Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a souligné les principes cardinaux qui guident la diplomatie algérienne, réaffirmant son socle historique et relevant sa constance à contribuer à la consolidation de la paix dans la région et sur la scène internationale.
Dans un entretien au mensuel Afrique Asie dans son édition de janvier à paraître mardi, le chef de la diplomatie a relevé que la politique extérieure de l’Algérie a “surabondamment” démontré, tout au long des cinquante dernières années, qu’elle a une “capacité de mobilisation considérable” sur la scène régionale et internationale.
Il a souligné aussi que cette capacité tient, entre autres, au “prestige intarissable” de sa lutte de libération nationale et au fait aussi que la diplomatie algérienne “a bien établi ses titres de force de proposition et de bâtisseur de solutions consensuelles dans bien des situations sensibles et complexes”.
Le chef de la diplomatie a ainsi perçu l’élection de l’Algérie au Conseil des droits de l’homme de l’Onu et sa réélection au comité exécutif de l’Unesco, comme un “renouvellement de la confiance” placée dans l’Algérie et dans sa “capacité à rebondir après les défis de grande ampleur qu’elle a surmontés”, notamment dans le domaine de la sécurité.
En siégeant au Conseil des droits de l’homme et au Conseil exécutif de l’Unesco, l’Algérie, a-t-il affirmé, “apportera son expérience en matière de développement socio-économique et de lutte contre les extrémismes pour lesquels elle a payé un lourd tribut (à) et “contribuera à faire du dialogue et de la coopération les instruments de compréhension mutuelle pour l’amélioration de ses propres performances”.
Sur le rôle de l’Algérie dans sa politique constante de soutien aux mouvements de libération, à la décolonisation et au principe d’autodétermination des peuples.
M. Lamamra estimé que c’est grâce à “l’engagement dans l’action” que le peuple algérien a réussi à s’affranchir du joug colonial.
“Incontestablement, ce combat héroïque a marqué, de façon indélébile, l’histoire contemporaine en enrichissant le droit international de ce principe d’autodétermination qui est bien ancré dans les relations internationales”, a-t-il souligné.
Il a affirmé “qu’il s’agisse de la question de la Palestine ou de celle du Sahara occidental, l’autodétermination est la solution”.
“L’application du principe démocratique de la libre détermination des peuples permettra de garantir les droits de ces peuples et d’assurer la pérennité de la paix dans leurs régions d’appartenance, car il s’agira d’une paix reposant sur des bases solides et saines”, a-t-il dit.
Il a, par ailleurs, indiqué que l’Algérie “suit attentivement” les événements qui se déroulent dans sa région d’appartenance, “particulièrement en Libye” et qu’elle “ne ménage aucun effort pour soutenir le gouvernement libyen dans ses efforts visant à rétablir la paix et la sécurité et pour construire les institutions nationales du pays”.
Le chef de la diplomatie a, en outre, indiqué que l’Algérie a pris “les dispositions nécessaires pour renforcer le contrôle aux frontières, afin de s’assurer que les groupes terroristes opérant dans tel ou tel pays voisin ne pourront pas se replier en territoire algérien”.
Concernant la prévention, la gestion et le règlement des crises affectant le voisinage de l’Algérie, il a souligné l’intérêt de mettre en place des stratégies reposant aussi bien sur le pilier sécuritaire que sur des leviers politiques, y compris la bonne gouvernance, économiques, sociaux, humanitaires, culturels et cultuels (…) observant que “l’absence d’ingérences étrangères motivées par des agendas particuliers est un autre facteur important”.
L’Algérie croit en l’efficacité des initiatives créatives de l’UA
M. Lamamra a, par ailleurs, soutenu que l’Algérie “a foi dans la rectitude, la légitimité et l’efficacité des initiatives créatives de l’Union africaine en la matière” et qu’elle est “partie prenante à toutes les dynamiques qui tendent à structurer la paix, la sécurité et la stabilité dans tout son environnement géopolitique”.
S’agissant du nord Mali, le ministre des Affaires étrangères a réitéré la position de l’Algérie consistant le rejet de toute intervention militaire en dehors du droit international et son soutien aux solutions politiques et au dialogue inclusif comme moyen de règlement de la crise au Mali.
Il a ainsi ajouté que la recherche et la promotion d’une solution pacifique par le dialogue “s’imposent tout naturellement entre Maliens eux-mêmes, ceux qui rejettent le terrorisme et la violence et s’engagent clairement pour le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale de la République du Mali”.
Il a également indiqué qu’au-delà du Mali, l’Algérie “a œuvré et continue d’œuvrer activement” avec ses voisins sahéliens pour mettre en place une stratégie commune permettant aux pays du voisinage de “s’approprier collectivement la gestion sécuritaire de l’espace sahélo-saharien, dans le contexte de l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine”.
M. Lamamra a alors rappelé que l’Algérie a engagé des “moyens colossaux” qui ont permis de “réduire sensiblement la menace terroriste et contribuer à sécuriser les populations et les installations dans les zones frontalières à l’intérieur des frontières nationales, avec un effet positif sur le voisinage immédiat”.
Sur la “criminalisation” des paiements de rançons aux groupes mafieux et terroristes, il souligné que la diplomatie algérienne s’est employée “concrètement” au cours de ces quatre dernières années à engager la communauté internationale sur la voie de la “criminalisation” du paiement des rançons aux groupes terroristes en contrepartie de la remise en liberté de personnes retenues en otage.
Mobilisation au niveau africain…
M. Lamamra a précisé que l’Algérie a agi au niveau africain pour une “mobilisation” autour de la prise en charge de cette question (criminalisation du paiement de rançons) par les Nations Unies.
Sur la situation en Syrie et en Libye, il a rappelé que la politique extérieure de l’Algérie vis-à-vis de ces questions a été “claire” et a pour valeurs cardinales “la non- ingérence et le respect de la souveraineté des Etats”, ajoutant que “la solidarité et la sollicitude fraternelles, la compréhension fine des dynamiques en question par l’Algérie s’expriment dans ce cadre strict”.
Il a, dans ce cadre, observé que la Ligue arabe “est assurément perfectible” et que l’Algérie “entend travailler pour le rehaussement de la crédibilité et de l’efficacité (de la Ligue arabe) sur différents plans, y compris en ce qui concerne la solidarité et la coopération afro-arabe dans le prolongement du sommet de Koweït”, soulignant que la réforme de la Ligue est acceptée, généralement, comme une “nécessité et une urgence”.
La construction de l’UMA n’avance pas à la vitesse nécessaire
Abordant la construction de l’Union du Maghreb arabe, M. Lamamra a constaté que celle-ci “n’avance pas manifestement à la vitesse nécessaire pour rattraper le temps perdu et s’ouvrir de nouveaux horizons en termes d’intégration économique”.
“Comme toute démarche d’intégration, l’irréversibilité de la construction maghrébine et sa protection contre des accidents de parcours commandent qu’elle soit solidement articulée autour d’une communauté de valeurs et d’une communauté d’intérêts”, a jugé le chef de la diplomatie.
Sous cet éclairage, il est aisé de comprendre que les relations algéro-marocaines “ne sont pas réductibles à la seule question de la fermeture de la frontière terrestre”, a-t-il ajouté.
Sur l’état des relations algéro-françaises, le chef de la diplomatie a estimé qu’elles “s’inscrivent désormais dans une dynamique qui tend à prendre davantage en charge les intérêts des deux pays et répond aux attentes des deux peuples” algérien et français.
Il a également assuré l’existence d’une “volonté commune” des présidents Bouteflika et Hollande de “pousser, sans cesse plus loin, les frontières du possible dans cette relation algéro-française” qu’il a qualifiée de “spécifique”.
A propos du “partenariat stratégique” entre l’Algérie et les Etats-Unis, le chef de la diplomatie a relevé que les deux pays “nourrissent une grande ambition”.
“Doter le partenariat entre l’Algérie et les Etats-Unis de perspectives larges et lointaines, mettre la qualité du dialogue politique en rapport et en harmonie avec l’importance des échanges économiques, projeter une vision stratégique partagée des enjeux, défis et opportunités de la sécurité collective dans toutes les aires d’intérêt commun, tous ces axes de réflexion et d’effort devraient donner de la consistance au dialogue stratégique algéro-américain”, a-t-il conclu.