L’Afrique du Sud entre soulagement et prudence
Les injections à environ 1,2 million de membres du personnel de santé commenceront d’ici environ deux semaines, après le passage du vaccin par une nécessaire quarantaine et des procédures réglementaires et de vérification de qualité. « L’arrivée du vaccin procure un grand espoir pour la remise sur pied économique et sociale de notre pays et, plus important, pour la santé de notre peuple », a déclaré le président Ramaphosa. Elle « va donner le signal d’une campagne de vaccination de masse qui sera la plus ambitieuse et la plus vaste de l’histoire de notre pays », a-t-il ajouté. Avec au moins 1,45 million d’infections recensées et plus de 44 000 décès, l’Afrique du Sud affiche le pire bilan en termes de nombres de cas et de décès sur le continent.
Mais le pays n’a pas encore commencé à vacciner sa population, déclenchant des critiques sur la lenteur de l’approvisionnement et sur l’absence de stratégie. Cyril Ramaphosa a tenté d’expliquer ce retard : « la demande mondiale sans précédent en doses de vaccins, ajoutée au pouvoir d’achat bien plus élevé des pays plus riches, nous a contraints à mener des négociations longues et approfondies avec les fabricants, afin d’obtenir suffisamment de vaccins ».
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Ralentissement
L’épidémie en Afrique du Sud, pays le plus industrialisé du continent, a été accélérée par un nouveau variant, suspecté d’être plus contagieux. Malgré cette difficulté supplémentaire, le nombre moyen de contaminations quotidiennes est retombé ces sept derniers jours autour de 5 500, contre pour 10 000 la semaine précédente, « ce qui indique que nous avons maintenant dépassé le pic de la deuxième vague », a annoncé dans la soirée Cyril Ramaphosa dans un discours à la nation. Les admissions dans les hôpitaux ont également baissé, a-t-il souligné, justifiant un allègement dès à présent des restrictions en vigueur, notamment sur la vente d’alcool, la durée du couvre-feu nocturne et les rassemblements religieux.
Le ministre sud-africain de la Santé Zweli Mkhize a annoncé ce week-end avoir réservé 20 millions de doses du vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19. Elles s’ajoutent aux 12 millions de doses obtenues du système Covax mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à une distribution équitable des vaccins, aux neuf millions de doses de celui développé par le laboratoire américain Johnson & Johnson et au 1,5 million de doses d’AstraZeneca/Oxford (dont le million reçu lundi).
L’Afrique a été relativement épargnée par la première vague de la pandémie de coronavirus, mais la hausse du nombre d’infections s’est récemment accélérée. Lundi, le continent recensait 3,6 millions de cas et 91 000 morts. Seuls quelques pays africains – Seychelles, Maurice, le Maroc et l’Algérie, notamment – ont commencé à vacciner la population. À raison de deux doses par personne, l’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60 % de ses environ 1,3 milliard d’habitants, pour un coût estimé à entre 7 et 10 milliards de dollars. L’Union africaine (UA) a obtenu 670 millions de doses pour ses États membres, ont indiqué jeudi les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC, institution de l’UA). Des pays africains doivent également recevoir au moins 600 millions de doses via le système Covax.
Source: lepoint