Ce jeudi 26 septembre, la Chine commémore le 70ème anniversaire de sa Fondation. Une occasion pour L’Indépendant de faire le point de la coopération sino-malienne. Une coopération qui remonte aux premières heures de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1960 et marquée par une présence constante de la Chine aux côtés du Mali dans ses efforts de développement.
Parlant de cette coopération, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Populaire de Chine en République du Mali, Zhu Liying a affirmé que la Chine et le Mali (l’un des premiers pays subsahariens à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine en 1960), sont unis par une amitié traditionnelle et solide. Les deux pays ont toujours fait preuve de solidarité dans les difficultés, entretenu une confiance politique mutuelle de haut niveau et développé une coopération pragmatique et fructueuse, donnant ainsi un bel exemple de l’amitié sino-africaine et de la coopération Sud-Sud.
« N’oublions pas que ça continue dans la durée, sans interruption! Il y a deux ans, nous avons inauguré la Cité universitaire à Kabala (phase I). L’an dernier, nous avons inauguré le Centre de Formation professionnelle et le Centre pilote de la Technologie agricole. Cette année, nous avons inauguré le CICB rénové et nous allons commencer les travaux de la Cité universitaire à Kabala (phase II), et les travaux du grand projet « Mali numérique »…En septembre dernier, lors du sommet de Beijing sur la coopération Chine-Afrique, la partie chinoise a pris 8 grandes initiatives afin de renforcer encore plus la coopération avec l’Afrique en général, et avec le Mali, en particulier. Ces initiatives sont en cours de mise en application, notamment dans l’infrastructure, le commerce, l’investissement, les ressources humaines, la paix et la sécurité. En un mot, la qualité de la coopération sino-malienne est à la satisfaction des dirigeants de nos deux pays, et à la hauteur de la demande de nos deux peuples », a-t-il ajouté.
S’agissant de la visite, en 2014, du président IBK en Chine, marquée par la signature de conventions totalisant plus de 5 000 milliards de FCFA. il a indiqué: « à mon avis, l’on ne juge pas les visites présidentielles uniquement par les chiffres des contrats et des conventions. L’essentiel c’est que les dirigeants des deux pays établissent et renforcent des liens aussi bien officiels que personnels. C’est le cas entre le Président chinois Xi Jinping et le Président malien Ibrahim Boubacar Kéïta. Xi Jinping a tenu à inviter son homologue malien à venir à Beijing tout de suite après sa réélection, en août dernier, avant même son investiture, pour préparer ensemble le terrain du développement de la coopération sino-malienne dans les années à venir. Dans ce contexte de bonne entente, je ne doute pas que les affaires vont suivre et iront bon train. Il faudrait souligner que les conventions officielles entre Etats se concrétisent sans jamais tarder, comme les projets publics susmentionnés. Chose promise, chose due. Ceci constitue l’exemplarité de la coopération entre nos deux pays. En ce qui concerne les intentions d’investissements chinois au Mali, cela dépend, en effet, de nombreux éléments, notamment la loi du marché, la politique d’attraction des investissements, les conditions de sécurité, entre autres. En tout cas, je suis convaincu qu’au fur et mesure que le Mali améliorera son environnement des affaires, les investissements internationaux vont venir encore plus massivement pour la coopération mutuellement avantageuse ».
La 5G bientôt au Mali grâce à Huawei
Le secteur privé occupe une place très importante dans la coopération sino-malienne. Aux dires du diplomate chinois, les téléphones portables« Tecno »ainsi que les motos « Power K » ou « Apsonic »ont complètement changé la vie des Maliens. « Ces produits, accessibles à tout le monde, ont énormément augmenté le niveau de vie des Maliens. Ceci, grâce au secteur privé. D’ailleurs, les Maliens partent nombreux en Chine pour faire des affaires, non seulement pour ramener des produits de la vie courante, mais aussi monter ensemble avec des partenaires chinois des projets économiques: la production des carreaux, le montage des chambres froides… Prenons aussi l’exemple de l’entreprise chinoise Huawei, championne dans le secteur privé. Depuis plus de 10 ans, Huawei est présente au Mali pour le service des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Le Mali ne tardera pas à entrer dans l’âge de la 5G. Huawei est là pour l’accompagner déjà, avec ses projets de modernisation du réseau fibre optique, de large bande nationale et, enfin, avec son projet « Mali numérique ». De très nombreux techniciens et ingénieurs maliens ont été formés au cours de la réalisation de ces projets »,précisera-t-il.
Octroi de visas aux Maliens amélioré
Concernant la problématique du visa chinois qui a créé, un moment, une certaine tension entre la représentation diplomatique chinoise et les milieux d’affaires maliens, SE Zhu Liying a constaté que la question du visa constitue un grand sujet d’intérêt pour les commerçants et les hommes d’affaires maliens. « Il faut souligner que nos deux pays font tout pour encourager et faciliter le commerce bilatéral. Ceci est la base indispensable de notre coopération gagnant-gagnant. Depuis près d’un an, la situation d’octroi de visa aux Maliens s’est considérablement améliorée, grâce aux efforts de nos deux côtés. Vous trouverez le même constat auprès de la Chambre de commerce. En réalité, dans le monde d’aujourd’hui, tout pays ne cesse de renforcer le contrôle du dossier de demande de visa, avec l’application de nouvelles technologies, notamment numérique et biométrique. Situation internationale oblige. Il n’y a pas de problème particulier entre la Chine et le Mali. Sauf que, dans beaucoup de dossiers de demande de visa, nous constatons des documents irréguliers et des formulaires mal remplis, ce qui cause des cas de retard et même de refus. Je voudrais bien qu’à travers cette rencontre l’information parvienne au maximum de demandeurs de visa. Avec votre dossier correct, vous aurez votre visa ».
S’agissant du retour des investissements publics chinois au Mali, à l’instar de ce qu’on observe dans d’autres pays africains comme l’Ethiopie, le Kenya, le Ghana, le diplomate a dit ceci: « j’ai fait plusieurs voyages à Ségou et à Sikasso. Vous avez une potentialité énorme dans l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire! Il suffit de mettre en œuvre une politique d’attraction et d’encouragement des investissements internationaux pour que les entreprises viennent spontanément investir. Sans oublier la paix et la stabilité. Si je me mets à la place d’un entrepreneur, je préfère bien un pays ami de longue date comme le Mali, dont la population est accueillante et chaleureuse. Grâce à cette qualité exemplaire des relations sino-maliennes, je suis sûr que le Mali deviendra le premier choix dans la région pour les investisseurs chinois ».
Partenaire privilégié du Mali au double plan sécuritaire et éducatif
Au-delà de la coopération économique, la Chine développe une coopération au Mali au double plan sécuritaire et de l’éducation.
Sur le plan sécuritaire, dès le début de la MINUSMA en 2013, la Chine est présente au Mali à travers 395 militaires à Gao. « Au moment où le Conseil de Sécurité des Nations Unies discutait sur la prolongation du mandat de la MINUSMA, la Chine a non seulement préconisé positivement cette prolongation, mais elle a aussi augmenté son effectif. À partir de cette année, l’effectif s’est élevé à 413 personnes. On voit par là le rôle de la Chine à la fois à New York et sur le terrain. Mais la coopération chinoise au Mali sur le plan de sécurité ne se limite pas à Gao. Une équipe d’officiers chinois est en permanence à Bamako pour la formation technique des militaires maliens. De plus, des boursiers militaires maliens partent en Chine pour diverses formations. Chose nouvelle, c’est qu’au niveau du G5 Sahel, la Chine a annoncé une série de mesures d’assistance militaire dans la lutte anti-terroriste, aussi bien pour la force conjointe que pour les 5 pays respectifs« , a souligné l’ambassadeur chinois.
Sur le plan de l’Education, il a soutenu que le plus grand projet déjà réalisé dans la région de l’Afrique de l’Ouest dans le domaine de l’Education, c’est la Cité universitaire à Kabala. Avant d’ajouter : « mais l’on ne s’arrête pas là. La phase II de la Cité commencera bientôt. Ceci contribuera fortement à l’éducation du pays, même de la région! De plus, vous avez certainement entendu parler de l’Institut Confucius et de la Classe Confucius à Bamako, qui organisent chaque année les concours de la langue chinoise. Les lauréats partent en Chine. Je tiens à féliciter les jeunes Maliens qui sont très doués pour la langue chinoise et qui montrent surtout un enthousiasme toujours plus élevé vis-à-vis du chinois, parce qu’ils savent de plus en plus que l’avenir se trouve là-bas, en Chine« .
La coopération sino-malienne à l’ère de la «Ceinture et de la Route»
Il y a quelques semaines, l’Ambassade de Chine au Mali a organisé une conférence-débat sur la coopération sino-malienne à l’ère de «la Ceinture etde la Route». Qu’est-ce que cette initiative peut apporter au peuple malien ?
Répondant à cette question, le diplomate chinois a affirmé: « le Mali se situe au carrefour de l’Afrique de l’Ouest. Dans son histoire, il y a « la route de l’or » et « la route du coton ». A mon sens, les Maliens savent très bien comment mettre en valeur leurs ressources naturelles par la voie du commerce. À l’époque, les Chinois faisaient aussi beaucoup de commerce à travers « la route de la soie ». Les grands esprits se rencontrent. À l’heure actuelle, nous voudrions que nos pays joignent leurs efforts pour construire non seulement la voie la plus solide du commerce, mais aussi et surtout pour coordonner nos politiques de développement, des investissements, des ressources humaines, de la culture et de l’éducation. Dans le contexte actuel, l’on risque de tomber dans le cercle vicieux de l’unilatéralisme, du protectionnisme et de l’égoïsme. Alors que la Chine préconise la mondialisation, l’ouverture et le partage. La Chine souhaite que le monde entier partage les fruits de la croissance de l’économie chinoise. Avec le gâteau plus grand, chacun trouvera sa part plus grande. C’est ça la philosophie de la nouvelle route de la soie. En ce qui concerne le Mali, nos deux pays sont en train de réfléchir ensemble sur la modalité de la participation malienne à cette nouvelle route de la soie. En tout cas, nous voulons établir et renforcer une nouvelle coopération gagnant-gagnant sur cette nouvelle plateforme ».
70è anniversaire de la Fondation de la République de Chine
La Chine, le plus grand pays en voie de développement du monde, va fêter son 70è Anniversaire de sa grande fondation. Parlant de cette fondation, SE Zhu Liying a rappelé qu’à Beijing, devant l’entrée du Comité permanent du Parti communiste chinois, un grand panneau de la calligraphie de l’ancien président Mao Zedong nous frappe l’esprit tous les jours: « Chercher la vérité dans les faits. » « Dans l’histoire récente, les soviétiques nous ont demandé de suivre une telle voie et les occidentaux n’ont jamais cessé de nous demander de suivre une telle voie. Mais est-ce que ces voies dictées de l’extérieur nous conforment? Pas du tout. Nous avons finalement trouvé par nous-mêmes une voie du socialisme à la chinoise, sous la direction du Parti communiste chinois. La vérité s’est trouvée dans les faits: un grand pays avec une histoire cinq fois millénaire, avec une population de plus d’un milliard de personnes. Pour que le grand navire chinois voyage bien dans ce monde de turbulences, il faut que le capitaine, le Parti communiste chinois, voit clair et tienne bon. L’essentiel, c’est de chercher la vérité toujours dans les faits, et jamais dans ce qu’on nous dit », a expliqué le diplomate.
Pour lui, l’esprit de la réforme et de l’ouverture est tout aussi quelque chose de très important pour la Chine, depuis plus de 40 ans. Le décollage de l’économie chinoise a été dû à sa participation active à la mondialisation. « Aujourd’hui, comme l’un des acteurs principaux de la mondialisation, nous voulons que le monde entier partage les fruits de notre croissance économique. La Chine, c’est non seulement un pays qui accueille plus d’investissements internationaux, mais aussi un pays qui importe plus de biens et de services internationaux. En novembre dernier, nous avons organisé avec grand succès, à Shanghai, la première édition de la Foire Internationale d’Importation. Jamais aucun autre pays n’a fait pareillement. La deuxième édition se déroulera en novembre prochain, ainsi de suite. L’ouverture de la Chine s’élargit toujours davantage. La politique chinoise s’inspire de la philosophie ancienne à savoir: si l’océan est grand, c’est parce qu’il accueille tous les fleuves », a-t-il conclu.
Entretien réalisé par Bandiougou DIABATE
Source: l’Indépendant