La mise en place de »Eco », la monnaie unique de la CEDEAO continue d’alimenter le débat dans la sous-région. C’est dans ce cadre que l’activiste d’origine béninoise, Kémi Séba, très connu pour ses prises de position contre le franc CFA, dont il avait publiquement brûlé un billet de 5000 FCFA à Dakar, est monté de nouveau au créneau, à travers une vidéo mise sur Youtube, pour s’attaquer à la démarche adoptée pour cette monnaie unique, notamment le maintien du même système CFA décidé par le récent sommet de l’UEMOA à Abidjan sous l’impulsion de Alassane Ouattara.
Dans ses premiers mots, il dira que » l’heure est grave, car visiblement, le processus de mise en place de Eco, la monnaie unique de la CEDEAO, ne va pas dans le sens de l’autodétermination des peuples ». Il a rappelé que l’idée de la monnaie unique date des années 1960, émise par les pères fondateurs du panafricanisme.
Le processus a connu plusieurs rebondissements, notamment le calendrier a été maintes fois modifié. Initialement prévu pour décembre 2009, elle a été reportée à janvier 2015. Malheureusement, ces échéances n’ont pu être respectées à cause d’un manque de volonté et de rigueur politique de certains Chefs d’Etat africains qui avaient même décidé d’abandonner définitivement le projet, en 2014, pourtant attendu pour 2015.
Selon, l’activiste, il a fallu la réaction de la jeunesse africaine à travers le front anti-CFA, considéré comme une monnaie coloniale, pour que les Chefs d’Etat se sentent obligés de revenir sur ce projet. Mais pour ce projet, dit-il » il y avait deux tendances au sein de la CEDEAO : les pays qui ont leur monnaie nationale, et ceux du CFA (UEMOA), dirigés actuellement par Alassane Dramane Ouattara, soutenu par l’un de ses fidèles amis et co-animateurs de la françafrique, Macky Sall du Sénégal.
Ainsi, lors du sommet de la CEDEAO, il a été décidé que la nouvelle monnaie s’appuiera sur un taux d’échange flexible. Mais il y avait aussi une démarche de respect des critères de convergence lesquels étant un déficit à 3% du PIB. Et c’est là que la Françafrique a été extrêmement stratège, puisqu’elle savait que les pays de l’UEMOA étaient ceux qui se rapprochaient davantage de ces critères de convergence que la plupart des pays ayant leur devise nationale.
La Françafrique a alors parié qu’étant donné que les pays du CFA sont ceux proches de ce taux de convergence, seront les premiers à rentrer dans la monnaie unique. En optant pour une telle démarche, elle se dit que ceux qui seront les premiers à entrer dans Eco seront ceux à déterminer la politique monétaire de l’Etat. Et la stratégie des pays de l’UEMOA n’est pas que l’on fasse disparaitre le CFA. Si nous sommes persécutés par ces dictateurs africains, c’est qu’ils n’ont jamais eu pour vocation d’abandonner le franc CFA au profit de »Eco ».
Quand Alassane Ouattara va rencontrer Emmanuel Macron à Paris, il lui assure que le franc CFA est en bonne santé et que nous aurons un taux de parité fixe encore à l’Euro. Chose que les militants anti-franc CFA ont toujours dénoncée en précisant qu’avec un taux fixe à l’Euro ce sera une monnaie forte pour notre économie, ce qui anéantirait tout processus de compétitivité« . Cependant, l’activiste est convaincu que l’argument de ces chefs d’Etat est que la parité avec l’Euro nous éloigne de l’inflation. Leur objectif est d’élargir la zone UEMOA à tous les autres pays qui ont leur monnaie nationale.
Aussi, dit-il, si Alassane Dramane Ouattara, Macky Sall et les autres dirigeants continuent de cracher sur les africains, nous allons être obligés de regagner la rue, plus fort que jamais.
C’est dans ce sens que notre ONG lance un appelle à la mobilisation internationale contre l’élargissement du CFA aux autres pays de la sous-région pour le 14 septembre. » Le problème de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ce sont leurs chefs d’Etat qui sont là pour l’intérêt de la France. Ce que les élites ne font pas pour les peuples africains, les peuples le feront pour eux-mêmes. … Nous ne sommes pas de ceux qui veulent rejeter l’Eco, mais le simple changement de nom du CFA ne passera pas. Nous allons mener une grande mobilisation dans tous les pays pour qu’il y ait une pression internationale pour faire échec à ce projet « , a-t-il déclaré.
Il a lancé un appel aux autres présidents d’être à l’écoute de leur peuple. » Non à l’élargissement du CFA à d’autres pays de la sous-région. Non à la françafrique« , a-t-il insisté.
YC
Source: l’Indépendant