Plutôt que de protéger la population, l’armée française est impliquée dans le massacre de civils au Mali ainsi que dans la région du Sahel en général, au grand désarroi des populations et des observateurs qui expriment leurs inquiétudes. Depuis 2014, les forces militaires françaises sont déployées au Mali sous le couvert de l’opération Barkhane pour lutter contre les groupes armés au Sahel. Il y a 5 100 soldats français dans la région.
Cependant, leur présence n’est pas bien accueillie par tous les Maliens, surtout après les récents massacres de plusieurs civils lors de frappes aériennes des forces de Barkhane. Dans cette opération, une centaine de civils ont été tués. En septembre dernier, un civil à Gao a été tué par un soldat français, qualifié d ‘«accidentel» par l’armée française. Le 23 octobre 2017, 11 soldats maliens détenus par un groupe terroriste ont perdu la vie lors d’une opération antiterroriste menée par les forces de Barkhane.
Le 6 janvier 2021, les forces ont été accusées d’avoir arrêté et interrogé un responsable de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe les mouvements armés du nord du Mali. L’armée française a également pillé la maison de sa famille à Ménaka, une région du nord du Mali.
Dans un communiqué partagé avec l’Agence Anadolu (AA), la CMA a indiqué que son responsable avait été arrêté dans la nuit du 3 au 4 janvier 2021.
« Les forces françaises ont encerclé le domicile de M. Halatassane Ag Rhissa, un membre notable de l’Autorité Municipale Intérimaire de Tidermene », détaille la note.
Selon la CMA, cet acte est une «énième humiliation visant des personnalités respectées de tous». Le groupe a également appelé à la libération et à une « réparation morale » d’Halatassane tout en exhortant les forces internationales maliennes « à faire preuve de plus de retenue et de discernement afin de ne pas mal identifier les ennemis et les objectifs ».
En juillet 2020, dans un article publié sur le site A contre, l’auteur Guillaume Davranche a énuméré cinq raisons pour lesquelles la France quitte le Sahel – elle y mène une guerre sans fin, retardant une solution politique, aggravant la situation, renforçant un système pénal et son intervention est «impérialiste».
Depuis l’époque de la colonisation, l’aide militaire française a toujours été controversée en Afrique. Même si les faits sont parfois niés par la France, elle s’est retrouvée impliquée dans des génocides en Afrique – comme les génocides rwandais et celui des Bamiléké au Cameroun. Tout cela s’est passé sous le couvert d’une opération militaire, comme celle menée au Sahel. Les exemples décriés sont légion.
Une analyse publiée en juin dans la revue Alternative Libertarian a également rapporté que la routine meurtrière de Barkhane alimente un désir de vengeance. Et cette volonté va progresser avec des victimes «collatérales» croissantes car en décembre 2019, Barkhane a armé ses drones de missiles. L’auteur de l’analyse a également averti qu’une lutte anticoloniale contre les croisés «pourrait motiver les jeunes à rejoindre les rangs terroristes».
Ainsi, pour lui, la France «se présente comme un sauveur» et pourtant ce pays «ne sauve pas la population et ne réduit pas la violence. Il ne sauve que les mines d’uranium et son statut d’État suzerain face aux gouvernements vassalisés. » Il a ajouté que cette présence militaire en Afrique de l’Ouest « parfois sous le règne de fer de dictateurs diabolisés, supprime la possibilité de négociations de paix et, globalement, prolonge et aggrave une guerre sans fin ».
Comme lui, plusieurs observateurs n’apprécient pas la présence de telles forces au Mali et dans d’autres pays sahéliens car elle « ne contribue pas à la stabilité politique et économique », a déclaré le juge Simango, un analyste politique, à AA. Pour Cisse Diop, expert en sécurité, l’armée française cherche à protéger ses propres intérêts sous prétexte d’aider les gens.
Le ministre de la Défense du pays a déclaré lundi que la France reconsidérerait sa stratégie militaire dans la région du Sahel et réduirait probablement le nombre de troupes déployées.
« Nous devrons très probablement ajuster ce dispositif: un renfort par définition est temporaire », a déclaré Florence Parly au quotidien Le Parisien dans une interview répondant à une question sur les 600 soldats supplémentaires amenés pour renforcer les 4500 soldats de Barkhane l’année dernière. Une décision sera prise lors du prochain sommet conjoint de la France et du G-5 Sahel, la force antiterroriste régionale ouest-africaine, qui comprend le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Le sommet se tiendra en février à N’Djamena, la capitale du Tchad, par le président français Emmanuel Macron et les chefs des armées, a-t-elle précisé.
Selon de nombreuses sources militaires, la France se prépare à retirer plusieurs centaines de soldats de son contingent actuel de 5 100 hommes. Cette décision le ramènerait au niveau où il était avant le pic d’activité en janvier de l’année dernière, lorsque l’augmentation des attaques a conduit à une augmentation de la présence des troupes françaises.
Au-delà de l’opération Barkhane, la France est un acteur majeur de la Task Force Takuba, lancée en mars dernier en collaboration avec des alliés européens et composée de forces spéciales européennes. Il complétera les actions menées dans le cadre de l’opération Barkhane au profit des forces armées maliennes. La Task Force Takuba est une task force militaire européenne qui conseillera, assistera et accompagnera les forces armées de Malia en coordination avec les partenaires du G5-Sahel et d’autres acteurs internationaux sur le terrain.
De nombreux groupes armés sont actifs dans la zone sahélienne, qui s’étend de la côte atlantique au sud du Sahara jusqu’à la mer Rouge, et certains des groupes se sont engagés à soutenir Daech et al-Qaida. Le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Nigéria, en particulier, ont subi des attaques ces derniers mois.
Source: laminute