Cette attitude belliqueuse de la France prouve qu’elle n’a pas tiré de leçon du chaos libyen dont elle est la principale responsable. En effet, c’est Paris, en l’occurrence Nicolas Sarkozy en 2011, qui a déclenché le chaos libyen. En allant bien au-delà de la résolution de l’ONU sur le sujet avec une intervention militaire visant à liquider Kadhafi sans avoir préparé l’après.
En effet, la résolution de l’ONU précisait en son paragraphe 4 qu’il « autorise les Etats membres qui ont adressé au secrétaire général une notification à cet effet, et agissent à titre national ou d’arrangements internationaux et en coopération avec le secrétaire, à prendre toutes mesures nécessaires (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaques en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi ».
Nicolas Sarkozy et l’OTAN se sont affranchis de la partie du texte qui exclut « le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen ». Ils ont alors parachuté des armes à certaines milices qui combattaient Kadhafi.
On connaît la suite : un pays qui a sombré dans le chaos, toujours sans pouvoir politique national, en quête de sécurité et de stabilité politique, en proie à la division et aux tensions claniques et tribales. Pour les pays du Sahel, la Libye n’est pas seulement une sorte de marché ouvert pour les djihadistes qui viennent s’y approvisionner en armes, munitions et autres engins de mort à volonté. C’est aussi leur sanctuaire, la base arrière d’où sont planifiées les attaques terroristes. Sarkozy et l’OTAN ont aussi, faute d’avoir articulé leur intervention militaire à un volet politique, plongé la Libye dans le chaos qui profite aujourd’hui à des groupes djihadistes (Chabab, Boko Haram, AQMI, Mujao).
Une situation interne qui a des répercussions directes sur l’environnement régional, puisque l’éparpillement des armes de l’ex-armée loyaliste et l’ancrage de foyers djihadistes constituent autant de sources de déstabilisation pour les voisins maghrébins, Mali, Burkina ? Niger etc plongeant ainsi tout le sahel dans le chaos.
Sarkozy ainsi que l’OTAN ont donc une responsabilité i dans la persistance de la menace terroriste en Afrique orientale, centrale et au Sahel.
Et l’actuel locataire de l’Elysée en poussant pour une intervention armé semble suivre les traces de son prédécesseur. Il compte s’appuyer sur la CEDEAO pour arriver à ses desseins. Macron est enfermé dans la même logique, les mêmes calculs que Nicolas Sarkozy. En tenant coute que coute à une intervention militaire au Niger, Emmanuel Macron n’est pas bien inspiré, il manque de vision et de clairvoyance. Son entement risque de plonger encore d’avantage le Sahel dans un chaos irréversible.
Dès lors, les dirigeants de la CEDEAO doivent savoir qu’ils n’ont pas l’accord de la majorité des Africains pour intervenir militairement au Niger et que le peuple du Niger dans sa majorité soutient le CNSP. Qu’ils nous épargnent un autre bain de sang et une déstabilisation à la libyenne dont le Niger n’a pas besoin. Ce sont les mêmes (France, Etats-Unis, OTAN) qui avaient détruit la Libye (sans l’accord des Africains), qui sont aujourd’hui en flèche pour détruire le Niger. Après le désastre libyen, les Africains refusent que le Niger soit le prochain sur cette liste.
Mémé Sanogo