aux côtés du Mali et nous l’abandonnerons jamais », a assuré le diplomate pour qui la lutte contre le terrorisme implique aussi la mise en œuvre sincère de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé à Bamako en mai et juin 2015. « Le plus important est d’envoyer ce message fort : le Mali est un partenaire très important pour nous en Afrique et nous ne l’abandonnerons jamais. Cela se voit dans la façon dont nous avons géré l’Accord de paix. Nous ferons tout pour que cet accord soit mis en œuvre. Notre appui au Mali est conséquent », a-t-il garanti.
Le cas du terroriste Iyad Ag Ghali a aussi été évoqué au cours de cette conférence de presse. En référence à la récente proposition d’un leader politique d’envisager le dialogue avec le chef d’Ançar-Dine, un confrère a voulu savoir si les États-Unis pourraient retirer son nom de leur liste noire des terroristes, afin de négocier avec lui. Le diplomate a répondu : « Nous n’allons pas anticiper les choses. Nous n’avons pas à nous prononcer sur quelque chose qui ne s’est pas encore produit ».
Signalons par ailleurs que le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires politiques, a été reçu mercredi en audience à Koulouba par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Avec le chef de l’Etat, il a aussi évoqué les questions de paix et de sécurité au Mali qui sont une préoccupation majeure de la politique étrangère des États-Unis. Le diplomate américain a notamment assuré le chef de l’Etat de la détermination de Washington à accompagner la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Comme gage de cet engagement, les États-Unis vont renforcer leur coopération avec le Mali d’une part, et continuer d’apporter leur soutien à la MINUSMA d’autre part
A. DIARRA
THOMAS SHANNON, UNE RICHE CARRIERE DIPLOMATIQUE
Thomas A. Shannon Jr. a été confirmé au poste de sous-secrétaire d’Etat chargé des Affaires politiques le 12 février 2016. Auparavant, il avait occupé la fonction de conseiller du Département d’Etat et avait servi brièvement comme conseiller principal auprès du Secrétaire d’Etat après son retour en septembre 2013 du Brésil, où il a servi comme ambassadeur des États-Unis pendant près de quatre ans.
Thomas Shannon est un diplomate de carrière et un cadre supérieur du Service diplomatique des États-Unis. Il est le septième cadre du Service diplomatique à occuper le poste de Conseiller du Département d’Etat depuis la Seconde Guerre mondiale, et le premier à ce poste en 32 ans.
Avant son mandat au Brésil, l’ambassadeur Shannon a été vice-secrétaire aux Affaires de l’hémisphère occidental de 2005 à 2009. Il a servi comme assistant spécial du président et directeur principal aux Affaires interaméricaines au Conseil de sécurité nationale de 2003 à 2005. Entre 2002 et 2003, il est l’adjoint au vice-secrétaire aux Affaires de l’hémisphère occidental au Département d’Etat, où il a également occupé les fonctions de directeur des Affaires des Andes de 2001 à 2002. Entre 2000 à 2001, il fut l’adjoint au Représentant permanent des États-Unis auprès de l’Organisation des États américains (OAS), avec rang d’ambassadeur.
Thomas Shannon a également été directeur des Affaires interaméricaines au Conseil de sécurité nationale de 1999 à 2000 ; conseiller politique à l’ambassade américaine à Caracas de 1996 à 1999 ; et attaché régional en charge du travail au consulat général des États-Unis à Johannesburg (Afrique du Sud) de 1992 à 1996.
Au cours de ses 30 années de carrière comme cadre du service diplomatique, l’ambassadeur Shannon a également eu à servir comme assistant spécial de l’ambassadeur à américain à Brasilia (Brésil) de 1989 à 1992 ; comme responsable politique pour le Cameroun, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe de 1987 à 1989 ; et successivement comme vice-consul et conseiller politique à l’ambassade américaine au Guatemala de 1984 à 1986.
Il est diplômé « magna cum laude » (avec grande distinction) de l’Université de William and Mary en 1980, ayant suivi des études en gouvernance et philosophie. Il a ensuite étudié à l’Université d’Oxford où il a reçu un Master of Philosophy en politique en 1982, et un doctorat dans la même spécialité en 1983. Outre l’anglais, il parle l’espagnol et le portugais.
Source : Essor