L’alphabétisation est perçue comme une source d’autonomisation pour chaque individu. Au Mali, le taux d’alphabétisation, selon les statistiques, est actuellement estimé à 66,03 % pour les hommes et 78, 14 % pour les femmes. Malgré ce taux élevé de femmes alphabétisées, certaines restent encore non scolarisées, notamment les femmes déplacées.
Toutefois, depuis un certain temps, des organisations non-gouvernementales en partenariat avec les autorités procèdent à série de formation des femmes déplacées à travers le pays. Comment cette alphabétisation s’effectue ? Quel avantage pour les femmes déplacées ?
Depuis la crise de 2012, de nombreuses personnes se sont déplacées, parmi elles des milliers de femmes. Afin de leur permettre une cohabitation adéquate sur leurs sites d’accueils, des organisations non gouvernementales les appuient à travers l’alphabétisation. C’est le cas de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie, AJCAD. Cette association à travers le projet Campagne Benkhadi, mise en œuvre en 2019, a formé au total 120 femmes déplacées à Mopti et à Senou, à Bamako. « L’activité avait pour objectif d’apprendre aux femmes qui n’avaient jamais été à l’école,des femmes déplacées et des femmes des communautés vulnérables à lire, écrire, faire des calculs » explique Adizatou Adama Kafa Diallo, responsable du programme paix et sécurité à l’AJCAD-Mali. Elle précise également qu’à travers cette campagne d’alphabétisation, ces femmes ont été « formées sur les techniques de causerie et renforcer leur capacité sur le processus de consolidation de la paix,c’est-à-dire la gestion des conflits, la résolution des conflits ».
Ces différentes formations ont été une aubaine pour ces apprenantes estime Adizatou Adama Kafa Diallo. Selon elle, l’association a reçu des retours positifs après cette formation. C’est le cas de Binta Bolly, une déplacée sur le site des PDI à Diatoula, à Senou. Elle témoigne que grâce à l’alphabétisation, elle est autonome aujourd’hui. « Avant, je ne faisais pas la différence entre un stylo et un cahier. Je maîtrise maintenant les numéros petit à petit. Si ce n’était pas la formation avant je ne fréquentais personne. L’alphabétisation a été très bénéfique pour moi. On nous a appris la savonnerie. Je peux faire mon commerce sans difficulté », confie-t-elle.
Sur le site des personnes déplacées à Diatoula les hommes apprécient ces formations, même s’ils souhaitent eux aussi en recevoir. Le chef de village Bokari Aly Barry affirme qu’il faut d’autres formations notamment en santé pour les femmes déplacées. «C’était très bénéfique. Mais ce dont elles ont le plus besoin, c’est une formation sur la santé. Tout, repose sur la femme. On a de sérieux problèmes d’établissements sanitaires. La façon dont les femmes apprennent l’alphabétisation, si elles trouvent quelqu’un pour leur apprendre des notions de base sur la santé, ça serait également bien » affirme le chef de village de Diatoula.
Des initiatives pour les PDI des régions
A l’intérieur du pays, dans la région de Ségou, des femmes déplacées ont été alphabétisées. Le sourire aux lèvres, ces femmes savent maintenant lire et écrire. Certaines contrôlent les devoirs à domicile de leurs enfants. « Tu comprends beaucoup de choses. Ça te permet de faire les devoirs de tes enfants. Nous avons fait 6 mois de formation. Je ne connaissais même pas les numéros avant » témoigne une femme au foyer. Une autre de poursuivre « je peux écrire mon nom et celui des autres. Je peux également enregistrer un numéro dans le téléphone. Je maîtrise aussi les mathématiques. On peut faire des heures en classes. Nous souhaitons avoir d’autres formations ».
Cependant, à Gao, des déplacées sont en attente d’une alphabétisation. Cette dame, qui en a bénéficié à N’tillit salue l’initiative. Elle souhaite recevoir encore une autre pour elle et d’autres femmes. « Ici sur le site de château extension à Gao, on n’a pas bénéficié de formation en alphabétisation. Mais avant que je n’arrive ici, j’ai participé à une petite formation à N’tillit. Grâce à cela, je parviens à lire et à écrire », . Cette dame qui souhaité gardé l’anonymat on l’a nommé fadimata.
L’alphabétisation des PDI, en projet dans lesservices de développement social
Le service du développement social qui est le trait d’union entre les déplacés et les bonnes volontés affirme que tout est mis en œuvre pour que chaque femme déplacée puisse bénéficier de l’Alphabétisation. Salif Koné travaille à la direction régionale du développement social de Gao. Selon lui l’alphabétisation est une activité très importante, surtout à l’endroit des personnes en situation de déplacement. « Ça peut favoriser vraiment la cohésion sociale. En tant que service technique, nous avons des initiatives dans ce sens, mais malheureusement, des activités n’ont pas véritablement commencé, sinon vraiment ça fait partie de nos prérogatives », soutient Salif Koné.
Tiémoko Traoré de la direction nationale du développement social et coordinateur de gestion des sites de déplacés de Bamako et environs souligne que l’alphabétisation demande des moyens conséquents. « Ce sont des initiatives de certaines ONGs qui organisent des cours d’alphabétisation et nous savons aussi qu’il y a des défis, parce qu’effectivement, tout le monde n’a pas pu bénéficier de ça », explique-t-il. «Pratiquement, ce sont les femmes qui font tout à la maison, s’il faut retenir ces femmes de 8h à 12h chaque jour, ça nécessite naturellement des coûts » explique Tiémoko Traoré.
Notons qu’en plus de certaines déplacées de Gao, d’autres dans le cercle de Yorosso n’ont pas aussi reçu une formation. Elles demandent aux autorités de l’aide afin de subvenir à leurs besoins.