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La transition au Mali : faut-il espérer cette fois-ci ?

Revoilà une autre transition après celles de 1991 et 2012 depuis l’avènement de la démocratie au Mali.

 

Trois transitions, consécutives à chaque fois à des coups d’état (en moyenne tous les dix ans).  À se demander finalement, si les coups d’état ne font pas partie du décor de notre démocratie tropicalisée.

Une « alternance made in Mali » qui à chaque fois rebat les cartes après très souvent des dérives et autres excès du pouvoir en place et donne à espérer pour un renouveau. Et de renouveau, nous retombons toujours dans les mêmes erreurs, les mêmes travers et c’est l’éternel recommencement. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. Il est grand temps d’ouvrir enfin les yeux ! Apprenons de nos erreurs pour pouvoir avancer dans la bonne direction et éviter ces coups d’arrêt brutaux de notre processus démocratique.

Cette fois-ci, il ne faut surtout pas rater le coche. Cette transition doit permettre au Mali de se relever et d’avancer dignement vers son destin et surtout ne plus retomber.

Il est bien clair qu’une prise de pouvoir au moyen d’un coup de force est condamnable et n’est pas souhaitable en démocratie. Cependant, très souvent ces usurpations de pouvoir, ces ruptures constitutionnelles sont le fait de ceux- là même qui se font « débarquer ». Par leurs excès, leurs errements, leurs égarements, ils contribuent eux-mêmes à leur chute. Et à chaque fois, on crie au scandale pour dire que la démocratie a été laminée l’Etat de droit a subi un coup de canif, la république a été assassinée, la même rengaine.

Comme on dit chez nous « il faut s’en prendre à l’endroit où on a trébuché et non là où on est tombé ». Une chose est claire, tant que nous avons des mauvais dirigeants, à coup sûr, nous aurons toujours des coups d’état en Afrique. À méditer !

Au Mali, le coup d’état de 2020 qui a fait tomber IBK était prévisible tellement la situation de l’époque était délétère. Le seul inconnu, c’était quand ça allait intervenir. Il n’y a peut-être que lui seul et quelques sbires qui croyaient au peu qu’il restait de son pouvoir.

Défié publiquement et frontalement par le M5 RFP durant des mois, IBK a fini par rendre le tablier. Il faut le dire IBK a été déposé par son peuple parce qu’il a lamentablement échoué et s’entêtait malgré tout à s’agripper au pouvoir au moyen d’artifices et autres manœuvres. En somme, une délivrance salvatrice !

Faisons l’impasse sur l’épisode du « coup d’état dans le coup d’état » comme dirait l’autre, qui a déposé Bah N’Daw et Moctar Ouane. Intéressons- nous à l’équipe en place et à la conduite actuelle des affaires du pays par le couple Assimi Goita et Choguel Maiga.

Assimi Goita et Choguel Maiga : un duo de choc pour un Mali debout et fier.

Barack OBAMA disait en 2009 que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ». Tout en relativisant les propos de Mister Président, j’ajouterai humblement que l’Afrique a autant besoin d’institutions fortes que d’hommes forts. D’ailleurs les institutions fortes généralement sont l’œuvre des hommes forts. En Exemple, Paul Kagame au Rwanda, John Jerry Rawlings au Ghana à une certaine époque, Recep Tayyip Erdogan en Turquie, Masisi au Botswana etc. Ces personnalités par leur vision, leur courage, leur engagement se sont révélées au monde.

Nul doute que le leadership est déterminant dans la conduite des affaires publiques. Aujourd’hui, la transition Malienne par ce qu’elle donne à voir commence à séduire. Le scepticisme du début laisse progressivement place à une sorte de confiance, d’espoir que possiblement un autre Mali pouvait voir jour.

Nous avons à la tête de la transition deux hommes au parcours différent.

L’un, Président est militaire. L’autre, Premier ministre est politique. Les deux conduisent ensemble la transition Malienne. À première vue, un couple improbable mais qui au fil du temps séduit, fait des merveilles et surprend agréablement les Maliens.

Le Président est droit dans ses bottes, en bon militaire. Pas trop de discours. Taiseux, un brin énigmatique, Il agit efficacement sans forfanterie, sans chichi. Il a l’air discipliné, sérieux et patriote. Il sait où il va ou du moins dans quelle direction il veut amener le Mali.

Le politique dans l’âme qu’est Choguel Maiga pour ceux qui le connaissent bien est un homme très intelligent, méthodique, travailleur, téméraire. Un homme de conviction qui maitrise parfaitement la gestion de l’Etat. Il est patriote. Un tel couple doit pouvoir normalement réussir.

La posture de la transition actuelle, les actions qu’elle pose au quotidien et la vision qui est la sienne pour une réelle refondation du Mali rassurent et donnent de l’espoir. Si les choses continuent ainsi, nul doute que les difficultés actuelles vont s’estomper progressivement.

Il y a véritablement un travail de fond qui est en train de se faire de façon méthodique et efficace. Le Mali Koura bâtit ses fondations.

Certes, le Mali d’aujourd’hui est dans la nasse à cause de la mauvaise gouvernance du régime défunt. Avec le danger existentiel qui guette la nation malienne dans son ensemble, les patriotes commencent à se réveiller enfin et n’entendent plus laisser le pays entre les mains des gens sans aucune valeur morale, c’est à dire des bons à rien.

Personne ne doit casser cet élan. L’union sacrée doit être de mise et les hommes politiques sont interpellés. L’intérêt supérieur du Mali doit prévaloir et être au-dessus des intérêts partisans.

Le temps imparti pour la transition importe peu dans la situation actuelle. Le plus important et l’urgence du moment, c’est comment sauver le Mali qui se trouve acculé de toutes parts !

Le Mali souffre, les Maliens pataugent. Nous voulons juste des dirigeants soucieux du Mali capables d’apaiser notre souffrance. Et tel semble être le cas aujourd’hui. La transition actuelle est sur la bonne voie, il faut l’aider à persévérer au lieu de se focaliser sur les élections qui du reste sont des mascarades électorales qu’autre chose.

Une autre raison et non des moindres, est l’état d’insécurité généralisée du pays (plus des deux tiers sont déclarés zone rouge.

On parle de démocratie, d’élections lorsqu’on a un Etat, une entité bien stable et stabilisée. Tel n’est pas le cas aujourd’hui. Le Mali a des urgences a réglé avant d’organiser une quelconque élection. Ne nous trompons pas de priorités !

De grâce, laissons la transition travailler. Deux défis majeurs : insécurité, refondation du Mali avec en prime une lutte implacable contre la corruption. Après nous allons parler tranquillement d’élections. Le pays est gangrené par tellement de maux qu’il faut nécessairement, et obligatoirement cette parenthèse, cette pause pour redémarrer dans les meilleures conditions possibles. La transition ne se fera pas trimballer.

Avec beaucoup de courage et de détermination, les autorités s’activent inlassablement sur le plan militaire et diplomatique. Aujourd’hui, malgré notre infortune, l’espoir renaît.

Il y a juste deux ou trois ans, quel dirigeant Malien pouvait tenir les propos tenus par le Premier ministre contre la France ?

Les rares fois que IBK him self a tenté, il fut « gentiment » rappelé à l’ordre par ses amis de la Métropole. Quelques révélations compromettantes ont suffi à le ramollir.

Aucun de ses ministres ne pouvait oser braver la France, au risque de se faire rabattre le caquet ou pire, se faire virer tout simplement. Le cas de l’ex ambassadeur du Mali en France, de surcroît ami de longue date de IBK, Toumany Djimê Diallo, est frais dans nos mémoires.

Le Mali subissait injustement et il fallait se taire. Continuer à caresser dans le sens du poil et surtout accepter son triste sort sans broncher. Quelle couardise !

Aujourd’hui, c’est un autre son de cloche. La diplomatie décomplexée et éclairée des dirigeants actuels donne de l’espoir. Le Père de l’indépendance Modibo Keita pour une des rares fois a dû profiter du repos du juste. Cette intervention de Choguel a redonné au Malien sa fierté d’antan, a ressuscité l’espoir qu’un autre Mali est possible.

Quand on a la vérité avec soi, on ne peut pas avoir peur. On ne doit pas avoir peur. Et c’est ce que le Premier ministre a démontré. Choguel a été le porte-parole des millions de Maliens. Les Maliens se reconnaissent à 100% dans ses propos.

C’est un secret de polichinelle que la France manœuvre au Mali et ne veut pas que cela soit dit. Désormais, les dirigeants actuels Maliens ont décidé que rien ne sera plus comme avant. Si le régime défunt était dans les compromissions, la peur, le manque de vision, la trahison, l’actuelle transition a décidé de s’assumer.

Un autre fait anecdotique, le tollé soulevé par la révélation sur l’arrivée probable du groupe Wagner au Mali. A ce niveau aussi, les autorités maliennes ont démontré leur bravoure, leur volonté de s’affranchir de toutes tutelles humiliantes et improductives.  Ils l’ont fait savoir publiquement sans baisser le froc.

Pour certains, notamment la communauté internationale avec son bras armé, la CEDEAO, l’équipe de la transition est illégitime et doit partir au plus vite. Pour d’autres, dont des millions de maliens, avec ces multiples échecs de la classe dirigeante, l’heure est à un changement de paradigme quant à notre processus démocratique et mieux, une refonte institutionnelle pour un nouveau Mali.

Aujourd’hui la situation du Mali appelle à un véritable sursaut national. Les fils du pays doivent se donner la main, aller dans la même direction pour l’intérêt supérieur de la nation. Cette transition donne de l’espoir. Elle doit rester le temps qu’il faut pour remettre le Mali sur pied. Point barre !

Chers concitoyens, concentrons-nous sur l’essentiel. Et l’essentiel aujourd’hui, c’est la réussite de l’actuelle transition. Les élucubrations et autres embrouillaminis d’où qu’ils viennent ne doivent point nous distraire.

Makan Diallo

Docteur en Droit Privé.

Avocat inscrit aux Barreaux du Mali et de Paris.

Chargé de cours à l’UCAO.

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